Comment faire fonctionner l’économie grecque ?

Une statue du philosophe grec Socrate. © Reuters

“Le problème de la Grèce, c’est que son économie ne fonctionne pas”, répète l’économiste Geert Noels, d’Econopolis, à qui veut l’entendre.

“Cet Etat est un échec car son économie n’est pas viable et n’offre aucune perspective d’avenir à son peuple.” Des propos durs, qui cachent un message très simple: ce ne sont pas des milliards nécessaires pour honorer ses prochaines échéances de remboursement dont a besoin la Grèce, mais d’huile dans les rouages de son économie pour retrouver de la croissance. Cette huile, elle seule en a la recette – reste à savoir si le gouvernement grec parviendra à l’administrer autrement qu’au compte-gouttes. “Car je crains que dans cinq ans, nous nous retrouvions exactement dans la même situation qu’aujourd’hui”, avertit Geert Noels.

A l’heure actuelle, tout le monde semble d’accord pour dire que l’éradication du clientélisme est le prérequis indispensable à la relance de l’économie grecque. Sans cela on ne peut espérer introduire une stabilité fiscale sur le long terme. Or, c’est un fait, les Grecs ne supporteront pas de taxes supplémentaires. En finir avec cette corruption rampante, c’est professionnaliser l’administration fiscale (pas une mince affaire, si l’on en croit les experts déjà envoyés sur place par la Commission…), briser les cartels d’oligarques qui dominent l’économie et pervertissent l’appareil politique et déplacer les efforts du public vers le privé.

Car jusqu’ici, le secteur public grec, hypertrophié et ultra-privilégié, anesthésiait l’économie au détriment d’un secteur privé atone. Lui donner de l’oxygène, débrider le potentiel entrepreneurial des Grecs et favoriser la création d’entreprises, voilà le principal défi d’Alexis Tsipras, qui n’a il faut bien l’admettre pas encore vraiment pu montrer de quoi il est capable. Mais pour créer de la valeur ajoutée dans le privé, il devra cependant faire preuve de créativité, car l’industrie grecque n’est malheureusement pas une industrie de pointe : le tourisme, le transport maritime, l’agriculture – qui vaut d’ailleurs à la Grèce l’octroi d’une bonne part des budgets de la PAC, la politique agricole commune européenne – sont ses principaux atouts. Avec le renouvelable, qui présente un potentiel de développement considérable en raison du climat exceptionnel grec. Le salut de la Grèce viendra-t-il d’Hélios et Eole ? Peut-être. Mais il faudra surtout détruire les mythes qui minent son économie pour asseoir cette dernière sur des fondamentaux solides et bien réels.

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