Commerce: accord in extremis sur une déclaration commune avant le sommet UE/Chine

Li Keqiang, le Premier ministre chinois, avec Donald Tusk et Jean-Claude Juncker. © BelgaImage

L’Union européenne et la Chine doivent signer mardi à l’occasion d’un sommet à Bruxelles une déclaration commune, conclue in extremis en raison des résistances persistantes de Pékin à s’ouvrir aux entreprises européennes.

“Il y a eu un accord (lundi) soir”, a affirmé une source européenne. “La déclaration finale est un peu plus ambitieuse que celle de 2018. Mettre la pression jusqu’au dernier moment s’est avéré payant”, a-t-elle ajouté.

Faute d’engagements jugés suffisants de la part de Pékin, un tel accord semblait, aux yeux des Européens, de plus en plus improbable au fil des discussions la semaine dernière.

Le président du Conseil européen, Donald Tusk, avait même “recommandé aux États membres” de “rejeter le projet de déclaration” en l’état, les Chinois restant réticents à garantir “un accès au marché et des conditions de concurrence égales” pour les entreprises européennes opérant chez eux.

Mais ils ont finalement accepté des concessions au cours du week-end et lundi, en particulier en faveur d’un renforcement de la législation sur les subventions industrielles des Etats “dans le cadre de l’OMC”, un sujet cher aux Européens.

Le texte mentionne également que “les transferts forcés de technologies”, dont sont accusées les entreprises chinoises, devraient être évités.

M. Tusk et le président de la Commission européenne Jean-Claude Juncker représenteront l’UE lors du sommet face au Premier ministre chinois Li Keqiang, avec lequel ils évoqueront leurs inquiétudes face à la politique de Pékin.

“Nous expliquerons que les entreprises européennes en Chine doivent jouir des mêmes droits que les entreprises chinoises en Europe”, a souligné M. Juncker mardi lors d’un colloque avant le sommet.

Pris en tenaille entre l’unilatéralisme américain et l’expansionnisme chinois –incarné par le projet de “nouvelles routes de la soie” et des investissements massifs, en particulier sur leur marché– les Européens cherchent à rééquilibrer leurs rapports diplomatiques et commerciaux avec le géant asiatique.

– “Xi a parlé” –

La Commission a publié le 12 mars un plan en dix points pour une relation plus affirmée avec la Chine, qualifiée de “rivale systémique”.

Dans la foulée, elle a présenté une approche européenne pour sécuriser la 5G dans l’UE, afin de répondre aux soupçons d’espionnage liées aux groupes chinois comme Huawei.

Un cadre européen de contrôle des investissements étrangers dans les secteurs stratégiques, visant essentiellement la Chine, doit par ailleurs entrer en vigueur ce mois-ci.

Ce “réveil européen” a été salué par le président français Emmanuel Macron, qui a de son côté organisé une rencontre à quatre fin mars à Paris avec le président chinois Xi Jinping, la chancelière allemande Angela Merkel et Jean-Claude Juncker.

Par la voix de ses deux plus grandes économies, l’UE a ainsi pu faire valoir ses préoccupations directement au puissant président chinois.

M. Macron avait exhorté la Chine à “respecter l’unité de l’Union européenne”, quand Pékin est soupçonné de jouer la division par sa politique d’investissements, en concluant des accords séparés avec chaque pays.

“La Chine n’a pas l’intention de diviser l’Europe, ni la capacité de diviser l’Europe”, a assuré le vice-ministre des Affaires étrangères chinois, Wang Chao, peu avant le départ en Europe du Premier ministre Li.

Pour certains analystes, ce mini-sommet parisien a fortement réduit l’intérêt du sommet de Bruxelles.

“Le sommet sur la Chine a déjà eu lieu. Sans la France et l’Allemagne dans la même pièce, pour la Chine, ce n’est pas l’Europe (…) Xi a déjà parlé. Xi a déjà serré la main de ses homologues”, explique à l’AFP Hosuk Lee-Makiyama, directeur du think-tank ECIPE à Bruxelles.

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