Signe avant-coureur d’une année 2019 plus faible, la croissance américaine a été revue en baisse

La croissance de l’économie américaine fin 2018 a davantage marqué le pas que ne le prévoyaient les économistes et cette nette modération de l’activité semble bien s’être poursuivie sur les premiers mois de cette année.

Marché immobilier en repli, production manufacturière ralentie, créations d’emplois en forte chute en février: les premiers mois de 2019 ont livré des données décevantes qui nourrissent des prévisions pessimistes pour l’ensemble de l’année.

L’estimation de la croissance du Produit intérieur Brut (PIB) des Etats-Unis a été révisée en baisse au 4e trimestre 2018, passant de 2,6% à 2,2% en rythme annuel.

Cette révision en baisse ne change toutefois pas le rythme d’expansion sur l’année, qui reste à 2,9% en 2018 contre 2,2% en 2017, selon cette troisième estimation du département du Commerce publiée jeudi.

Ce niveau annuel de 2,9% frôle l’objectif de l’administration Trump, qui promet que l’économie peut durablement progresser chaque année de 3%, voire plus.

Sur ce point, la Maison Blanche préfère souvent mettre en avant le chiffre de croissance en glissement qui va du 4e trimestre 2017 au 4e trimestre 2018 et qui s’établit à 3,1%.

L’année dernière, après un 2e trimestre sur les chapeaux de roues à 4,2% et un 3e trimestre très soutenu à 3,4%, la croissance de la première économie mondiale a donc nettement marqué le pas en fin d’exercice, retrouvant le rythme du 1er trimestre 2018.

En décembre, le début du “shutdown” (la fermeture partielle de l’administration fédérale) qui a duré plus d’un mois, la volatilité des marchés boursiers et les tensions commerciales semblent avoir pesé sur l’activité.

Les dépenses de consommation, locomotive de l’économie américaine, ont finalement avancé de 2,5% au lieu de 2,8% précédemment estimés, et de 3,5% trois mois plus tôt.

– Signes mitigés –

Depuis le début de l’année, alors que la croissance mondiale ralentit et que le stimulus budgétaire aux Etats Unis s’estompe, la première économie mondiale a donné des signes mitigés. Les créations d’emplois ont dégringolé de façon très inattendue en février avec seulement 20.000 embauches.

Les ventes de maisons neuves ont chuté de presque 7% en janvier et les mises en chantier de logements sont en repli de près de 10% sur un an. La production manufacturière, un secteur cher à la politique économique de Donald Trump, est tombée dans le rouge deux mois de suite.

La croissance de l’activité au 1er trimestre, dont le gouvernement donnera une première estimation le 26 avril, pourrait n’atteindre que 1,5%, selon les projections de la Fed d’Atlanta. Ce serait le plus faible rythme d’expansion depuis début 2016 avant l’élection de Donald Trump.

Les économistes de Barclays Research et d’Oxford Economics sont moins pessimistes, misant sur une croissance de 2% de janvier à mars.

Malgré cet affaiblissement, la Maison Blanche reste très optimiste pour l’ensemble de 2019. Ses projections, qui divergent grandement de la plupart des économistes et institutions, misent ainsi sur une expansion de 3,2% en 2019, selon son projet de budget.

Mais selon l’enquête trimestrielle de la National Association for Business Economics (NABE), les milieux d’affaires ne tablent que sur 2,4% et seulement 2% en 2020.

La Réserve fédérale (Fed), elle, a récemment révisé sa projection en baisse pour la faire tomber à 2,1% cette année et 1,9% en 2020. La Banque centrale a aussi totalement renoncé à relever les taux d’intérêt cette année alors qu’il y a encore quelques mois, elle prévoyait deux modestes hausses des taux pour éviter une surchauffe.

Les probabilités d’une récession à l’horizon de 2020 se font plus nombreuses dans les modèles économiques, comme celui de la Fed New York, qui l’évoque à 24% de risques.

Pour Gregory Daco d’Oxford Economics, si la récession n’est pas le scénario privilégié, croire en une telle possibilité peut s’avérer auto-réalisateur.

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