Un confinement peut aussi avoir un effet positif sur l’économie

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Daan Killemaes Economiste en chef de Trends Magazine (NL)

Avec la récente flambée des chiffres, la menace d’un reconfinement plane sur le pays. Le Fonds Monétaire International (FMI) a analysé l’impact des confinements du printemps et est parvenu à des conclusions étonnantes. Un confinement peut, entre autres, ouvrir la voie à une reprise économique plus rapide.

Cette année, le monde a dû apprendre à se confiner. Le FMI a analysé les résultats et en est arrivé à des conclusions étonnantes. Nous les avons résumées pour vous proposer les sept lois économiques d’un confinement.

1. À court terme, un confinement est très néfaste pour l’économie

Rien ne sert de travailler pour le FMI pour en arriver à cette conclusion. Afin d’endiguer la propagation de la Covid-19, la plupart des pays du monde ont eu recours à des confinements souvent très stricts au printemps. L’analyse du FMI laisse peu de place à l’imagination. Plus le confinement était strict, plus l’économie a souffert. Les conséquences se remarquent sur les dépenses, les investissements, la production industrielle, le marché de l’emploi, etc. Rien ni personne n’a été épargné. Les pays ayant opté pour des confinements partiels ont accusé une diminution de leur produit intérieur brut (PIB) d’environ cinq pour cent pour la première moitié de l’année. Pour les pays où le confinement était total, ce chiffre atteint les quinze pour cent, voire plus.

2. La peur du virus est aussi néfaste pour l’économie qu’un confinement

La récession sévère de ce printemps n’est pas uniquement due au confinement. Nos changements de comportement spontanés sont peut-être même plus mauvais pour l’économie. Par peur d’être contaminées, de très nombreuses personnes ont limité volontairement leurs contacts sociaux et leur liberté de mouvement. Elles travaillent le plus possible chez elles et se rendent le moins possible dans les magasins, l’horeca ou à des évènements. Elles continueront à le faire tant que le risque de contamination reste élevé. Ces confinements volontaires ont surtout de grandes conséquences sur les économies des pays occidentaux. Beaucoup de travailleurs y ont la possibilité de faire du télétravail, les épargnes y sont consistantes et le gouvernement peut s’y permettre de déployer un filet de sécurité en cas de perte de revenu. Le FMI a estimé que ce réflexe de peur du virus et le comportement qui lui est associé sont plus néfastes pour l’économie que le confinement en lui-même. Cette conclusion renforce l’idée selon laquelle l’économie n’est pas victime des mesures prises pour endiguer l’épidémie, mais plutôt de notre propre peur du virus.

3. Un confinement est une arme puissante contre la propagation du virus

Trente jours de confinement strict entrainent une diminution de contaminations de 40 pour cent. Ce phénomène est observable après deux semaines, ce qui correspond avec la période d’incubation de la Covid-19. Le FMI avertit que puisque les effets sur la santé publique se font ressentir avec un léger décalage, il est crucial d’agir très rapidement. Les pays qui ont mis en place un confinement alors que le taux de contamination restait faible s’en sont vus récompensés les mois suivants. Ceux qui ont agi plus tard ont dû faire face des chiffres beaucoup plus élevés. Confiner revient donc à investir dans la santé publique en protégeant les groupes les plus vulnérables contre le virus.

