Des “fleurons” wallons à relancer: deux aéroports sur les bras

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Robert Van Apeldoorn
Robert Van Apeldoorn Journaliste Trends-Tendances

C’est la crise pour les aéroports wallons. Liège a perdu la tête (en l’occurrence, son CEO) et Charleroi, ses jambes (ses passagers). Un souci pour l’exécutif wallon, qui espère redresser la barre en professionnalisant les conseils d’administration.

Le Covid et la crise Nethys ont bouleversé en quelques mois les aéroports wallons. Celui de Charleroi a perdu l’an dernier 69% de ses passagers pour cause de coronavirus, et ça continue. Celui de Liège, épargné par les effets de la pandémie, a accueilli un volume record de fret l’an dernier mais traverse une crise managériale avec le départ forcé de son CEO, Luc Partoune, démis par le conseil d’administration.

Pour le ministre de tutelle des aéroports wallons, Jean-Luc Crucke, ce qui était présenté comme des moteurs économiques pour la Wallonie est devenu un paquet de soucis. A Liège comme à Charleroi, les aéroports régionaux ont été développés, subsidiés et choyés au nom de l’emploi. Leurs sociétés de gestion sont peu ou prou contrôlées par le public: la Région wallonne pour Brussels South Charleroi Airport (BSCA), avec un actionnaire privé minoritaire (Save) ; la Région et la province à Liege Airport (via Nethys). Avec des administrateurs nommés, historiquement, selon une répartition politique. Cette approche a dérivé parfois vers des renvois d’ascenseur malsains et souffre d’un manque de compétence technique parmi les administrateurs.

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Ces derniers mois, le monde politique a fini par admettre qu’il fallait revoir les choses. A la faveur du renouvellement du management de Nethys, grand actionnaire de Liege Airport, les administrateurs de ce dernier ont été écartés au profit de représentants professionnels, tel Stéphane Burton, CEO de Sabena Aerospace, qui a choisi de changer le management. Rien de tout cela ne devrait affecter les activités de Liege Airport. “C’est un mal pour un bien, confie un des acteurs de l’aéroport. Les opérations seront plus sereines, il est plus sain que le conseil d’administration et la direction soient totalement indépendants les uns des autres.”

Les aéroports wallons, qui étaient présentés comme des moteurs économiques pour la Wallonie, engendrent aujourd’hui un paquet de soucis.

Décisions attendues à Charleroi

A Charleroi, le ministre Jean-Luc Crucke a obtenu fin 2020 la nomination d’un groupe de travail présidé par Gilles Samyn, un ancien dirigeant du groupe d’Albert Frère, pour réviser le modèle économique de Brussels South. Car cet aéroport n’est plus rentable, même quand il dépasse les 8 millions de passagers (données 2019). Le groupe s’est réuni plusieurs fois. Les conclusions sont attendues.

La pandémie a, de surcroît, largement aggravé la situation. Brussels South survit car les paiements des redevances pour l’infrastructure, versées à la Sowaer (Région wallonne), ont été suspendus. Il est aussi plus impacté que d’autres car il assure lui-même le handling (transport des bagages vers et depuis les avions, accueil au check-in) et occupe 700 personnes, activité que les autres aéroports confient à des sociétés tierces. Et l’on estime que le retour à un trafic normal prendra trois à quatre années. Comme à Liege Airport, le conseil d’administration devrait être professionnalisé. Gilles Samyn y est entré en novembre dernier, d’autres suivront cette année. La Région devra sans doute renflouer l’aéroport, avec l’accord de la Commission européenne. Cela ne pourra se faire sans une base nouvelle pour relancer BSCA sur une perspective durable.

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