Aucun diplôme? Pas de problème grâce à la formation “sur le terrain”

© GettyImages

Coup de chance, si la qualité de notre enseignement est en baisse, la pénurie de talents qui sévit sur le marché du travail fait, qu’actuellement, on attache moins d’importance aux diplômes. Les personnes, désireuses d’apprendre et qui postulent dans une entreprise avec une bonne dose de motivation, peuvent se voir offrir une formation sur le terrain. Quatre entrepreneurs en témoignent.

Geert Defieuw, directeur d’un site Umicore – “L’apprentissage ne se fait pas seulement chez le boulanger ou le boucher”

Geert Defieuw est directeur du site d’Olen, du groupe de matériaux Umicore, et président du groupe de discussion Travail et éducation d’Agoria. “Nous pensons que davantage d’efforts devraient être déployés en faveur de l’apprentissage mixte (école/entreprise). En Allemagne, en Suisse et en Autriche, cette formule fonctionne pour les jeunes qui ont moins d’affinités avec l’école. Dans notre pays, ces possibilités de formations ne sont pas suffisamment exploitées, ce qui fait que nous passons à côté de nombreux jeunes aux compétences intéressantes. Il y aurait moins de décrochage scolaire ou de jeunes perdus pour le marché du travail si on le les obligeait pas à user leur fond de pantalon sur les bancs d’école jusqu’à dix-huit ou vingt ans.”

“En Allemagne, à partir de 16 ans, les jeunes ayant le statut d’Auszubildende (apprenti) peuvent travailler dans une entreprise et suivre en même temps une formation, leur apprentissage. Ils peuvent même poursuivre leurs études et obtenir un diplôme de bachelor. Ils apprennent simplement plus et sont plus longtemps sur le terrain. Le système belge est trop coincé dans le système d'”apprentissage du boulanger ou du boucher”. L’apprentissage ne doit pas se limiter aux professions de base. En Allemagne, je dirige un laboratoire d’analyse similaire à celui d’Olen. Les apprentis y entament une double formation de technicien de laboratoire chimique et ce dès l’âge de seize ans. Je ne saurais pas comment organiser cela en Belgique. Notre système ne s’y prête vraiment pas sur le plan organisationnel. Les périodes d’enseignement à l’école et celle de travail dans l’entreprise sont trop strictement réglementées. Cela limite les possibilités. Il faut donner à l’enseignement la souplesse nécessaire pour s’adapter à l’apprentissage.”

“En même temps, nous constatons que tout commence par une motivation importante. Le monde de l’entreprise peut former lui-même ces jeunes, en double cursus ou non. C’est pourquoi Agoria plaide également pour que davantage d’écoles utilisent l’attestation SODA. “SODA* est synonyme de ponctualité, d’ordre, de discipline et d’attitude. L’ASBL SODA+ aide les écoles à motiver les élèves afin qu’ils acquièrent de bonnes attitudes professionnelles. SODA+ collabore intensivement avec les écoles SODA, les employeurs et les chercheurs. D’ailleurs 73 écoles ont adhéré activement au programmes et 23 autres sont en attente.”

*Acronyme néerlandophone de Stiptheid, Orde, Discipline en een professionele Attitude.

Jens De Wael, directeur des ressources humaines (Bilfinger) – “L’apprentissage fonctionne pour nous”

La multinationale Bilfinger fabrique des tuyaux et des tubes pour l’industrie pétrochimique. En Belgique, l’entreprise compte 900 employés ; au niveau international, ils sont 30 000. “Il est plus difficile que jamais de trouver du personnel à engager”, déclare Jens De Wael, directeur des ressources humaines pour la Belgique. “Nous constatons également que l’actuelle pénurie de talents ne se limite plus aux profils techniques. L’attitude et la motivation sont donc devenues des critères très importants. Bien que vous deviez également tenir compte de la formation. En particulier pour des postes techniques, la connaissance des techniques de base est essentielle. Vous pouvez bien sûr les apprendre dans l’atelier, mais cela prendra beaucoup plus de temps.

“Nous sommes pleinement engagés dans le système de double apprentissage. Nous collaborons avec quinze écoles techniques en Flandre. En fait, nous le faisions déjà avant l’existence de ce système de formation, mais il s’agissait alors davantage de stages traditionnels. Le fossé entre l’école et la réalité du terrain était plus grand à l’époque. L’apprentissage en alternance donne aux étudiants un stimulus supplémentaire car ils sont impliqués dans la pratique quotidienne de l’entreprise et ce pendant une relativement longue période. Au bout d’un moment, ils font partie de l’équipe.”

“Nous pouvons maintenant travailler aussi en plus étroite collaboration avec les professeurs de travaux pratiques. Cela garantit une meilleure interaction entre ce qui est appris à l’école et ce dont nous avons besoin. Nous sommes positifs en ce qui concerne cet apprentissage mixte, mais il s’agit ici d’une grande entreprise. Pour nous, il est plus facile de libérer des personnes et des ressources. C’est plus difficile pour les PME. Certainement parce qu’il faut payer ce type d’apprentissage. Il s’agit d’un investissement, alors que les ressources de travail sont limitées.

