Fermer les marchés financiers? “Ce n’est pas la fin du monde”

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Face au coronavirus, les bourses mondiales paniquent. Leur fermeture totale est évoquée. Mais qu’est-ce que ça veut dire, concrètement? Est-ce une bonne solution? Et quels impacts pour nos entreprises? Nous avons posé quatre questions à Étienne de Callataÿ, économiste belge et Chief Economist d’Orcadia Asset Management.

On évoque de plus en plus la possibilité de fermer les marchés les financiers. Concrètement, qu’est-ce que ça signifie ?

Le monde n’a pas besoin de marchés financiers qui fonctionnent en continu. On peut le faire. Ce n’est pas la fin du monde. C’est même une mesure relativement simple, qui peut être adoptée rapidement, qui n’aurait pas de dommages très importants. Mais il y en a quand même. Un exemple : vous aviez prévu de donner un coup de pouce à votre enfant pour acheter une maison. Pour cette aide financière, vous comptiez vendre des actions dont vous êtes détenteurs. Si les marchés financiers sont fermés, vous n’aurez pas la possibilité de vendre. Donc fermer les marchés financiers, ça peut poser un problème de ce type-là, par exemple. Une perte de liquidités.

En regard de la crise avec le coronavirus, est-ce une bonne solution, à court ou long terme ?

C’est tout à fait envisageable. Mais ce n’est pas une ‘solution’. C’est en fait relativement anecdotique. Le fait que la bourse baisse fortement ne devrait pas voir de grandes conséquences économiques. Parce que la bourse amplifie, tant à la hausse qu’à la baisse. Elle s’emballe rapidement. Les actions peuvent brutalement valoir beaucoup d’argent sans qu’il y ait d’effondrement. De même, la bourse peut s’affoler et baisser beaucoup trop. Si on garde ça à l’esprit, on ne doit pas paniquer parce que la bourse baisse. Il ne faut pas se dire ‘En bourse, les gens savent des choses que moi, citoyen lambda, je ne sais pas encore. Si la bourse baisse, c’est que ça va très mal, et donc mon moral est plombé parce que j’entends que la bourse est fermée’. Se dire ça, c’est ça, le drame d’aujourd’hui. En plus du coronavirus, les gens voient la bourse baisser et se disent ‘c’est que ça va mal’. Mais c’est faux : ça ne va pas mal parce que la bourse baisse, parce que la bourse peut très bien baisser indépendamment du fait que ça aille bien ou mal.

Fermer les marchés aurait-il une implication directe sur les entreprises ?

Pas directement. Beaucoup d’entreprises ne sont pas concernées par la bourse. Mais ça peut avoir des répercussions comme, par exemple, ne pas pouvoir lancer d’OPA, faire des fusions d’entreprises cotées en bourse, etc. Mais on peut très bien s’en passer pendant un ou deux mois. Là où il y a un problème, par contre, c’est pour la difficulté de récupérer de l’argent liquide, au départ des actions dont on est détenteur.

Et pour le monde de la finance ?

L’impact serait clair. Tous les gens qui vivent de ces transactions financières se retrouveraient évidemment au chômage technique. Mais ça n’aurait pas un impact systémique.

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