Eva De Bleeker, ministre du Budget: “Nous ne pouvons pas reporter tous les efforts d’assainissement”

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Christophe De Caevel
Christophe De Caevel Journaliste Trends-Tendances

Malgré de nouvelles dépenses liées à la guerre en Ukraine, Eva De Bleeker (Open Vld) rappelle la nécessité d’éviter un effet boule de neige, avec un déficit 2022 estimé à 16 milliards pour le fédéral et 24 milliards pour l’ensemble du pays.

1. Le dernier rapport du comité de monitoring indique que le déficit de l’exercice 2022 devrait être un peu moins important que prévu. Est-ce un soulagement pour vous à la veille du contrôle budgétaire de printemps?

Le déficit structurel de la Belgique est énorme et nous devons rester bien focalisés sur sa réduction. L’actualité nous a montré l’importance de pouvoir disposer de réserves pour faire face aux crises, présentes et à venir. On ne peut pas laisser aller les choses. Nous avons défini une trajectoire, nous devons nous y tenir. J’entends bien les rêves de quelques-uns, selon qui nous pourrions faire à peu près n’importe quoi et investir sans compter, en profitant des taux d’intérêt actuels. Mais ces taux vont repartir à la hausse, il serait irresponsable de ne pas en tenir compte.

2. Peut-on raisonnablement poursuivre ces efforts budgétaires, alors qu’il y a une guerre sur le continent européen?

La solidarité humanitaire et militaire, nous devons bien entendu la continuer, tout comme nous devons aider les citoyens et les entreprises à traverser cette période. En parallèle, nous devons aussi tenir compte des effets indirects de cette crise sur notre croissance économique et envisager la situation sur le long terme. Nous ne pouvons pas reporter tous les efforts d’assainissement à cause de ces circonstances. L’accord de gouvernement prévoit une série de réformes importantes et, avec mes lunettes budgétaires, je veillerai à ce que chacun s’y tienne. Je songe notamment à la réforme du marché du travail, qui doit faire en sorte qu’il y ait, demain, plus de personnes qui paient des cotisations et moins qui reçoivent des allocations. C’est essentiel pour l’amélioration structurelle de nos finances publiques.

3. L’agence Fitch a conservé la notation AA- de la Belgique. Redoutiez-vous une dégradation de la note, vu l’importance du déficit et de la dette publique?

Ils restent confiants en notre volonté d’assainir notre situation budgétaire et d’implémenter les réformes prévues pour améliorer l’économie belge de manière structurelle. A moi maintenant d’encourager mes collègues à le faire et à concrétiser l’accord de gouvernement. L’agence de la dette effectue un travail remarquable pour que notre dette reste soutenable. Mais nous voyons bien que les taux d’intérêt augmentent un peu partout. Par rapport au budget initial, notre charge d’intérêt augmenterait de 206 millions en 2022 pour atteindre 6,4 milliards d’euros. Et l’an prochain, les effets du vieillissement se feront sentir. Il y a un risque d’effet boule de neige, si nous n’y prenons garde. Nous ne pouvons pas abandonner tous nos efforts budgétaires à cause de l’Ukraine, c’est mon job de rappeler cela à mes collègues, lors du contrôle budgétaire.

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