Fabrice Brion (I-Care) après l’élimination de la Belgique: “Le diable se cachait dans les détails”

Romelu Lukaku pleure dans les bras de Thierry Henry. © Belga
Olivier Mouton
Olivier Mouton Chef news

Le CEO d’I-Care refuse de parler comme certains d’accident industriel, remercie les joueurs et continue à croire que la professionnalisation de l’encadrement de l’équipe nationale pourrait porter ses fruits à l’avenir.

Fabrice Brion, CEO d’I-Care, accompagne Trends Tendances pour suivre le parcours des Diables rouges, qui se termine malheureusement de façon prématurée après le match nul contre la Croatie.

Quel est votre sentiment au lendemain de cette élimination?

On s’y attendait un peu, c’était du 50/50, mais je trouve qu’il n’a pas manqué grand-chose. Nous ne sommes pas éliminés à 80/20, mais à 51/49. Il a manqué un petit but, mais nous avons eu de franches occasions. On l’a vu: si Lukaku avait pu jouer les trois matchs, le scénario aurait été différent parce qu’avec deux ou trois défenseurs en permanence sur lui, cela crée de l’espace pour les autres, ce qui a cruellement manqué contre le Maroc. En plus, si on avait mis ce petit but, on tombait contre le Japon au tour suivant, ce qui était moins pire qu’espéré au départ contre l’Espagne ou l’Allemagne.

Avez-vous un sentiment de tristesse par rapport à une génération dorée qui n’a pas délivré ce qu’elle aurait pu délivrer?

Je ne suis pas nostalgique. Je les remercie pour ce qu’ils ont fait et je pense qu’on doit le faire. Tout en me disant qu’on n’est vraiment pas passé loin… C’est aussi un enseignement pour le monde de l’entreprise: le diable se cache dans les détails.

Certains parlent d’un “accident industriel” ou d’une “humiliation” comme on n’en pas vécue depuis longtemps. Une remise en question plus profonde ne doit-elle pas avoir lieu?

Je dirais plus que c’est un accident qu’une humiliation. Je ne pense pas qu’on ait été ridicule et on montait en puissance dans ce tournoi. Tous les grands clubs s’organisent pour que leurs joueurs soient à leur plein potentiel en avril-mai. Si on fait une Coupe du monde en décembre, forcément, les joueurs ne sont pas au plein potentiel de leur saison. Pour une équipe âgée comme la nôtre, c’est normal que l’on souffre davantage qu’une autre du fait de ne pas être à ce plein potentiel. Mais on a vu une claire montée en régime durant les trois matchs. Je crois que s’il y avait eu deux ou trois matchs amicaux avant le tournoi, on serait passé sans problème.

Je le redis, même si je suis le seul à le penser : il n’a pas manqué grand-chose.

Vous n’utiliseriez pas le terme d’accident industriel?

Non. Un accident industriel, c’est quand on échoue complètement, ce qui n’est pas le cas ici. Sans rien changer, avec un brin de chance que l’on a eu à d’autres moments, on passait. Peut-être pas avec les honneurs, avec la même facilité ou le même beau jeu qu’il y a quatre ans, mais on passait. Un accident industriel, c’était si on n’avait vraiment pas mérité la qualification. Or, on la mérite au moins autant que la Croatie.

Avez-vous le sentiment que ces expressions fortes expriment une forme de désamour?

J’ai lu la presse ce vendredi matin et je trouve que la tonalité est plutôt positive et correcte. Le Soir dit également qu’il faut les remercier, La Libre est correcte aussi. J’ai vu hier Frédéric Waseige dire qu’ils nous ont fait pleurer positivement et aujourd’hui ils nous font pleurer dans la défaite.

Il y a eu de beaux gestes aussi, même si je regrette toujours qu’il n’y ait pas eu de contestation de l’organisation au Qatar. On parlait de tensions entre Trossard et Hazard, on laisse Trossard jouer en titulaire, c’est un message fort. On parlait de tensions entre Hazard et De Bruyne, mais quand Hazard monte sur le terrain, De Bruyne se précipite pour lui donner le brassard de capitaine, c’est un autre message fort.

Pensez-vous que c’est la fin d’une génération dorée?

Toute Coupe du monde marque la fin d’une génération. Il y a déjà des joueurs emblématiques qui sont partis comme Kompany après la dernière, Van Buyten avant lui… Il y a un renouvellement qui est normal.

Aura-t-on encore une “génération dorée”? Je prends toujours l’exemple de la France : sa génération dorée était celle de Papin et Cantona, mais ce n’est pas celle qui a gagné la Coupe du monde. En 1998, l’équipe de Zidane était considérée comme des petits jeunes qui venaient après la génération dorée et qui n’avaient jamais rien fait. Cela ne veut donc pas dire qu’on n’aura plus de belles émotions avec les Diables dans le futur.

Avec Roberto Martinez qui s’en va, est-ce une page qui se tourne et comment faut-il écrire la prochaine?

C’est une page qui se tourne, bien sûr, je pense qu’il a eu un impact plus large sur le football belge que l’équipe nationale. Il a aidé à professionnaliser toute la Fédération. On parlait la dernière fois de l’importance que l’argent du football percole dans les écoles de jeunes, parce que c’est une école de vie importante, et je pense qu’il a effectivement eu beaucoup d’effets sur ces écoles.

Il va falloir le remplacer. J’aimerais bien que l’on ait un entraîneur belge. On verra…

Le football belge a-t-il franchi un cap avec lui?

Un de mes employés est scout pour la Fédération, il me dit que l’on ne peut pas imaginer le travail de fond qui a été accompli par Martinez. En termes de scouting, il me dit que c’est le jour et la nuit. Cela a l’air simple, mais tout est préparé, chaque équipe potentiellement rencontrée est scoutée, les statistiques de chaque joueur sont passées en revue… Ce n’était pas du tout le cas avant.

En tant que CEO, pensez-vous que la réussite passe par une professionnalisation de tous le srouages?

Absolument, c’est pour cela que je dis que le diable se cache dans les détails. Je discutais récemment avec Jean-Jacques Cloquet me disant combien les enquêtes de satisfaction des passagers sont importantes pour le succès d’un aéroport et à quel point on ne peut pas imaginer à quel point la propreté des toilettes est un critère décisif. C’est un détail, mais c’est ce qui fait la différence dans l’expérience du client. Le professionnalisme, c’est ne rien laisser au hasard.

Continuerez-vous à suivre cette Coupe du monde?

Je n’ai regardé que les matchs des Diables. Le comble, c’est que je pars ce vendredi soir en mission princière au Japon, j’aurais été là-bas pour Japon – Belgique. C’est d’autant plus frustrant.

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