L’Egypte remixée à Mariemont

Pour rejoindre le Musée royal de Mariemont, il faut marcher quelques centaines de mètres dans le domaine du même nom, à la fois lieu de promenade et arboretum comptant notamment de splendides hêtres pourpres et des ginkgos biloba chinois dont on dit qu’ils peuvent vivre 3.000 ans. Trois mille ans… voilà déjà un lien temporel avec l’expo qui se tient ici jusqu’au printemps, Egypte, éternelle passion. Pour le bicentenaire du déchiffrement des hiéroglyphes par Champollion, Mariemont fait en effet une proposition originale: mixer quelques oeuvres égyptiennes anciennes (ou leurs copies) à une majorité de créations diverses de “faiseurs d’Egypte” contemporains. La première catégorie s’honore ainsi d’une acquisition récente: un relief ancestral qui représente un pharaon agenouillé présentant aux dieux une offrande de vases globulaires. Ou encore d’une copie de ce splendide buste de Néfertiti daté du 14e siècle av. J.C., qui nourrit l’imaginaire de l’Allemand Ommo Wille pour son Duckfertiti (sic), soit la royale épouse d’Akhenaton, ici affublée d’une tête de canard sous la coiffe originale. Néfertiti inspire d’ailleurs plusieurs autres objets, comme cette pièce où la monarque se trouve affublée d’une paire de lunettes très actuelles… Mais le plaisir n’est pas que dans le détournement des stéréotypes égyptiens, il s’exprime aussi dans la manière avec laquelle ceux-ci résonnent en termes d’élégance, d’inventivité et de mystère. La bande dessinée est ainsi devenue l’un des terrains les plus étonnants de ce recyclage, par exemple avec le comic américain Batman aux prises avec un certain Anubis. De même que la science-fiction, avec le Français Max-André Rayjean qui utilise les pyramides et les momies dans le roman L’Escale des Zuhls. Et ultime visuel de rayonnement égyptien: l’agrandissement d’une couverture de Vogue où Rihanna, reine actuelle des médias, rend hommage à Néfertiti. Encore elle…