Après la crise, un Belge sur trois aimerait pouvoir travailler à domicile au moins une fois par semaine

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Un nombre record de salariés ont télétravaillé en mars, dépassant le seuil maximal enregistré durant la période initiale de la pandémie de coronavirus. Selon un prestataire de services RH, 45% des salariés ne souhaitent plus travailler à domicile

Un nombre record de salariés ont télétravaillé en mars, dépassant le seuil maximal enregistré durant la période initiale de la pandémie de coronavirus. C’est ce qu’indique mardi la société de gestion des ressources humaines Attentia, à la veille du premier assouplissement des règles en la matière. D’après SD Worx, un Belge sur trois aimerait pouvoir travailler à domicile au moins une fois par semaine après la crise.

Les cadres et dirigeants plus adeptes du télétravail

Selon Attentia, les employés ont travaillé un nombre record d’heures à domicile en mars, avec 41,5% des heures prestées à distance. Pour les cadres et dirigeants, cette proportion était même de 65,3%. Le précédent record, établi en mars 2020, était, respectivement, de 40,1% et 62%. “Cela semble confirmer que le télétravail continuera à jouer un rôle clé à l’avenir, même s’il n’est plus obligatoire à partir du 1er juillet”, commente Attentia, qui a compilé les chiffres auprès de ses entreprises clientes.

Un cadre de télétravail durable est désormais nécessaire

D’après le spécialiste RH, le chômage temporaire reste stable et l’absentéisme de courte durée est en baisse. La flexibilisation du travail – par exemple avec le travail à domicile – devra être un point d’attention pour les entreprises qui préparent le retour au bureau, préconise Attentia. Un “cadre de télétravail durable” est nécessaire dans les entreprises alors que la fin de la période corona se profile à l’horizon.

À partir du 1er juillet, le télétravail ne sera plus obligatoire

Selon SD Worx, autre prestataire de services RH, 45% des salariés ne souhaitent plus travailler à domicile. Les entreprises devront donc encore freiner leurs ardeurs. Un premier assouplissement en la matière entrera en effet en vigueur ce 9 juin : le télétravail reste obligatoire mais, à partir de ce mercredi, un moment de retour par semaine sera possible. Il existe également des limites au nombre d’employés qui peuvent être présents en même temps.

A partir du 1er juillet, le télétravail ne sera plus obligatoire mais restera toujours recommandé. D’autre part, toujours selon SD Worx, un Belge sur trois veut, en revanche, continuer à travailler à domicile au moins une fois par semaine. Un pourcentage plus élevé pour les femmes (39,8%).

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D’après une enquête du prestataire de services RH Tempo-Team, une personne sur cinq estime que son lieu de travail a besoin d’un lifting alors que se profile un retour progressif au bureau. Plus d’un salarié sur trois (39%) se plaint entre autres du bruit ambiant sur son lieu de travail et un sur cinq estime que trop de personnes travaillent au même endroit. Un quart des interrogés indiquent devoir travailler avec une lumière artificielle et près de la moitié disent qu’il faudrait investir davantage dans l’ergonomie.

L’hygiène sur le lieu de travail devrait faire l’objet de plus d’attention

Enfin, 14% des sondés estiment que l’hygiène sur le lieu de travail devrait faire l’objet d’une plus grande attention. “Lorsque les travailleurs disposent d’un lieu de travail agréable, cela a un réel impact sur leur motivation et leur bien-être”, explique le professeur Anja Van den Broeck (KU Leuven). “Par exemple, nous constatons qu’une moins bonne santé mentale et physique est liée à un lieu de travail qui présente des défauts : nuisances sonores, beaucoup de personnes ensemble, absence de lumière du jour et nettoyage superficiel.” D’après l’experte, les employeurs choisissent trop souvent de faire des économies, par exemple sur le nombre de postes de travail. “Ils ne doivent cependant pas sous-estimer les coûts en termes de bien-être et de santé.”

Trop de télétravail diminue ses effets bénéfiques

C’est ce qui ressort d’une étude publiée cette semaine dans la revue de l’UCLouvain “Regards économiques”. Une psychologue de l’ULiège, un économiste et un professeur de management de l’UCLouvain ont croisé leurs regards pour analyser les aspects positifs et négatifs de la pratique afin de proposer des pistes pour l’avenir.

La crise du coronavirus a amené 40 à 60% des Belges à télétravailler, accélérant brutalement sa diffusion. Plébiscitée par une part des travailleurs et implantée durablement dans les nouvelles habitudes professionnelles, la pratique en développement peut avoir une incidence sur nos manières de travailler, de consommer et de vivre.

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Plus de deux jours de télétravail atténuerait la productivité

Selon les scientifiques, au-delà de deux jours de télétravail par semaine, ou de 50% du temps de travail, l’impact positif sur la productivité s’atténue. Par ailleurs, le développement du télétravail peut potentiellement modifier la consommation d’espace de bureau et domestique, dans un mouvement qui risque de dévitaliser les centres urbains et d’affaires. “Les politiques publiques doivent d’urgence proposer des solutions de mobilité afin de faciliter l’accès aux centres urbains, pour les travailleurs, et juguler une potentielle désertion de ceux-ci par les quartiers d’affaire, la mobilité étant le premier facteur de choix pour le télétravail”, soulignent les chercheurs. La pratique intensive du télétravail menace, selon les trois experts, l’existence de communautés de travail au sein des organisations au profit de liens plus formels.

Si le télétravail est source de satisfactions importantes, travailler depuis la maison peut également provoquer de l’inconfort (ergonomie, conflit privé-professionnel ou ambiguïté des attentes notamment). Les experts encouragent dès lors les employeurs à formaliser la possibilité de télétravail et à permettre à leurs salariés d’être dans de bonnes conditions de travail à domicile. “Afin de préserver les liens sociaux, garants d’une performance de long terme, le management doit réguler la présence des équipes de travail en tenant compte de leurs réalités propres”, ajoute l’équipe à l’origine de l’étude. Pour finir, les travailleurs sont invités à organiser leurs temps et espaces professionnels/privés afin de permettre une “conciliation harmonieuse”.

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