Nucléaire, budget, justice, réformes…: le MR veut-il encore de la Vivaldi?
La position schizophrénique de “participopposition” des troupes de Georges-Louis Bouchez atteint des sommets. Pourtant, le gouvernement De Croo reste le plan A d’ici 2024.
C’est une proposition de loi qui fait du remue-ménage au sein de la majorité. Déposée à la rentrée par l’ancienne ministre libérale de l’Energie, Marie-Christine Marghem (en réalité, on l’oublie toujours, présidente du MCC associé au MR), elle propose de supprimer la loi de 2003 pour permettre la prolongation des réacteurs nucléaires susceptibles de l’être et de permettre les investissements dans une filière du futur.
C’est une façon de faire pression sur le gouvernement fédéral d’Alexander De Croo, dont le MR fait partie, qui étudie actuellement, notamment su base d’une étude d’Elia, la nécessité ou non de prolonger davantage de réacteurs nucléaires. Un accord a déjà été focé pour prolonger ceux de Doel 4 et Tihange 3.
Une pression intenable?
Mais cette pression devient petit à petit intenable pour les partenaires de la majorité depuis que Marie-Christine Marghem a rallié, cette semaine, des députés N-VA et DéFI pour soutenir son texte. Voici un mois, elle déclarait déjà être prête à rallier une majorité alternative sur ce sujet brûlant. Il en va, répéte-t-elle à l’envi, de la nécessité de garantir la sécurité d’approvisionnement pour le futur.
Ecolo ne digère pas cette perspective. “C’est une attitude déloyale et je le regrette vivement, souligne le chef de groupe Ecolo à la chambre, Gilles Vanden Burre. Une députée, manifestement soutenue par son président de parti, fait cavalier seul. Ce n’est pas comme ça que l’on procède si on veut faire avancer un sujet. Je constate que ce n’est pas la première fois que ce genre de problème se produit et ça continue. Nous avons des accords au sein de la majorité.”
Georges-Louis Bouchez, président du MR, a reprécisé qu’il n’était pas question de mettre cette proposition à l’agenda. “C’est très fréquent de déposer un texte qui permet au gouvernement de se mettre en marche et de voir l’évolution des choses avant d’aller plus loin”, explique-t-il, quand on s’étonne de cette initiative. Et à ceux qui plaident en faveur de la majorité alternative, il rétorque: “On vote avec une majorité alternative. Et ensuite? On négocie comment ? Avec quelle délégation, quel pouvoir ? Il faut une voie efficace, plus de temps à perdre. Et prolonger le nucléaire!”
Une “participopposition” digne… d’Ecolo
Cela dit, cette “participopposition” permanente du MR – une stratégie labellisée Ecolo au début des années 2000! – tape littéralement sur le système des partenaires de la majorité qui n’en peuvent plus de la schizophrénie de ce parti ayant constamment un pied dans la majorité et un en-dehors. Le récent épisode du transfuge de la députée bruxelloise Alexia Bertrand du MR à l’Open VLD pour décrocher le secrétariat d’Etat fédéral au Budget sonnait pourtant comme un avertissement.
Plus fondamentalement, on est en droit de se demander si ce MR schizophrène est encore à l’aise au sein de cette Vivaldi, avec une exaspération non masquée à l’égard des écologistes et une volonté de voir l’Open VLD adopter une attitude… plus libérale. Lors de “l’affaire Bertrand” le président du MR avait tweeté son exaspération de voir que le gouvernement fédéral ne se décide pas assez vite: La réalité: Aucun accord sur le nucléaire, pire élève de l’Union européenne sur le budget, aucune réponse au fait qu’on relâche un fiché OCAM qui tue un policier juste après.” Une réconciliation avec l’Open VLD s’en est suivie, mais tout de même…
Les libéraux s’indignent encore d’une décision prise par le Royaume-Uni de bloquer une commande d’armes de 300 à 600 millions d’euros à la FN Herstal. Ce serait une réaction furieuse après le refus d’Ecolo (et du PS) d’envoyer du matériel nucléaire, décision pour lequel un feu vert fédéral est nécessaire. Un dossier qui inquiète le gouvernement wallon, au sein duquel MR, Ecolo et PS, notamment pour la répercussion sur la FN, dont la Wallonie est actionnaire.
Dans le long entretien accordé cette semaine par Georges-Louis Bouchez à Trends Tendances, très agressif à l’encontre de la gauche, on perçoit combien le discours de “droite populaire” du MR lorgne vers une rupture du type de celle que la N-VA a menée en Flandre.
Le symbole Hadja Lahbib
Pourtant… la Vivaldi reste le plan A jusqu’en 2024. Le président du MR se dit simplement déterminé à convaincre ses partenaires. Il souffle en permanence le chaud et le froid. Il se réjouit, par exemple, de voir que l’attitude adoptée au Qatar par “sa” ministre des Affaires étrangères, Hadja Lahbib, a été saluée par des écologistes. Alors que les verts se disaient réticents à l’idée même d’aller assister à un match de la Coupe du monde, ils ont dû reconnaître -certains, du moins… – que le fait de porter le brassrd “One Love” face à Gianni Infantino, seccrétaire général de la FIFA, était un geste fort.
D’ailleurs, Hadja Lahbib elle-même est un symbole fort du fait que la ligne de “droite populaire” du MR est en réalité plus nuancée. Un message pour la gauche. De l’avis même de Bouchez, c’est sa meilleure décision depuis qu’il est à la tête du parti.
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