Les coiffeurs désemparés: “On nous considère comme un frigo: on ouvre et on referme la porte au besoin”

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Les salons de coiffure doivent refermer leurs portes ce samedi, un peu plus d’un mois après leur réouverture. Pour Patrick Dumont, vice-président de Febelhair, la décision du Comité de concertation est injustifée et arbitraire. Interview.

Comprenez-vous cette nouvelle fermeture des salons de coiffure?

Comment voulez-vous être d’accord avec cette fermeture, quand Monsieur Vandenbroucke reconnaît lui-même, lors du debriefing au terme du Comité de concertation, que les métiers de contact ne sont en rien responsables de ce qui leur arrive, mais qu’il est nécessaire de limiter les contacts. Donc une fois de plus, les métiers de contact sont obligés de subir tout cela de plein fouet. Par contre, on peut continuer à aller à la mer, dans les Ardennes. Les clients continuent à se rendre dans les pays voisins pour aller se faire coiffer. On connaît les faiblesses des mesures qui ont été prises antérieurement, mais on applique la même bonne vieille recette.

Les mesures ne sont donc pas justifiées, selon vous?

Les mesures ne sont absolument pas justifiées. A partir du moment où ils reconnaissent eux-mêmes que nous n’étions pas clusters, je ne vois pas pourquoi de manière arbitraire, un secteur qui vient à peine de rouvrir soit obligé de refermer. Après 20 jours d’ouverture, on nous referme. On nous considère vraiment comme un frigo. On ouvre, et on referme la porte, comme ça, quand on en a besoin.

On ne comprend plus les mesures, et on pense qu’il y a de moins en moins de gens qui les comprennent. C’est inquiétant. Il a toujours été dit que pour que ces mesures soient efficaces, il fallait que les gens y adhèrent. Or, plus le temps passe, moins les gens se conforment.

Moralement, c’est un nouveau coup de massue pour le secteur…

Moralement, et financièrement. Les deux sont liés. Je ne vois pas comment les politiques peuvent comprendre les indépendants puisqu’ils ne vivent pas la situation dans laquelle nous nous trouvons. Les conséquences économiques vont être désastreuses pour le secteur. On nous oblige à fermer vendredi soir, on n’aura peut-être même pas le temps d’appeler tous les clients qui avaient pris rendez-vous samedi. Si les entreprises devaient traiter leurs clients comme le gouvernement traite les indépendants et les PME, ce serait ‘faillite’ depuis bien longtemps.

Quelles mesures de soutien demandez-vous?

A l’heure actuelle, on impose aux indépendants, pour avoir le droit passerelle en Région Bruxelles-Capitale, de comparer leurs chiffre d’affaires de février 2021 avec celui de février 2019. Ce n’est pas anodin de demander cela, car les entreprises, après trois mois de confinement, n’ont pas enregistré une baisse de 40% de leur chiffre d’affaires entre le 13 et le 28 février. Donc ça leur permet de ne rien devoir verser aux entreprises, alors qu’ils savent que depuis la première semaine du mois de mars, c’est de nouveau le grand désert dans les salons de coiffure et dans les instituts de beauté. C’est un vrai scandale.

Les conséquences économiques vont être désastreuses.

Avec le soutien de Denis Ducarme (MR), nous avions introduit une demande pour avoir un abaissement du taux de TVA à 6%. Il ne faut pas non plus tout mettre à la poubelle. Les primes régionales et fédérales qui ont été mises en place, même si elles s’avèrent insuffisantes, ont contribué, malgré tout, à pouvoir maintenir, pour certains, la tête hors de l’eau. Pour les entreprises saines et rentables avant la crise du covid, du moins. Quand ces primes cesseront, il faudra prendre des mesures pour faire en sorte qu’après, on puisse relancer la machine. On a vraiment besoin de mesures qui vont soutenir l’économie pour la relance.

Comment vous et vos membres allez affronter l’avenir?

On n’effacera pas cette année désastreuse en deux coups de cuillère à pot. Cela ne sert à rien d’avoir investi pour maintenir des entreprises en survie, si c’est pour les laisser mourir le jour où elles doivent remettre le pied à l’étrier.

Il faut aussi tenir compte de l’aspect commercial. Quand un client ne vient plus dans un commerce pendant trois mois et demi, et lorsque d’un autre côté, on continue à imposer le télétravail, cela aura un impact sur de nombreux commerces.

Nous recevons énormément d’appels de membres qui ne savent plus quoi faire. Bon nombre d’indépendants nous ont signalé qu’ils diffèreraient leur paiement de cotisation à la fédération, car ils ne sont plus sûrs de pouvoir rouvrir.

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