Le Consentement

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Qui ne dit mot consent. En écrivant Le Consentement – son premier livre -, Vanessa Springora a tenu à faire démentir le proverbe. Le silence auquel elle met fin est triple. Il y a celui de sa mère qui n’a jamais interdit sa relation avec l’écrivain Gabriel Matzneff de 36 ans son aîné, alors qu’elle n’avait que 14 ans. Celui aussi des cercles littéraires germanopratins des années 1980 qui n’ont jamais levé ne serait-ce que les yeux sur la pédophilie revendiquée et publiée du romancier acclamé et récompensé encore en 2013 du Renaudot de l’essai. Mais elle met fin surtout à son propre mutisme, plus de 30 ans après les faits, vis-à-vis de ce qu’elle croyait être de l’amour, alors qu’il ne s’agissait que d’une soumission à un être narcissique et révéré par ses pairs. L’emprise psychique s’est muée en prison littéraire. Incapable de faire interdire les écrits de Matzneff qui parlait d’elle, l’autrice, et éditrice par ailleurs, était devenue la détenue des mots de l’autre. La solution est venue de ce livre du scandale de cette rentrée de janvier où elle réussit à ” prendre le chasseur à son propre piège, l’enfermer dans un livre “. On connaît la suite (juridique et littéraire), pas encore la fin. Vanessa Springora signe aussi un émouvant livre, fruit d’un patient travail sur soi, sur la manipulation, la bienveillance hypocrite et au final l’amour.

Vanessa Springora, ” Le Consentement “, éditions Grasset, 216 pages, 18 euros.

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