Etre assuré en crise du coronavirus: sept questions à propos de vos différentes couvertures
Assurances hospitalisation, perte de revenu, accidents du travail ou mêmes obsèques… Votre couverture est-elle adaptée à la crise sanitaire actuelle ? Et les montants de certaines primes ne risquent-t-ils pas d’être modifiés ?
La crise sanitaire nous affecte tous, à des degrés divers : certains sont malades, d’autres sont priés de travailler depuis leur domicile – pour autant qu’ils puissent encore travailler – et personne, ou presque, ne peut plus voyager. Dans tous les cas se pose la question de la protection apportée par votre portefeuille d’assurances. Petit tour d’horizon.
1. L’assurance hospitalisation couvre-t-elle l’hospitalisation des personnes infectées par le Covid-19 ?
Depuis le début de la pandémie, plus de 16.000 Belges atteints par le Covid-19 ont été hospitalisés. Cette hospitalisation peut être longue, en particulier pour les patients traités aux soins intensifs. ” L’assurance hospitalisation couvre toutes les hospitalisations en Belgique “, nous rassure Gerrit Feyaerts, chez AG Insurance. En cas d’hospitalisation à l’étranger, tout dépend des conditions générales : certaines polices ne rembourseront pas, d’autres interviendront en Europe, d’autres encore dans le monde entier.
L’assurance prend en charge les honoraires des médecins, les frais de soins médicaux, le prix de la chambre ainsi que le coût des médicaments et du matériel médical. S’y ajoutent les frais de soins ambulatoires, c’est-à-dire les dépenses engagées avant et après l’hospitalisation (visites ou scanners de contrôle, médicaments, etc.). En général, ces dépenses sont remboursées pendant le mois qui précède et les trois mois qui suivent l’hospitalisation. Ces durées peuvent toutefois varier selon la police.
Nul ne sait, à ce stade, si les primes des assurances hospitalisation vont augmenter l’an prochain, compte tenu du contexte. ” C’est théoriquement possible, raisonne Gerrit Feyaerts, mais il est beaucoup trop tôt pour mesurer les retombées de la pandémie. En tout état de cause, le nombre total d’hospitalisations n’augmente actuellement pas puisque tous les soins non urgents ont été reportés et que personne, même maintenant, ne se décide à aller chez le médecin. ” AG Insurance est l’unique assureur en Belgique à continuer à proposer aux particuliers des assurances hospitalisation dont la prime est constante, ce qui signifie qu’elle ne croît qu’en fonction de l’indice médical.
2. La perte de revenu provoquée par le Covid-19 est-elle couverte par l’assurance revenu garanti ?
Les indépendants malades au point de ne pas pouvoir travailler sont souvent totalement privés de revenus. Pour parer à cette éventualité, ils souscrivent généralement une assurance revenu garanti (qui existe du reste pour les salariés et les fonctionnaires contractuels également). ” Si un assuré, infecté par le Covid-19, devient effectivement incapable de travailler, sa police revenu garanti lui payera un revenu de remplacement pour autant qu’il produise un certificat médical et que le délai de carence soit écoulé “, résume Bart Walraet, chez Baloise Insurance. La personne en incapacité de travail à cause d’une quarantaine préventive (et obligatoire) ne pourra donc pas faire appel à ce produit.
Si un assuré infecté par le Covid-19 est incapable de travailler, sa police revenu garanti jouera pour autant qu’il produise un certificat médical et que le délai de carence soit écoulé.” Bart Walraet (Baloise Insurance)
L’intervention dépend du degré d’incapacité de travail, qui doit généralement être de 25 % au moins. Plus le degré d’incapacité est élevé, plus la tranche de la rente payée augmente. A partir d’une incapacité souvent fixée à 67 %, la rente sera intégralement versée. Sachez toutefois que l’assurance revenu garanti ne peut couvrir plus de 80 % du revenu. Elle ne peut en outre intervenir qu’au terme du délai d’attente, dont la durée est fixée par le preneur lui-même à la souscription de la police. Elle peut aller de 1 à 12 mois, étant entendu que plus elle est longue, moins la prime est élevée.
