Strips en absurdie

Coboy, Indien, Cheval. Des noms bien connus des fans de Panique au village, série d’animation (et long métrage) mettant en scène des petits personnages-jouets au parler bien belge…

Quand ils ont lancé cet ovni télévisuel au tournant des années 2000, Vincent Patar et Stéphane Aubier n’en étaient pas à leur coup d’essai. Plus de 10 ans plus tôt, ces deux inséparables depuis leurs études à Saint-Luc à Liège avaient déjà commis un projet (de dessin animé cette fois) des plus singuliers. Le casting plantait déjà l’ambiance : Pic Pic, un cochon magik (sic), et André, un mauvais cheval, canasson de western colérique qui ” aime bien pinter “. Au programme, des histoires loufoques où la cohérence tenait souvent d’un jeu graphique ou d’un humour de situation cocasse où l’on devinait les prémisses de Panique. Artisanal mais diablement drôle, le Pic Pic & André Shoow deviendra culte, en seulement quelques courts métrages, pour les amateurs d’humour que l’on qualifierait bien de surréaliste si l’on ne considérait l’expression comme usée.

Et plus c’est nul, plus on trouve ça génial.

Quelques épisodes et puis plus rien ? C’était sans compter sur la bonne idée de l’hebdomadaire Moustique de faire appel au duo pour animer d’un strip par semaine son nouveau supplément culturel Mosquito, aujourd’hui disparu. ” Nous ne savions pas très bien quoi faire au début. Est ensuite venue l’idée de strips avec les personnages de Pic Pic et André “, se souviennent Patar et Aubier qui voient aujourd’hui quelque 150 bandeaux dessinés réunis dans un album paru aux éditions Casterman. Une sélection de choix puisque pas moins de 330 épisodes ont été fournis à Moustique entre 2000 et 2008.

Chroniqueurs fous

Dans Pic Pic André & leurs amis, si le duo de personnages principaux demeure, l’univers change quelque peu. En trois ou quatre cases pour chaque épisode, les anciens aventuriers rigolos sont devenus chroniqueurs dans une rédaction, prétexte à nombre de diversions presque contrôlées. ” On les suivait dans leur vie quotidienne en dehors des films, se souviennent les auteurs. Cela permettait de créer un nouvel univers. Un peu comme des comédiens endossant un autre rôle. On leur a donné un métier (ils étaient chroniqueurs pour un journal) et on leur faisait vivre des petites histoires au jour le jour. ”

Le ton est caractéristique des productions du duo, s’interdisant toute référence à l’actualité brûlante et privilégiant les situations cocasses et absurdes, faisant montre de la stupidité des protagonistes. Philippe Geluck, qui signe la préface, résume le talent de Patar et Aubier de la meilleure façon : ” Avoir porté la nullité à des sommets et avoir fait croire que des fulgurances étaient des fourvoiements “. Potache mais pas vulgaire, la série repose aussi sur ses seconds rôles récurrents : l’éléphant qui voulait travailler dans la BD ” style Tintin ” ou encore le copain Dany et sa coiffure improbable, ce qui donne lieu à des gags visuels assez tordants mais toujours bien calibrés. Tout un art de jouer avec les contraintes du format court, qui demande ” à viser juste “. Ces ” petits poèmes en trois cases “, comme les nomment leurs auteurs qui n’avaient jusqu’alors pas fait de bande dessinée, varient les techniques (du dessin au pinceau au photomontage ou collages divers) et se dévorent en famille. Un peu de légèreté bienvenue en ces temps de confinement.

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