Absentéisme rose: pourquoi continuer à travailler malade n’est pas une bonne idée
L’an dernier, un travailleur sur deux a travaillé malade. 35% d’entre eux se sont rendus au travail et forment ce qu’on appelle le présentéisme ou l’absentéisme rose, selon une étude de Tempo-Team. Pourtant cet excès de motivation n’a pas que de bons côtés.
Durant l’été Tempo-Team, prestataire de services RH, a conduit en collaboration avec la KU Leuven une étude sur l’absentéisme au travail auprès de 2.500 travailleurs et 250 employeurs. Il ressort de cette étude qu’un nombre significatif d’employés vont travailler en étant malade. Ainsi, l’an dernier, un travailleur sur deux aurait été travailler malade. 35% d’entre eux se sont rendus au travail et 15% ont télétravaillé. Par ailleurs 56% des patrons constatent que leurs collaborateurs continuent de travailler alors qu’ils sont malades. Pour 31 % de chez eux et pour 25% en entreprise. Les causes de maladies étaient variées puisqu’un sur deux a déclaré présenter des symptômes de refroidissement, pour 25 % d’entre eux des maux de dos, 20 % des douleurs intestinales et 18 % avaient même de la fièvre. Enfin, pour 16 % c’était lié à des problèmes de santé psychologique.
S’ils se sont tout de même mis au travail malgré leur état, c’est principalement pour ne pas exposer leurs collègues à une surcharge de travail (33 %), pour s’éviter une accumulation importante du travail (30 %), pousser par un sentiment de culpabilité (27 %), pour répondre à une attente du supérieur hiérarchique (15 %) ou encore, pour faire face à la pression sociale des collègues qui trouvent qu’ils sont trop souvent malades (14 %). Ce serait surtout les femmes (54% contre 47% pour les hommes ) et les moins de 35 ans ( 58%) qui travaillent malades.
Une autre étude réalisée par le prestataire de services RH Sécurex publiée avant l’été va dans le même sens. Selon elle, le “présentéisme” au travail a augmenté depuis la crise sanitaire, alors qu’il avait diminué avant la pandémie. Toujours selon cette étude de Sécurex, parmi les travailleurs se déclarant malades, une personne sur sept continuerait systématiquement de travailler. Ce présentéisme serait plus fréquent chez les personnes hautement qualifiées travaillant comme employés dans le secteur privé et au sein de micro-entreprises comptant jusqu’à cinq travailleurs.
Le chiffre: Aujourd’hui,plus de 83% des grandes sociétés exigent toujours un certificat pour les absences d’un jour.
L’absentéisme rose ou quand se rendre au travail malade n’est que rarement une bonne idée
Si, effectivement, tous les employés n’étaient pas à l’agonie ou contagieux, le fait qu’ils viennent travailler malades n’est pas forcément une bonne nouvelle pour la productivité.
Premièrement, cela provoque une baisse de la qualité de la prestation. En moyenne, l’efficacité d’une personne malade n’est que de 60% par rapport à son état habituel.
Ensuite, venir travailler avec une maladie contagieuse comme la grippe ou le covid peut entraîner une contamination des autres collèges. C’est même là, la principale crainte des employeurs puisque cela peut avoir un effet boule de neige et mettre toute un département à l’arrêt.
Enfin, l’étude de Sécurex indique un lien entre le maintien de l’activité professionnelle pendant les jours de maladie et les plaintes psychologiques, motrices et le burn-out, surtout si le présentéisme est structurel. Sécurex nuance cependant en précisant que travailler en étant malade n’est, en soi, ni bon ni mauvais. Le repos et le travail pouvant tous deux contribuer à un rétablissement rapide, en fonction de la situation médicale et professionnelle réelle.
Le télétravail pour lutter contre l’absentéisme
Autre fois c’était noir ou blanc. Soit on allait travailler, soit on restait chez soi. Le télétravail a aujourd’hui changé la donne, puisque, selon l’étude de Tempo Team, il diminuerait l’absentéisme.
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Depuis qu’il est rentré dans les moeurs, télétravail offrirait en effet une réelle alternative à ce qu’on appelle l’absentéisme rose, soit le fait de travailler malade. Ce “télétravail rose” pourrait être le parfait compromis entre le fait de ne pas travailler et le présentéisme (le fait de se rendre malade au boulot). Ainsi à l’employé qui n’est pas à 100% (parce qu’il mal au genou ou est enrhumé par exemple), mais qui se sent tout de même suffisamment bien pour travailler, le télétravail offre l’avantage d’être moins contraignant et de ne pas risquer de contaminer les autres. On notera cependant que cela peut aussi avoir un effet pervers. Cela peut pousser les entreprises à demander plus rapidement à ses employés de travailler quand même, sous prétexte qu’il est possible d’effectuer certaines tâches. Une pression d’autant plus réelle dans ce contexte de crise où beaucoup ont peur de perdre leur emploi.
Quatre couleurs d’absentéisme
L’absentéisme désigne l’absence au travail pour cause de maladie.
L’absentéisme blanc : il désigne une absence pour raison médicale. Le collaborateur est malade et il reste donc chez lui, sur base de la prescription d’un médecin.
L’absentéisme noir: ce terme désigne le collaborateur qui se dit malade sans raison médicale. L’absence n’a donc rien à voir avec une maladie, même au sens large. Cette absence est donc frauduleuse et illégale et concernerait environ 5% des travailleurs, selon Mensura.
L’absentéisme gris:C’est une absence motivée par un certificat médical qui ne donne pas les véritables raisons de l’absence, ou la prolonge plus que nécessaire. Cette forme d’absentéisme est la plus fréquente et représenterait 70% des cas. L’absence repose donc sur une raison médicale, mais il n’est pas certain qu’elle nécessite une incapacité totale de travailler. Avec les mêmes symptômes, certains iraient travailler, alors que d’autres non.
L’absentéisme rose: Il désigne le travailleur trop malade pour venir travailler, mais qui est quand même présent. Il est aussi parfois appelé présentéisme.
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