Le pic de l’inflation pourrait se sentir pour cet hiver

Paolo GentiloniSelon le commissaire européen à l'Economie, les prix devraient recommencer à baisser en 2023. © Belgaimage

Malgré la flambée du coût de l’énergie, les prix devraient commencer à s’assagir au printemps, tout simplement parce que l’économie sera au ralenti.

Avons-nous atteint le pic de l’inflation? Chaque semaine, un économiste ou un homme politique tente de l’annoncer et est contredit quelques jours plus tard par des statistiques toujours plus angoissantes. Car la hausse des prix se poursuit. Selon Eurostat, elle a atteint 9,1% en août dans la zone euro et même 10,5% en Belgique (la méthode de calcul européenne diffère un peu de celle de Statbel pour qui l’inflation a atteint 9,94% en août dans notre pays). Jusqu’où cela s’arrêtera-t-il?

En juin, le Bureau du Plan avait annoncé que l’inflation commencerait à lentement décroître à partir du mois d’octobre, puis tout au long de l’an prochain pour se retrouver à 2% fin 2023. Mais avec la fermeture désormais complète de l’approvisionnement en gaz russe et la très grande nervosité sur les marchés de l’énergie, cette prévision est sans doute trop optimiste.

Elle reste toutefois judicieuse, bien qu’il faille revoir son calendrier. Car même si le refroidissement des prix devait prendre plus de temps que prévu, il n’est pas remis en question. Tout simplement parce que les prix ne peuvent pas flamber si la demande se tasse, surtout dans un marché de l’énergie découplé (le marché européen est sous tension, l’asiatique l’est moins et l’américain encore moins). Or, nous nous acheminons vers un tassement sévère de l’activité dans de nombreux pays.

Inflation ou croissance

Dans les pays de l’OCDE, les banques centrales ont choisi de sacrifier la croissance sur l’autel de la lutte contre l’inflation. Elles sont décidées à remonter rapidement leur taux d’intérêt et casser dans l’oeuf la mauvaise spirale prix-salaires. La Chine, pour sa part, est soumise à de nouveaux confinements et on voit se propager une crise immobilière qui pourrait se révéler gigantesque.

Hausse des taux, confinement, crise… Il est donc très probable que nos économies tournent au ralenti ces prochains mois. Et si l’activité ralentit, la demande en énergie se réduit. Anticipant une chute de la demande de pétrole, l’Opep (organisation des pays producteurs) a d’ailleurs annoncé une (petite) réduction de sa production dès ce lundi.

Chez les économistes, beaucoup tablent donc sur un pic de l’inflation cet hiver et un assagissement à partir du printemps prochain. Beaucoup de prévisions tournent autour d’une inflation moyenne de 4% l’an prochain. C’est pour cette raison, d’ailleurs, que les marchés financiers restent (relativement) sereins: le rendement de l’obligation belge à 10 ans évolue aux environs de 2,3%, ce qui montre que les anticipations d’une inflation basse à long terme restent ancrées dans le marché. Si ce dernier pensait que l’inflation allait s’installer durablement, ces taux seraient bien plus élevés. Mais évidemment, rien ne dit que les marchés ont toujours raison.

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