Fabrice Brion (I-Care) sur le match des Diables rouges: “Le résultat l’emporte sur la manière”

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Olivier Mouton
Olivier Mouton Chef news

Le CEO se réjouit de la victoire difficile contre le Canada, en comparant avec le monde de l’entreprise : “En Europe en général, et en Wallonie en particulier, on n’a pas assez la culture du résultat”. Il regrette, par contre, l’absence de geste pour dénoncer l’interdiction du brassard “One Love”.

Fabrice Brion, CEO d’I-Care, accompagne Trends Tendances pour analyser les Diables rouges durant ce Mondial et établir des parallèles avec le monde de l’entreprise. Son regard après la victoire compliquée de la Belgique devant le Canada (1-0).

Que ce fut difficile…

Si on compare le monde de l’entreprise et celui du foot, je pense justement qu’en Europe en général, et en Wallonie en particulier, on n’a pas assez la culture du résultat. On doit se dire que le résultat compte plus que la manière et mercredi soir, on a eu le résultat sans la manière.

On dit aussi que les équipes gagnant péniblement vont loin.

C’est une Coupe du monde qui va se jouer sur le physique parce qu’il fait chaud, parce qu’elle arrive à un moment de la saison où les joueurs ne sont pas à l’optimum de leur préparation en équipe nationale, et nous avons gagné un match en marchant. On n’a pas été chercher dans les réserves. Prendre les trois points de la sorte et avoir, en même temps, la chance que les deux autres équipes du groupe (Maroc et Croatie) se neutralisent en faisant match nul, on ne pouvait pas mieux commencer. Après, oui, c’était moche…

Le résultat doit-il primer sur l’image?

Souvenez-vous la demi-finale contre la France lors de la Coupe du monde 2018, on avait la manière et pas le résultat. Aujourd’hui, c’est l’inverse. Bien sûr, on aimerait avoir les deux, mais à choisir, je préfère que ce soit la manière qui manque.

C’est un bon début?

Un début encourageant, en tout cas. Nous avons un super gardien. On se demandait un peu ce qu’Alderweireld et Verthongen allaient faire là, ils ont fait un match exceptionnel. De Bruyne a fait un très bon match, Hazard a fait de très bonnes soixante minutes. Même si on n’a pas bien joué en équipe, pour ces cinq-là, c’est encourageant, oui.

Un petit mot de l’extra-sportif?

C’est ma principale déception. Que ce soit de la part d’Eden Hazard ou un autre, il n’y a eu aucun geste. Je trouve, par exemple, que les joueurs iraniens sont exemplaires parce qu’ils ont risqué beaucoup plus qu’un carton jaune en boycottant l’hymne national. C’est dommage qu’il n’y ait pas eu un geste de protestation.

La ministre des Affaires étrangères, Hadja Lahbib, a porté le brassard “One Love”. C’est le politique qui porte le message politique et les sportifs restent sur le sportif?

Pourquoi pas, c’est vrai. Un événement sportif comme celui-là a l’avantage de mettre les choses en lumière, tant qu’on pose des gestes pour le faire, c’est important, à plus long terme, cela peut porter ses fruits. J’espère que l’on pourra dire un jour que des choses ont changé au Qatar après 2022.

La suite, c’est le Maroc dimanche. Votre sentiment?

On a la chance d’avoir eu ce match nul entre le Maroc et la Croatie, puisque l’on peut se qualifier dès dimanche. Nous sommes dans une position beaucoup plus confortable.

D’autant qu’il y a des surprises lors de cette Coupe du monde, non?

Quand on voit l’Allemagne ou l’Argentine, en effet, on peut être satisfait du résultat. L’Allemagne a joué mieux que nous, mais n’a pris aucun point.

Cela peut-il être une stratégie de la part des Diables d’avancer masqués?

En 2018, la France a été très laborieuse jusqu’en quart ou en demi-finales. Pourquoi pas ? On a une équipe âgée, on va avoir un tournoi difficile d’un point de vue physique, il ne faut certainement pas donner tout dès le début.

Est-ce une stratégique que l’on applique également en entreprise?

En ce qui me concerne, je dis toujours que je ne jette toutes mes forces dans la bataille que quand je suis sûr qu’elle sera gagnée. C’est à peu près la même chose.

C’est-à-dire?

Il ne faut pas gaspiller ses forces au moment où cela ne sert à rien. Dans toute situation, dans tout contrat, dans toute négociation, il y a un momentum dont il faut profiter.

Avant cela, ça ne sert à rien. C’est un peu la même chose, aussi, avec notre levée de fonds de ces derniers mois : on ne l’a pas fait plus tôt parce que le marché n’était pas dans une phase de croissance suffisante. On aurait eu l’argent il y a cinq ans, nous l’aurions brûlé sans avoir plus de chiffre d’affaires qu’aujourd’hui. Tandis qu’aujourd’hui, c’est le bon moment, le marché est là, les clients sont convaincus, c’est le moment où il faut mettre ses forces financières et humaines dans la bataille.

Gérer la montée en puissance, donc, on a peut-être assister au début d’une victoire…

J’espère que c’est ce que Roberto Martinez a derrière la tête.

Vous seriez un peu les mêmes?

En tout cas, j’ai déjà assisté à une conférence de sa part et cela m’a beaucoup inspiré.

On dit parfois qu’il est conservateur dans ses choix de sélection…

Je m’y retrouve aussi. On m’a dit que je ne pourrais jamais continuer la croissance d’I-Care avec mes équipes du début, mais nous avons aujourd’hui 10% de notre personnel qui a plus de dix ans dans la boîte, pratiquement tous ceux du début sont restés. Et on a réussi cette croissance en étant “conservateur”.

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