Est-ce intéressant pour un locataire de placer des panneaux solaires “plug and play” ?
Certaines personnes envisagent d’équiper le bien qu’il loue de panneaux solaires pour adoucir leur facture d’énergie et se rendre plus autonomes dans leur production énergétique. Il existe sur le marché ce qu’on appelle des panneaux photovoltaïques “plug-and-play”. Cette solution est-elle intéressante pour contrer l’explosion des prix de l’énergie ? On fait le point.
Les stations solaires dites “plug and play” sont disponibles en ligne. Elles se placent sans l’aide d’un installateur sur un toit, contre un mur, ou bien encore, accroché à un balcon. On les connecte ensuite facilement au circuit électrique via une simple prise de courant.
Avec ce type de station solaire “tout-en-un” équipée d’un mini onduleur intégré, le courant solaire est injecté dans le circuit du bâtiment sans passer par un appareillage de contrôle spécial ni par un compteur (comme c’est le cas pour une installation plus puissante). Cette énergie renouvelable peut alors alimenter les appareils électriques et électroniques d’une maison: frigo, routeur, chargeur de batteries, etc. On ne vise donc pas ici une grosse production d’énergie.
L’un des leaders du secteur en France, Sunology, propose des stations produisant de 420 À 670KWH par an et par panneau. Le fabricant avance que cela permet, en France, de compenser l’équivalent de la consommation d’un an des appareils suivant: 10 ampoules LED (100kWh), 1 box internet (95kWh), 1 réfrigérateur A+++ (140kWh), 1 lave-linge (135kWh), 1 PC portable (50kWh), ou encore, 1 télévision LED (30kWh). Le prix d’achat moyen pour une installation solaire de 400 Wc est d’un peu moins de 800 euros (frais de livraison en Belgique non inclus).
Vu que les installateurs de panneaux solaires sont débordés et que le délai d’attente est très long actuellement, ce type d’installations a l’avantage d’être opérationnel rapidement et sans trop de compétences techniques. Est-ce une bonne idée d’investir dans ces kits solaires dans le contexte actuel de la flambée des prix de l’énergie ?
“Une production d’électricité limitée pour un coût élevé”
Selon Sunology, le modèle d’entrée de gamme de la station solaire, qui se compose d’un panneau, produirait 420 à 670 kWh par an. “Cependant, avec une puissance de 400 W, on ne peut atteindre dans notre pays que 380 kWh par an “, a analysé Test Achats sur son site.
“Cela correspond à peine à 11% des besoins annuels d’une famille belge moyenne, poursuit l’asbl de défense des consommateurs. À un tarif de 0,35 € par kWh et en supposant que vous utilisiez immédiatement toute l’électricité produite, le panneau vous ferait économiser 140 euros par an.“
“Si nous calculons le prix par kilowatt crête (kWc), nous arrivons à 1 870 euros par kWc. C’est environ un tiers de plus que le prix moyen que les installateurs classiques facturent actuellement (environ 1 400 euros par kWc)”. L’installation ne semble donc pas intéressante financièrement.
Désavantages
Les panneaux “plug and play” présentent d’autres désavantages. L’un de taille et plutôt important à prendre en compte avant d’investir dans ce type d’installation est qu’elle ne respecte pas à la lettre la législation en vigueur en Belgique.
Comme l’explique Test Achats, il existe des règles pour ce que l’on appelle les “installations de production décentralisées fonctionnant en parallèle avec le réseau de distribution”. Elles stipulent que le panneau doit être relié à un câble fixe. Il est donc interdit de les connecter simplement avec une fiche sur une prise de courant, comme c’est le cas pour les “plug and play”.
“Le Règlement général sur les Installations électriques (RGIE) n’interdit pas de connecter ce type de panneaux solaires “plug and play”, nous explique Etienne Mignolet, le porte-parole du SFP Economie. Il poursuit: “Ce sont les gestionnaires de réseaux de distribution qui exigent que les panneaux solaires soient enregistrés et qui demandent un rapport positif du contrôle de conformité de l’installation de panneaux solaires pour cet enregistrement. Ils prévoient ces exigences pour surveiller et estimer correctement la charge sur leur réseau.”
Un responsable de Synergrid confirme à un de nos lecteurs qui s’offusque de cette interdiction : “La prescription technique C10/11 valable en Belgique interdit l’utilisation d’onduleurs avec une prise domestique. Seuls les appareils avec une connexion fixe peuvent être homologués et installés en Belgique”. (Voir le texte de loi / point 7.1 Raccordement)
Pas de rétribution
Test Achats pointe un autre inconvénient. “Vous ne pourrez pas compter sur un paiement pour l’électricité que vous injecteriez sur le réseau. Il n’y a donc pas de compensation pour le rachat d’électricité (environ 0,20 € en avril à Bruxelles ou en Flandre) et pas de certificats verts à Bruxelles (environ 200 € par 1000 kWh générés). Si vous avez encore un compteur analogique, il tournera bien à l’envers.“
“En bref, cet appareil est plus cher, offre beaucoup moins de possibilités de rendement financier et, selon les règles actuelles, vous ne pouvez pas simplement le brancher avec une prise. À cet égard, il est préférable d’investir dans une installation complète réalisée par un installateur”, conclut Test Achats.
Avec l’accord du propriétaire
Une autre question légale se pose aussi: faut-il demander l’accord de son propriétaire pour installer ce type de panneau solaire ? “Le locataire doit évidemment obtenir l’accord du propriétaire, discuter et négocier avec lui des répercussions de cet investissement“, explique Marianne Palamides, juriste au Syndicat National des Propriétaires et Copropriétaires, au journal L’Echo.
“Car si, dans un premier temps, c’est évidemment le locataire qui en bénéficiera, il convient de trouver un accord sur la contribution du propriétaire (réduction, amortissement) lors de son départ”, poursuit-elle. En fin de contrat et sans convention, le propriétaire pourrait aussi demander au locataire d’enlever le kit solaire et de remettre le bien dans son état initial.
Vous avez repéré une erreur ou disposez de plus d’infos? Signalez-le ici