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Marine Le Pen et ses électeurs cocus

Lire la chronique d' Amid Faljaoui Amid Faljaoui, directeur des magazines francophones de Roularta.

C’est le regretté Michel Audiard qui faisait dire à l’un de ses personnages, je crois que c’est dans le film les “tontons flingueurs”, que je cite : “les cons, ça ose tout, c’est d’ailleurs à ça qu’on les reconnait”.

Aujourd’hui, avec le second tour de la présidentielle française, j’ai envie d’ajouter “les sondeurs, ça ose tout et c’est d’ailleurs à ça qu’ils gagnent leur argent”. Pourquoi est-ce que je fais ce parallèle ? Mais parce que les sondeurs se sont trompés sur le premier tour, pas sur les noms des deux finalistes, mais sur le score de Marine Le Pen, sur le score de Jean-Luc Mélenchon et surtout sur le faible score d’Eric Zemmour et les scores encore plus faiblards de Valérie Pécresse et de Thierry Jadot.

Mais les sondeurs ont une mémoire de poisson rouge et ils osent nous livrer un sondage dans lequel Emmanuel Macron gagnerait le second tour avec 55% des voix. Visiblement les marchés financiers semblent les croire car le bon score, réalisé par Macron dimanche dernier, les a rassurés, les taux d’intérêt sur la dette publique française se sont détendus et la Bourse de Paris s’est bien comporté. La prime de risque politique semble s’être évaporée pour l’instant. Encore une fois, c’est très étonnant, car Emmanuel Macron a raison d’être fébrile et de ne pas penser que c’est du tout cuit.

Avec l’aide de la lettre d’information TTSO, regardons les chiffres, les personnes qui ont voté pour lui sont des retraités – 40% de vote – et ce sont aussi des personnes qui gagnent plus de 3000 euros par mois – 35% de vote. Bref, ce sont les plus âgés et les plus “riches” qui ont surtout voté pour Macron. En revanche, les électorats de Marine Le Pen et de Jean-Luc Mélenchon sont plus jeunes et ont des plus petits salaires. En clair, même s’ils sont à l’opposé, ces électorats se ressemblent et comme vous le savez qui se ressemble s’assemble. Et puis, le deuxième point d’inquiétude pour le président sortant, c’est que si le siphonage des voix de droite a bien marché pour Macron au premier tour, son programme économique risque de l’empêcher d’attirer les voix de la gauche et singulièrement celles des personnes qui ont voté pour Jean-Luc Mélenchon. C’est la raison pour laquelle, Macron vient de déclarer qu’il est ouvert à ce que l’âge de la retraite ne soit pas de 65 mais de 64 ans.

Bref, la présidentielle se jouera paradoxalement sur le flanc gauche au niveau économique mais pas trop pour ne pas effrayer l’électorat de droite. S’il réussit à gagner Emmanuel Macron ne sera pas à l’abri d’un 4ème tour, un tour social chaud, très chaud à la rentrée lorsque les législatives seront terminées. Et si c’est Marine Le Pen qui devait gagner, elle devra vite constater qu’elle n’a aucune manoeuvre. Elle a eu raison de dire, durant sa campagne, que ce n’est pas l’Elysée qui dirige la France, mais bien Bruxelles et Frankfort. En effet, la dette publique française est détenue par la banque centrale européenne ; la BCE est le créancier de la France. Sans cette banque centrale européen, comme le rappelle Marc Fiorentino, il sera impossible de financer les déficits que va provoquer le programme économique de Marine Le Pen sauf à accepter de payer des taux d’intérêt faramineux qui étrangleront immédiatement le budget de la France.

En clair, les électeurs de Marine Le Pen sont déjà cocus sans le savoir et ceux de Jean-Luc Mélenchon devront sans doute voter pour Macron mais avec la tête de quelqu’un qui aurait mordu à pleine dents dans un morceau de citron !

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