4. Un confinement général est plus efficace qu’un confinement partiel

Au printemps, la plupart des pays ont agi suivant les mêmes grands principes. Les voyages ont d’abord été interdits, puis les écoles ont dû fermer leurs portes, les évènements ont été annulés et le télétravail s’est imposé. Ensuite, les transports publics se sont arrêtés et, pour finir, tout le monde a dû rester chez soi. Mais quelles sont les mesures qui ont été les plus efficaces, sans être trop néfastes pour l’économie ? Répondre à cette question n’est pas simple, mais un confinement strict semble être le meilleur choix, selon le FMI. Les dégâts supplémentaires engendrés par un tel confinement sont restreints, car beaucoup de personnes s’imposaient déjà des limites volontairement. Les avantages d’un tel confinement, quant à eux, sont indéniables pour la santé publique. Le FMI en conclut qu’un confinement partiel ralentit insuffisamment la propagation du virus, car les contacts sociaux restent trop nombreux et des foyers pourraient se former. Les autorités ont donc tout intérêt à opter pour un confinement court, mais sévère, plutôt que pour un confinement long, mais peu contraignant. Ce constat pourrait changer si le gouvernement arrive à limiter le nombre de contaminations en prenant d’autres mesures, comme un tracing et un dépistage efficaces. Pour l’instant, les données nous montrent toutefois que ce n’est pas le cas. Le FMI insiste ainsi sur l’importance de comparer l’efficacité de mesures spécifiques en comparaison avec un confinement strict, comme la limitation des activités intérieures et l’isolement des personnes malades.

5. Un confinement peut avoir un effet positif sur l’économie

Voici une conclusion surprenante du FMI. Un confinement ne signifie pas nécessairement que l’économie est sacrifiée au nom de la santé publique. Une augmentation des cas aura dans tous les cas un impact négatif sur l’économie. Un confinement peut donc mettre l’économie sur la voie d’une reprise plus rapide s’il permet d’aplatir la courbe. La population se sentira plus à l’aise pour reprendre sa vie d’avant, retourner au travail et retrouver ses habitudes de consommation, si le risque de contamination est suffisamment maitrisé. Laisser circuler le virus, ou pire, le laisser s’imposer à nouveau, aurait des conséquences économiques graves. À court terme, les coûts d’un confinement peuvent être compensés par une plus grande activité économique sur le long terme, dont le résultat net peut être positif pour l’économie.

Le FMI ajoute tout de même que des analyses supplémentaires sont nécessaires pour appuyer cette conclusion. De plus, cette analyse ne prend pas en compte les effets secondaires importants d’un confinement, comme les conséquences sur la santé mentale et les restrictions des possibilités d’enseignement.

6. Pour sortir d’un confinement, la prudence est de mise

Le monde occidental a connu une reprise meilleure que prévu après les confinements du printemps, mais, depuis quelques mois, il semble être tombé dans le piège de la suffisance et d’une approche trop laxiste. Nous risquons d’en payer le prix fort. Notre prospérité dépendra de la crise du coronavirus. Le contraste avec l’Asie est fort. La Chine, par exemple, a continué à endiguer le virus avec force, avec pour résultat que la crise de la Covid-19 est maintenant en grande partie révolue pour l’économie chinoise. La conclusion est claire. Tant que le virus circule, une reprise économique complète est impossible. Le FMI nous avertit donc des risques de sortir d’un confinement trop rapidement ou de prendre des mesures limitées, surtout si les chiffres des contaminations restent élevés. Le FMI conseille donc aussi de ne pas supprimer trop rapidement les mesures de soutien économique.

7. Un confinement touche principalement les femmes et les jeunes

Un confinement ne touche pas tout le monde de la même manière. Les données relatives à la mobilité dans les différents pays européens, fournies par l’opérateur Vodafone, montrent que ce sont les femmes qui sont le plus restées chez elles lorsque la société a été émise temporairement à l’arrêt. La fermeture des écoles a principalement touché la mobilité des femmes. Le FMI explique que cette situation est peut-être due au rôle toujours disproportionnellement grand que les femmes jouent dans l’éducation des enfants. Ce phénomène peut compromettre leurs chances de trouver un emploi durant la crise. Les jeunes travailleurs ont également vu leur mobilité réduite au cours du confinement, ce qui est inquiétant, puisqu’ils dépendent plus de leurs revenus et travaillent souvent sous contrat temporaire, facilement résiliable. Le FMI préconise donc des mesures ciblées, comme des allocations plus conséquentes pour les groupes les plus vulnérables sur le marché du travail et un soutien en cas de congé parental.

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