Nick Leenaert, HR Manager (Unilin) – “Tout le monde est le bienvenu chez Unilin”

Depuis des années, le fabricant de stratifiés Unilin bénéficie d’un marché du travail stable, avec un taux de chômage très faible. “Attribuer le resserrement à ce que les élèves apprennent à l’école est trop unilatéral”, déclare Nick Leenaert, directeur du personnel. “Le vieillissement de la population, par exemple, est également un facteur important.”

“Tout le monde est le bienvenu chez nous. S’il y a une correspondance avec notre culture d’entreprise et la motivation du candidat, nous le faisons venir et le formons nous-mêmes. Notre production est hautement automatisée. Cela rend le défi encore plus grand. Nous devons donc trouver des profils qualifiés, ou des personnes qui ont les compétences pour le devenir. Nous croyons fermement à la formation en interne : pour nous, la formation est le nouveau recrutement. Une personne sans permis de conduire et sans expérience peut travailler pour nous, en tant que conducteur de chariot élévateur. Nous lui assurons une formation rémunérée et préparons le candidat.

“Je ne pense pas qu’une sorte de certificat de “bonne attitude au travail” soit nécessaire. Cela pourrait promouvoir le stéréotype selon lequel les jeunes sont paresseux, démotivés ou inconstants. Je crois plutôt en une approche positive et stimulante. Écoutons sincèrement ce qui intéresse les jeunes et réfléchissons à ce qui constitue la meilleure forme d’apprentissage pour eux. Les inspirer et les laisser découvrir des choses, et le faire dans un contexte scolaire et professionnel, sera plus utile à mon avis. C’est la raison pour laquelle Unilin a été reconnue comme une entreprise pour l’apprentissage mixte depuis le début, et ce dans différents domaines. Cela nous permet également de recruter un certain nombre d’étudiants chaque année. Nous sommes donc très satisfaits. Le défi réside principalement dans les chiffres. Aujourd’hui, nous parlons d’une poignée d’étudiants par an. La question est de savoir comment nous pouvons faire en sorte que le nombre d’inscriptions aux programmes de formation en alternance augmente.”

Valerie Veldeman business controller Veldeman Bedding – ‘De school naar de fabriek halen’

Valerie Veldeman staat samen met haar vader en echtgenoot aan het hoofd van de meubelenfabrikant Veldeman Bedding. “Wij zijn een familiebedrijf dat voornamelijk is gespecialiseerd in boxsprings en matrassen. Doordat er amper scholen nog een opleiding stoffering en stikken aanbieden, wordt het steeds moeilijker werknemers te vinden. Onze productie is deels geautomatiseerd. Dat zijn ingewikkelde machines die een specifieke kennis vergen. Daarom hebben we een samenwerking opgezet met een school in Bree. We hebben hier voor hen een leslokaal ingericht. Studenten doen hier ook al eens een eindejaarsproject. Het voordeel is ook dat ze de opleiding kunnen voortzetten in de productie en daar stage kunnen lopen.”

“Die samenwerking loopt heel goed. De jongeren die zo afstuderen, weten hoe het eraan toegaat in een productiebedrijf. In een beschermde omgeving stofferen is wat anders dan in een stressvolle productieomgeving. Officieel valt dit niet onder duaal leren, maar we deden dit al voor het concept werd ingevoerd.”

“Elk jaar proberen we een aantal afgestudeerden aan te werven, mensen die bij ons kunnen passen. Wij zijn een familiebedrijf. Attitude en motivatie zijn hier belangrijk. Onze werknemers moeten passen bij ons. Iemand met de juiste motivatie kunnen we het vak in huis aanleren. We bekijken of we een soort academie moeten oprichten, zodat iemand met een algemene vorming en de juiste motivatie ook bij ons terecht kan.”

Valerie Veldeman, dirigeante d’entreprise (Veldeman Bedding) – “L’école à l’usine”

Valerie Veldeman dirige, avec son père et son mari, Veldeman Bedding, une entreprise de meubles. “Nous sommes une entreprise familiale, principalement spécialisée dans les sommiers et les matelas. Etant donné qu’il n’y a presque plus aucune école qui propose des formations en tapisserie et en couture, il est de plus en plus difficile pour nous de trouver des employés. Notre production est partiellement automatisée. Ce sont des machines compliquées qui nécessitent des connaissances spécifiques. C’est pourquoi nous avons mis en place une collaboration avec une école de Bree. Nous avons ainsi aménagé dans nos locaux une salle de classe pour eux. Les étudiants y réalisent également un projet de fin d’année. L’avantage est qu’ils peuvent poursuivre leur formation en production et y faire un stage.

“Cette coopération se passe très bien. Les jeunes qui obtiennent leur diplôme de cette manière savent ce que c’est de travailler dans une société de production. Le rembourrage dans un environnement protégé est bien différent que dans un environnement de production qui est plus stressant. Officiellement, cela ne fait pas partie du double apprentissage, mais nous le faisions déjà avant que le concept ne soit introduit.

“Chaque année, nous essayons de recruter un certain nombre de diplômés, des personnes qui peuvent s’intégrer facilement chez nous. Nous sommes une entreprise familiale et donc l’attitude et la motivation sont importantes ici. Nos employés doivent s’adapter à nous. Une personne motivée peut apprendre le métier en interne. Nous étudions la possibilité de créer une sorte d’académie, afin que quelqu’un ayant une formation générale et une bonne dose de motivation puisse également venir chez nous.”

Vous avez repéré une erreur ou disposez de plus d’infos? Signalez-le ici

Partner Content