Les routes commerciales maritimes face au péril climatique

L’obstruction du canal de Suez en 2021 le prouve: l’avenir de certaines des routes maritimes les plus importantes du monde pourrait être affecté par les risques liés au changement climatique. De quoi impacter à long terme les économies régionales, selon un récent rapport publié par Marsh, courtier mondial en assurances et conseiller en risques.

Mars 2021, l’Ever Given, un porte-conteneurs de 400 mètres de long et de 224.000 tonnes, se retrouve coincé en travers du canal de Suez pendant une semaine en raison de conditions météorologiques extrêmes. Confronté à une tempête de sable et soufflé par des vents violents, le navire perd en effet le contrôle et s’échoue, bloquant ainsi le passage de centaines de bateaux dans ce goulot d’étranglement du commerce maritime mondial reliant la mer Rouge à la Méditerranée.

Et même si, in fine, le canal de Suez a généré d’importants revenus cette année-là, cet épisode maritime pourrait être le premier d’une longue saga si on ne fait pas preuve d’une plus grande résilience climatique, prévient le courtier en assurances Marsh dans un récent rapport. “Une telle résilience doit être intégrée dans la planification future des infrastructures afin de réduire les dépendances critiques et de maintenir des chaînes d’approvisionnement vitales à long terme”, explique Nick Faull, Head of Climate and Sustainability Risk, Marsh.

Une source importante de revenu menacée

Au même titre que le canal égyptien, “les risques climatiques pourraient aussi affecter la viabilité à long terme des autres principales voies navigables du monde”, ajoute encore le conseiller en risques dans son rapport. De quoi entraîner des conséquences sur les économies régionales, la sécurité alimentaire mondiale et les chaînes d’approvisionnement.

Pour son étude, Marsh a ainsi évalué – en se basant sur le cas du canal de Suez – comment les routes maritimes pouvaient être impactées au fil du temps par les risques climatiques. Les données fournies par XDI (la Cross Dependency Initiative, un fournisseur de premier plan d’analyses des risques physiques climatiques) ont permis de mettre en lumière plusieurs risques:

  • Inondations côtières: la hausse du niveau des mers augmente le risque d’inondations côtières. Celles-ci pourraient compromettre l’intégrité de l’infrastructure et des activités portuaires le long du canal de Suez en perturbant le chargement, le déchargement et le déplacement du fret, mais également l’installation et la construction d’infrastructures telles que des sites industriels, des logements ou des installations sanitaires. Le GIEC a estimé que le nombre de ports exposés à des inondations de plus d’un mètre augmenterait de 80% entre 2030 et 2080.
  • Épisodes de chaleur extrême: les épisodes de chaleur extrême pourraient entraîner une augmentation des tempêtes de sable dans les pays semi-arides. Or, cela risquerait d’affecter la visibilité dans le canal de Suez et entraîner, par exemple, des restrictions des opérations portuaires. Outre d’éventuels problèmes de navigation, une augmentation de la chaleur peut également provoquer une perte de productivité, notamment en perturbant l’activité des entreprises, et même modifier la salinité et de la densité de la mer, qui influent sur l’efficacité de refroidissement des moteurs.
  • Vents violents: des rafales de vent trop importantes peuvent déstabiliser les navigateurs et augmenter le risque de voir un navire s’échouer, comme ce fut le cas pour l’Ever Given.

Adapter les infrastructures pour l’avenir

Évaluer et reconnaître les risques est la première étape vers plus de résilience. “Nous nous trouvons aujourd’hui dans une situation où l’escalade des événements météorologiques extrêmes liés au changement climatique est évidente et où la compréhension des risques que cela représente pour les infrastructures existantes et futures est cruciale pour la stabilité économique et sociale”, estime Rohan Hamden, CEO de XDI.

Pour la suite, des mesures sont nécessaires afin d’améliorer les infrastructures et les adapter en vue de réduire l’impact des risques climatiques physiques sur ces routes maritimes, conclut le rapport.

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