Affaire Lernout & Hauspie: après 20 ans, un épilogue pour rien

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Il aura donc fallu attendre 20 ans pour boucler l’histoire de cette entreprise, cotée au Nasdaq, qui avait grandi trop vite au point d’inventer des clients fictifs pour gonfler son chiffre d’affaires. Pour, au final, aboutir à une condamnation plus symbolique qu’effective.

L’affaire Lernout & Hauspie, ce fleuron de la technologie flamande spécialisé dans la reconnaissance vocale, vient de se clore. La cour d’appel de Gand vient de condamner, dans un arrêt de 10.800 pages, six anciens managers de la société (Jo Lernout, Pol Hauspie, Nico Willaert, Gaston Bastiaens, Carel Dammelens et Tony Snauwaert) à payer 655 millions d’euros de dommages aux créanciers (608 millions) et à 15.000 actionnaires (47 millions). Mais pas de faux espoirs: les condamnés n’ont pas les moyens de payer. D’ailleurs, aucun actionnaire n’était présent lors du prononcé du jugement.

655 millions

En euros, le montant des dommages que devront payer les managers de l’ancien fleuron technologique d’Ypres.

Il aura donc fallu attendre 20 ans pour boucler l’histoire de cette entreprise, cotée au Nasdaq, qui avait grandi trop vite au point d’inventer des clients fictifs pour gonfler son chiffre d’affaires. Philippe Bodson, appelé au secours, avait bien tenté de renflouer le navire. Mais la brèche était trop grande et la faillite avait été prononcée en octobre 2001.

C’est un article du Wall Street Journal qui avait mis le feu aux poudres et provoqué une enquête de la SEC, le gendarme boursier américain. L’affaire avait été rondement menée aux Etats-Unis. Dans une action collective, une indemnisation avait été payée en 2007 par les administrateurs condamnés (5,27 millions de dollars), le réviseur KPMG (60 millions) et la banque Artesia (60 millions).

Mais chez nous, le procès s’était enlisé. En 2010, quatre dirigeants (Jo Lernout, Pol Hauspie, Nico Willaert, Gaston Bastiaens) avaient été condamnés au pénal. Mais faute de personnel, le volet civil de l’affaire traîna 10 ans encore. Pour, au final, aboutir à une condamnation plus symbolique qu’effective.

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