Et si la pilule amaigrissante était le prochain médicament miracle ?
La ruée sur l’Ozempic et le Wegovy a donné des idées à l’industrie pharmaceutique. Les géants du secteur n’ont plus qu’un objectif en tête : être le premier à commercialiser la pilule amaigrissante. Car la demande est là, et les milliards de bénéfices sont à portée de mains.
L’obésité pourrait bien devenir l’eldorado des entreprises pharmaceutiques. Les nouveaux médicaments contre l’obésité fleurissent partout en Europe et aux États-Unis et font la santé des entreprises pharmaceutiques qui les produisent. Dépassés par le succès, les industriels peinent même à suivre la forte demande. Et ce sera encore le cas dans les mois à venir.
Un problème mondial
L’obésité touche aujourd’hui plus de deux milliards de personnes dans le monde. En Belgique, près d’un adulte sur deux présente un indice de masse corporelle (IMC, ou BMI en anglais) au-dessus de 25 et se retrouve donc en surpoids – dont 15,9% peuvent être qualifiés d’obèses. Et si la prévention et la prise en charge médicale ne s’améliorent pas, la Fédération mondiale de l’obésité prévoit que d’ici 2035, plus de la moitié de la population sera obèse. L’avènement de médicament efficace contre ce fléau est donc un bouleversement prometteur pour les patients, mais aussi l’économie. L’obésité n’est pas que mauvaise pour la santé, c’est tout aussi dévastateur pour l’économie. L’impact économique mondial pourrait dépasser 4.000 milliards de dollars par an en 2035, contre près de 2.000 milliards en 2020.
Mais si l’obésité peut coûter (très) cher à certains pays, elle peut aussi leur rapporter gros. Au Danemark, par exemple, depuis la commercialisation des médicaments anti-obésité Ozempic et son dérivé Wegovy, produits par Novo Nordisk, c’est toute l’économie qui en profite. La valeur de l’entreprise a même dépassé le PIB danois et Novo Nordisk est aujourd’hui la première valeur boursière pharmaceutique mondiale. Pas plus tard que la semaine dernière, elle a même dépassé pour la première fois les 600 milliards de dollars en bourse. C’est mieux que Tesla d’Elon Musk et LVMH.
C’est aussi une aubaine pour les entreprises pharmaceutiques qui s’y sont engouffrées. Elles sont certes nombreuses à proposer ce type de médicaments – et depuis des années déjà – mais deux acteurs, aujourd’hui, se partagent le plus gros du gâteau: le danois Novo Nordisk et l’américain Eli Lilly. L’un et l’autre produisant respectivement l’Ozempic et le Mounjaro, deux médicaments destinés aux diabétiques et étendus aux personnes souffrant d’obésité.
Deux médicaments au succès fulgurant, mais qui demandent une injection hebdomadaire et qui coûtent très chers. Le tout pour une perte de poids qui se situe entre 15 à 20% et pour lequel la question du remboursement reste délicate, tant la prise de poids souffre encore de clichés. D’autant plus que le traitement doit être poursuivi à vie sous peine de reprendre tous ses kilos.
À la recherche de la pilule miracle
Pour contourner cet écueil, la solution est donc d’offrir un traitement moins coûteux sous forme de simple pilule. C’est avec cette idée que l’industrie pharmaceutique s’est lancée avec avidité dans la course à la première pilule amaigrissante. Elle offre le double avantage d’être moins chère à produire (plus de processus fastidieux autour des aiguilles stériles) et plus facile à utiliser (et à stocker).
Cette fois encore il semble que le géant pharmaceutique danois Novo Nordisk ait une longueur d’avance sur ses concurrents. Il vient d’annoncer les résultats de l’amycrétine, sa nouvelle pilule amaigrissante expérimentale. Les patients auraient lors des tests perdu en moyenne 13,1 % de leur poids au cours des 12 premières semaines. C’est plus du double de la perte de poids de 6 % après une prise de Wegovy sur la même période. C’est aussi mieux que ce qu’a annoncé son rival Ely Lilly avec l’orfoglipron. On notera cependant que l’amycrétine ne fonctionne que partiellement comme les injections comme l’Ozempic. Pour rappel, ces dernières se basent sur la « révolution GLP-1 » (une hormone que nos intestins sécrètent naturellement). Or la nouvelle pilule cible aussi l’hormone appelée amyline qui elle aussi tempère la sensation de faim. Cette différence fait que cela va demander encore de nombreux tests et qu’il faudra attendre encore quelques années avant que cette pilule ne soit disponible en pharmacie. Les prévisions les plus optimistes parlent de la fin de cette décennie.
Un océan bleu à plusieurs milliards
Pas de quoi cependant refroidir les ardeurs des investisseurs et de l’industrie qui rêvent tous deux déjà aux milliards qui pourraient être engrangés. Selon les dernières estimations, ces produits contre l’obésité pourraient rapporter près de 90 milliards de dollars de recettes annuelles d’ici à 2030. Mais les deux géants Novo Nordisk et Eli Lilly ne sont plus les seuls en piste. Car le domaine de l’obésité est ce qu’on appelle en pharmacologie un « océan bleu ». Soit un espace vierge où beaucoup est possible et sans trop de concurrence. Selon Bloomberg, plus de 70 sociétés pharmaceutiques dans le monde (dont Pfizer et Astra Zeneca) testent de nouveaux médicaments potentiels pour la perte de poids.
Au total ce serait près de 100 essais cliniques qui seraient en cours. Beaucoup tentent de nouvelles pistes pour éviter de se retrouver bloqué par des brevets. Tous espèrent trouver le médicament moins cher, avec moins d’effets secondaires et de contraintes. Ainsi la société américaine Amgen travaille sur une pilule amaigrissante qui aurait un effet plus durable et que l’on devrait donc prendre moins souvent.
L’obésité en Belgique
– 33% d’adultes obèses en 2035.
– 1,8% Augmentation annuelle d’adultes obèses entre 2020 et 2035.
– 1,2% Augmentation annuelle d’enfants obèses entre 2020 et 2035
– 2% Impact du surpoids sur le PIB national en 2035.]
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