Avec 4 °C de plus, Cosucra trouvera-t-il toujours ses pois?

Christophe De Caevel
Christophe De Caevel Journaliste Trends-Tendances

Accès à l’eau, aménagement des villes, productions agricoles…, des pans entiers de l’activité économique seraient chamboulés par une accélération du réchauffement climatique. Dans le dossier de Trends-Tendances de cette semaine, plongée dans ce que pourrait être la vie de notre économie avec 4 °C de plus. Ici, le cas Cosucra…


Cosucra s’est toujours résolument appuyée sur la production locale, en utilisant la betterave d’abord pour en faire du sucre, la chicorée et le pois désormais pour des compléments alimentaires protéinés. Ces ingrédients pousseraient-ils toujours aussi bien dans une Belgique avec 4 °C de plus?

“Pour la chicorée, cela dépendra de la pluviosité car cette plante a besoin d’une certaine quantité d’eau, répond Eric Bosly, CEO de Cosucra, une entreprise de 350 personnes basée en Wallonie picarde. Le pois a pour lui l’avantage d’être facilement transportable. Aujourd’hui, nous nous approvisionnons dans le nord de la France. Demain, ce sera peut-être plus au nord de l’Europe. Les variétés peuvent évoluer et s’adapter à l’évolution des conditions climatiques. Mais ces adaptations sont très lentes, alors que nous sommes face à des changements vraiment très rapides.”


Pour l’heure, l’entreprise tente d’apporter sa contribution à la préservation des ressources à la fois en électrifiant son processus et en réduisant sa consommation d’eau. Elle a lancé un projet de production de biogaz à partir des coproduits de pois et de chicorée. L’installation devrait être opérationnelle d’ici trois ans et réduira de moitié sa dépendance aux hydrocarbures. Pour l’eau, Cosucra pourra bénéficier dès l’an prochain d’un raccordement au réseau de la SWDE, qui lui permettra d’utiliser des eaux d’exhaure des carrières du Tournaisis.

“C’est une vraie solution pratique qui, à la fois, évite une surexploitation des nappes phréatiques et nous rend beaucoup plus résilients face à des fluctuations du niveau de l’Escaut, conclut Eric Bosly. Là, nous pouvons agir. En revanche, nous n’avons pas de solution à 30 ou 40 ans pour nos matières premières car l’évolution du climat ne peut encore être connue avec suffisamment de précision. On en parle dans le monde agricole car des situations un peu exceptionnelles, que ce soit sur des périodes de sécheresse ou des pluies très abondantes, nous en vivons régulièrement. C’est le lot des métiers liés à l’agriculture, mais il est clair que la répétition des phénomènes s’accélère.”

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