Les pandas de Pairi Daiza coûtent cher, mais rapportent gros

© getty

Cela fait dix ans que les pandas géants ont débarqué à Pairi Daiza. Si à l’époque leur arrivée avait provoqué quelques remous, les deux animaux ont finalement été une bénédiction pour l’image du parc animalier.

Voici dix ans, le 23 février 2014, la Belgique accueillait avec un certain enthousiasme Hao Hao et Xing Hui, deux pandas géants. Les ursidés étaient destinés à vivre une quinzaine d’années au sein du parc animalier Pairi Daiza. Si aujourd’hui Hao Hao (“gentille” en français) et Xing Hui (“étoile scintillante”) sont indissociables de Pairi Daiza, l’arrivée des deux pandas géants ne s’est pas faite sans mal.

Son directeur Eric Domb a dû négocier durant près d’un an avec la China Wildlife Conservation Association (CWCA), l’organisation chinoise chargée du programme de sauvegarde et de reproduction des espèces menacées. Pour satisfaire les besoins de ces animaux solitaires, il était indispensable de construire un espace spécifique, proche de leur environnement naturel, et de proposer des soins adaptés. Pour pouvoir emprunter ses animaux à la Chine, Eric Domb, fondateur et PDG de Pairi Daiza, va investir un peu plus de 8 millions d’euros pour construire un nouvel habitat climatisé et débourser un million d’euros par an (plus un million supplémentaire pour l’assurance) durant les quinze années de « location ». Car les animaux ne sont pas vendus, mais bien loués. Ils font partie d’un programme d’échange pour assurer la survie de l’espèce.

Le parc obtiendra finalement l’accord et un mois après leur arrivée, ils auront même la visite du président chinois Xi Jinping et du roi Philippe. L’affaire va néanmoins provoquer quelques remous politiques. L’accord a en partie été conclu par l’ancien Premier ministre Elio Di Rupo (PS) et va immédiatement susciter de vives critiques en Flandre. Pour certain, Di Rupo aurait favorisé le parc animalier wallon au détriment du zoo d’Anvers. La controverse était telle qu’elle fera craindre à Domb une baisse de la fréquentation flamande.

Quel est l’effet réel de la pandamania ?

Dix ans plus tard, force est de constater qu’il n’en est rien. Chaque euro investi dans les pandas a été rentabilisé. En 2023, 2,3 millions de personnes ont visité le parc. C’est environ 1,1 million de plus qu’avant la venue des pandas. Les bénéfices aussi ont explosé. Ainsi le parc a réalisé un chiffre d’affaires de 105 millions d’euros pour l’exercice 2022-2023, contre 31,7 millions d’euros en 2013. Mais pour Domb attribuer cette progression au seul panda serait trop simpliste. Malgré leur popularité, les pandas de Pairi Daiza n’ont pas pour autant provoqué un afflux soudain de visiteurs, précise le parc. L’affluence se veut en croissance régulière, “car le public vient aussi pour voir les autres espèces, comme les éléphants, les oiseaux, les ours”.  L’effet panda n’est donc pas forcément à chercher dans une hausse des brutales des fréquentations, mais il a sans conteste forgé la réputation du parc à l’international. Tout comme l’attribution de trois étoiles au Michelin.

Pour Domb, qui célèbre cette année le trentième anniversaire de son parc, c’est surtout une question d’investissements. “C’est parce que nous continuons à investir que la fréquentation et les résultats s’améliorent » précise-t-il dans le Standaard. Et les investissements sont massifs puisqu’entre février 2022 et janvier 2023, le parc a investi près de 50 millions d’euros pour financer, en autre, les travaux de la future plus grande serre du monde “Sanctuary”, dont l’ouverture est prévue pour 2025. Sur plus de 4 hectares et 20 mètres de haut, elle veut répliquer l’environnement de la ceinture équatoriale.

Trois pandas sur le départ

Tous ces projets confortent le PDG Eric Domb dans le fait qu’il ne doit pas craindre une perte importante suite au départ de trois des cinq pandas en Chine. Il n’a de toute façon pas le choix. L’obtention des animaux était en effet assorti de la condition de rapatrier en Chine leurs progénitures après leur quatrième anniversaire. Le couple ayant donné naissance à trois petits, ils quitteront le Hainaut pour la Chine cet automne. Tian Bao, ou “trésor du ciel”, Bao Di (petit frère de Tian Bao) et Bao Mei (petite sœur de Tian Bao) iront donc se reproduire et vivre sous d’autres cieux. Le parc n’espérait pas les garder aussi longtemps, mais la pandémie a reporté leur départ.

Si la naissance en 2016 du premier bébé panda avait relancé la pandamania, cela a aussi engendré de nouveaux coûts puisque le parc devait contractuellement verser 600 000 euros par an et par animal “pour la location” à la Chine. Une broutille, par rapport aux retombées pour Pairi Daiza. Le parc pouvant désormais, et pour quelques mois encore, se proclamer comme le zoo possédant le plus grand nombre de pandas géants en dehors de la Chine. 

Hao Hao et Xing Hui resteront pour leur part jusqu’en 2029, au moins, à Pairi Daiza, comme le veut la convention avec la CWCA. Le parc animalier espère que d’autres pandas pourront naître d’ici cette date. En attendant, pour voir la famille actuelle au complet, il ne vous reste que jusqu’à l’automne.

Les jeunes pandas ne seront pas remis à l’état sauvage dès leur arrivée sur leurs terres d’origine. L’objectif à terme sera cependant bien de réintroduire un nombre conséquent de ces animaux dans leur milieu naturel. Ainsi, alors que l’on comptait 1.200 pandas géants dans la nature dans les années 80, ils sont aujourd’hui 1.864 à l’état sauvage, confirmant la réussite du programme international de conservation de l’espèce. Pairi Daiza contribue également à ce programme avec le financement de projets de recherche sur la production des pandas géants ainsi que la création d’une réserve naturelle de plus de 27.000 kilomètres carrés sur les provinces chinoises du Gangsu, Shaanxi et Sichuan.

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