Easi a doublé de taille et veut encore grandir

JEAN- FRANCOIS HERREMANS ET THOMAS VAN EECKHOUT, CO-CEO d’EASI

Le groupe informatique brabançon compte aujourd’hui 500 personnes et se dirige progressivement vers un chiffre d’affaires de 100 millions. C’est deux fois plus qu’il y a quatre ans. Voici comment Easi s’y est pris. Et comment la firme compte encore croître.

Ils l’avaient dit. Voilà qui est fait. Et même plus tôt que prévu. En 2019, Salvatore Curaba, l’emblématique boss et fondateur de groupe informatique Easi, avait fait un pas de côté pour laisser son poste de CEO à un duo de jeunes ambitieux issus de la direction : Jean-­François Herremans et Thomas Van Eeckhout. Dès leur arrivée, les deux nouveaux patrons avaient témoigné de leurs ambitions de croissance. Easi comptait à l’époque 250 personnes et générait un chiffre d’affaires de 50 millions d’euros, essentiellement sur le territoire belge et dans le domaine de la comptabilité avec son logiciel Adfinity. Lors de son entrée en fonction comme CEO, le duo a exprimé son intention de multiplier par deux ces chiffres à l’horizon 2025.

Mais force est de constater que la firme informatique y est d’ores et déjà (quasi) parvenue. Aujourd’hui, Easi revendique 500 employés répartis sur plusieurs marchés (Belgique, Luxembourg, Pays-Bas) et pas moins de 85 millions d’euros de chiffre d’affaires attendu pour 2023.

Doubler de taille en quatre années à peine. Belle réussite rendue permise par un plan de développement clair mis en place par les deux jeunes patrons à leur arrivée. Cette stratégie de croissance s’est basée sur plusieurs piliers. Le premier a été de renforcer l’existant, à savoir le logiciel comptable qui pouvait séduire plus de clients. Adfinity, le logiciel de comptabilité, de gestion financière et commerciale, constitue l’un des plus gros business d’Easi et son produit historique. Près de la moitié de la société y est consacrée, mais ce pôle continue de croître d’une dizaine de pour cent par an. Des clients comme Ava, l’Union belge de foot ou les cuisines Dovy utiliseraient Adfinity qui s’adresse à de grosses PME. “Nous touchons essentiellement le upper middle-market, détaille Jean-François Herremans, CEO d’Easi. Notre solution s’adresse surtout à des sociétés de 150 personnes et plus. Nous allons toujours chercher de plus gros clients, comme des hôpitaux et des organismes publics. ” Ce essentiellement en Belgique pour le moment – surtout en Wallonie et à Bruxelles, bien que la firme mette, depuis pas mal d’années maintenant, un focus sur la Flandre pour y trouver de la croissance.

Diversification porteuse

Le second pilier ? La diversification. Easi s’est en effet désormais étendue à quatre autres domaines. La sécurité informatique tout d’abord, un créneau en plein essor alors que la cybercriminalité explose et est amenée à croître avec les développements de l’intelligence artificielle et la professionnalisation des hackers. Le domaine de la data, toujours en pleine explosion aujourd’hui avec la généralisation du numérique dans les entreprises, à tous les niveaux des opérations. Les technologies Microsoft qui se développent au gré des besoins de collaboration et de télétravail, notamment. Ainsi que des services autour du logiciel Salesforce. “Ces quatre domaines d’activités sont tout à fait dans l’actualité, insiste le patron d’Easi, et nous enregistrons de nombreuses demandes des entreprises sur ces créneaux. Pour notre entreprise, ils constituent des pôles importants de croissance. Nous comptons 80 personnes actives sur ces quatre activités et allons passer à 200 membres du personnel. ”

En développant ces domaines d’expertise, essentiellement en mode consultance, Easi s’assure, sur ces activités, une belle croissance de l’ordre de 25% par an.

Easi, qui mise sur des acquisitions de PME, a réalisé neuf acquisitions ces six dernières années.

Cela se fait tout à la fois en dopant ces services en Belgique auprès de ses clients existants et en décrochant de nouveaux contrats. Mais pour se renforcer sur ces créneaux prometteurs, Easi mise aussi sur le rachat de PME. Le groupe brabançon a d’ailleurs réalisé pas moins de neuf acquisitions ces six dernières années. Toutes des entreprises de taille modeste rachetées “entre 1 et 10 millions d’euros ” , se contente de préciser Jean-­François Herremans qui reste discret sur le prix de chaque acqui­sition. La dernière en date concerne Kozalys, société luxembourgeoise d’une douzaine de personnes active dans la data au Grand-Duché.

Si cette acquisition n’est peut-être pas la plus grosse, elle reflète bien la stratégie de croissance externe du groupe Easi. Il avance, en effet, par opportunités en capitalisant sur les nouveaux créneaux dans lesquels il veut se renforcer. Mais aussi sur les quelques marchés dans lesquels il est présent. Kozalys, par exemple, coche plusieurs cases. D’abord, la firme est active dans la donnée, un créneau pour lequel Easi n’est pas connu au Luxembourg. Cela lui permettra, à la fois, d’affirmer ses services de consultance en data au Grand-Duché, mais aussi de donner de la visibilité à Spoom, son logiciel maison permettant aux entreprises une meilleure gestion de leurs données éparpillées.

Par ailleurs, Kozalys dispose d’un portefeuille clients composé de cibles qui intéressent Easi, dont le secteur public. Un marché que le groupe connaît bien en Belgique mais moins chez nos voisins luxembourgeois. Enfin, comme toute acquisition, la reprise de cette PME permet à Easi d’aller plus vite, notamment en “trouvant plus rapidement les bons profils dans un contexte réel de guerre de talents “, précise le CEO d’Easi.

Pas vraiment d’international

Reste que Jean-François Herremans se veut clair : si le Luxembourg occupe une place de choix sur son plan de développement au même titre que les Pays-Bas, il sera prudent sur l’international. Des tentatives infructueuses avaient été menées au Canada ou en Suisse. “Force est de constater que l’on n’a pas trouvé la recette pour s’implanter durablement sur ces marchés, admet le CEO. J’ai tendance à penser que pour le moment, Easi n’a pas la vocation à l’international et qu’il est plus facile d’encore étoffer nos activités en Belgique, au Luxembourg et aux Pays-Bas. Nos solutions ne sont pas toujours assez standardisées pour l’export. De plus, certaines activités restent assez locales, comme la sécurité ou les services autour de Salesforce car les entreprises préfèrent travailler avec des prestataires locaux. Par ailleurs, les opportunités dans nos marchés restent importantes.”

La Belgique représente aujourd’hui toujours 90% du chiffre d’affaires d’Easi. Et les deux CEO comptent encore réaliser une forte croissance dans les années qui viennent, dopée par ses marchés existants. Ils se sont d’ailleurs fixés de passer de 500 à 750 collaborateurs d’ici fin 2026 et prévoient, dès l’année prochaine, d’engager pas moins de 150 personnes… Et très certainement de procéder à de nouvelles acquisitions.

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