Apple, Shell, KBC : les rachats d’actions ont la cote

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Sebastien Buron
Sebastien Buron Journaliste Trends-Tendances

A l’image du géant américain Apple et de son colossal programme de rachats d’actions propres pour un montant de 110 milliards de dollars, de plus en plus de sociétés cotées en Bourse rachètent leurs propres actions.

Les rachats d’actions, ou les share buy-backs en anglais, ont le vent en poupe. On ne compte plus les groupes cotés en Bourse qui ont annoncé ou réalisé de tels programmes de rachats d’actions ces derniers mois. Dernier exemple en date : Apple. Le géant américain de la tech a annoncé jeudi dernier le plus important rachat d’actions jamais réalisé aux États-Unis : 110 milliards de dollars !

Ce faisant, le fabricant d’iPhones dépasse son propre record du plus gros montant dépensé pour un rachat d’actions aux États-Unis. En 2018, le géant de la technologie avait autorisé 100 milliards de dollars de rachats d’actions propres. C’est bien simple, Apple a racheté pour 625 milliards de dollars d’actions au cours des dix dernières années, ce qui est supérieur à la capitalisation boursière de 492 entreprises du S&P 500, selon les calculs des analystes de la banque Mirabaud.

Record en Belgique

L’énorme programme de rachat d’actions annoncé par Apple, le plus de l’histoire économique des Etats-Unis, est révélateur de l’essor considérable que connaît le phénomène. Selon la dernière étude annuelle de Janus Henderson, ces rachats d’actions se sont élevés à 1.110 milliards de dollars, soit une baisse de 181 milliards par rapport à 2022. Mais comme le montrent les chiffres compilés par Janus Henderson, ces rachats d’actions ont augmenté l’an dernier en Europe pour atteindre 146 milliards de dollars, franchissant des niveaux record en Italie (grâce à Unicredit et Stellantis), en Espagne (grâce à Santander, Iberdrola et Telefonica), en Norvège (Equinor) et en Belgique (AB-Inbev et KBC). C’est aux Pays-Bas, en France et en Suisse, souligne encore l’étude, que la valeur des actions rachetées a été la plus élevée, tandis que les entreprises britanniques ont été les plus gros acheteurs de leurs propres actions, en dehors des Etats-Unis. Shell est le plus grand acheteur non américain de ses propres actions, représentant près d’un quart du total britannique, notent les experts de Janus Henderson.

Capitalisme de rentier

Si les entreprises rachètent leurs propres actions, c’est parce que cela permet de soutenir leur valeur en Bourse.  En effet, quand une entreprise rachète ses actions, elle diminue mécaniquement le nombre d’actions en circulation, ce qui augmente automatiquement le bénéfice par action et soutient le cours. Ces annonces ont donc généralement un effet positif sur le cours de l’action d’une entreprise. L’action Apple a par exemple immédiatement grimpé de 6 % après la clôture des marchés.

Si certains apprécient de voir ainsi les actionnaires récompensés, d’autres sont nettement moins convaincus par ces opérations financières destinées à satisfaire les marchés. Parce qu’elles ne sont pas nécessairement à long terme une bonne chose pour la croissance d’une entreprise, ces dépenses se faisant au détriment de la prise de risque, de l’innovation et des investissements. Des projets d’investissement qui sont devenus par la force des choses aujourd’hui plus onéreux à cause de la remontée des taux d’intérêt et du crédit bancaire qui est devenu plus cher. Et donc, quand on parle de rachats d’actions, on parle de capitalisme sans idées, pour ne pas dire de capitalisme de rentier.

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