2025 : la tempête est loin d’être finie pour l’automobile européenne

Après une année 2024 déjà compliquée pour le secteur automobile européen, 2025 arrive avec de nouveaux risques. À quoi faut-il s’attendre ? Et quelles sont les solutions ?

2024 n’aura pas été une année facile pour l’industrie automobile européenne. Elle est au coeur d’une tempête parfaite. Les voitures électriques chinoises bon marché qui arrivent, alors qu’il n’y a pas (encore) de modèle européen dans la même gamme de prix. Cela en Europe, mais aussi en Chine, important marché d’export. Une demande pour l’électrique qui croît moins qu’avant dans certains pays. L’installation de bornes de recharge est plus lente que ce qui était promis. L’électrique coûte plus cher à produire, ce qui laisse peu de flexibilité aux constructeurs. Et pour les moteurs thermiques, les régulations sur les émissions deviennent plus strictes. Symptôme de la maladie : Volkswagen qui ferme des usines, une première dans son histoire.

Et pour 2025, les choses ne devraient pas s’améliorer grandement. Au contraire, les risques vont encore augmenter. Les régulations en matière de CO2 deviennent encore plus strictes en 2025 (le plafond moyen baissera à 93,6 grammes par kilomètre, une baisse de 15%). Et Trump arrive au pouvoir aux États-Unis (autre marché d’export important). Il a promis de mettre en place des politiques commerciales qui privilégient les constructeurs américains – les voitures européennes pourraient être davantage taxées.

Année compliquée en vue

“Malheureusement, nous pensons que l’industrie devrait se diriger vers une nouvelle année de volatilité et de vents contraires dans toutes les régions. Nous nous attendons à ce que les implications politiques potentielles aux États-Unis soient plus importantes, à ce que de nouvelles restructurations soient annoncées en Europe, à ce que la demande en Chine soit modérée et à ce que les prix s’affaiblissent”, résument par exemple les analystes de Deutsche Bank dans une note consultée par CNBC.

Pour ING, c’est le prix de production plus élevé des VE qui devrait être une épine dans le pied de l’industrie. Surtout dans un contexte de politiques d’objectifs environnementaux et d’électrification. “Les constructeurs ont tendance à se concentrer davantage sur les hybrides conventionnels et les hybrides rechargeables en raison de leur rentabilité. Donc, s’ils sont obligés de se tourner davantage vers les VE, cela affectera la rentabilité. D’un point de vue financier, je ne m’attends donc pas à une grande amélioration à ce stade”, peut-on lire dans une récente note, relayée par le média américain.

Quelles solutions ?

Dans ce contexte, certains lobbys demandent à ce que les amendes sur le dépassement des plafonds d’émissions plus stricts de 2025 soient reportées, pour que l’industrie ait plus de temps pour s’adapter. Mais ce serait une fausse bonne idée, selon Julia Poliscanova de Transport & Environnment, une association qui défend des solutions propres dans le monde des transports. Elle explique à CNBC que les constructeurs européens sont déjà en retard sur la concurrence concernant l’électrique. Reporter ces amendes ne ferait que creuser l’écart.

“L’objectif de réduction des émissions de CO2 des voitures ne va pas les aider en Chine ou à vendre plus de voitures, ce n’est pas le but. En revanche, l’objectif de réduction des émissions de CO2 des véhicules est essentiel pour les rendre plus compétitifs et accélérer la transition”, explqiue-t-elle. “Il les pousse donc, même si c’est au détriment de certaines de leurs marges bénéficiaires plus élevées à court terme, à fabriquer les produits qui seront viables à l’avenir.”

Dans une publication de ce mercredi, le groupe critique également le chiffre des 15 milliards d’euros mis en avant par l’industrie automobile. Ce seraient les amendes qu’elle devrait payer avec ces nouvelles règles. Il serait erroné car uniquement basé sur les ventes de 2024. Mais de nombreux nouveaux véhicules électriques – bon marché, de surcroît – vont sortir en 2025.

Ces véhicules électriques moins chers comptent d’ailleurs comme un élément important pour (commencer à) redresser l’industrie. Pour relancer la demande d’un côté, et pour attaquer la concurrence chinoise de l’autre côté. Mais il reste à voir si la sauce prend, car le grand public n’est pas encore entièrement convaincu de l’électrique. Car “moins cher”, cela veut néanmoins dire un prix entre de plus de 20.000, voire 25.000, euros. Et les modèles les moins chers ont une autonomie de batterie moins importante, ce qui peut refroidir les clients.

En bourse

Comment ce contexte se traduit-il en bourse ? 2024 a été une année compliquée pour de nombreux constructeurs. VW a perdu 24% sur l’année, Stellantis 37%, BWM 22%, Mercedes-Benz 11%. Il n’y a que Renault qui est en hausse, et ce de 19%. Le constructeur français a notamment moins d’exposition aux marchés américain et chinois.

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