3. Qu’en est-il de l’assurance accidents du travail dans le contexte du télétravail ?
Depuis le début 2019, les salariés qui pratiquent le télétravail structurel ou occasionnel sont protégés, au même titre que les autres travailleurs, par l’assurance accidents du travail de leur employeur. Alors que le télétravail (partiel ou non) est en train de devenir une quasi-norme, cette évolution n’a rien d’anecdotique. Imaginez que pendant vos heures de travail, vous vous blesssiez en vous prenant le pied dans le câble de votre ordinateur, renversiez du thé brûlant sur vous ou chutiez dans l’escalier : ces sinistres, considérés dans l’entreprise comme des accidents du travail, seraient eux aussi couverts par la police de votre employeur. Bon à savoir : l’assurance accidents du travail intervient également sur le chemin de l’école et de la crèche, y compris, toujours, au profit des télétravailleurs.
Le fait d’être couvert par l’assurance accidents du travail de l’employeur ne signifie toutefois pas que l’on soit autorisé à déclarer tout et n’importe quoi. Si vous vous blessez en jardinant ou en repassant pendant votre pause déjeuner, l’incident sera qualifié d’accident dans la vie privée. ” C’est la raison pour laquelle nous recommandons de conclure des conventions claires, notamment à propos des horaires du télétravail et de l’endroit où il est pratiqué. Cela devrait permettre d’éviter bien des discussions avec la compagnie d’assurances “, recommande Inge Verdonck, conseillère juridique chez le spécialiste des ressources humaines Acerta. ” Lorsque le télétravail est structurel, ces conventions sont obligatoirement fixées par un contrat de télétravail. On n’hésitera pas à les prévoir dans le cas du télétravail occasionnel également, par exemple dans un courriel. ”
4. La prime de l’assurance auto va-t-elle diminuer ?
Le long confinement et l’interdiction d’effectuer tout déplacement non essentiel nous ont fait quasiment abandonner la voiture. Qu’adviendra-t-il de la prime, peut-être d’ores et déjà acquittée pour l’année, de l’assurance auto, sachant que les déplacements ne reprennent, semble-t-il, que très lentement ?
Il ne faut en principe pas s’attendre à ce que l’assureur prenne l’initiative de rembourser une partie de la prime. En Belgique, Corona Direct est la seule compagnie à tenir compte du kilométrage réel. ” Nous remboursons, à la fin de chaque année d’assurance, la partie de la prime correspondant aux kilomètres non parcourus, confirme Els Blaton, CEO de Corona Direct Assurances. Le remboursement suit automatiquement la déclaration du kilométrage du véhicule assuré qui précède le décompte final. C’est exactement le même principe que pour les factures d’eau et d’électricité. ” Corona Direct estime actuellement que le nombre de kilomètres parcourus par sa clientèle belge aura diminué de 30 % en moyenne cette année. ” Moins de kilomètres signifie donc une prime moins élevée. Nous prévoyons de rembourser, du fait de la crise sanitaire, 4,1 millions d’euros sur les primes auto “, annonce Els Blaton.
Les assurances auto traditionnelles peuvent éventuellement faire l’objet d’une suspension. Sachez toutefois que si vous optez pour cette solution, votre voiture devra impérativement rester au garage. Il s’agit en outre d’une solution peu pratique sur le plan administratif, que tous les assureurs n’offrent de surcroît pas.
Les polices annulation de voyages n’interviennent pas en cas d’épidémie ou de pandémie ” Danny Smagghe (Touring)
Une petite consolation peut-être : il n’est pas exclu que les primes soient revues à la baisse l’an prochain puisque la sinistralité aura diminué cette année. ” Bien malin qui sait ce que sera notre mobilité au cours des mois qui viennent, souligne Wauthier Robyns, de l’union professionnelle des entreprises d’assurances Assuralia. Je compte, en tout cas, sur la concurrence qui règne sur le marché pour inciter les compagnies à offrir des prix intéressants à leurs clients. Le cas ne serait pas neuf : cela fait plusieurs années déjà que la prime de l’assurance auto obligatoire n’augmente plus au même rythme que l’inflation, puisque les accidents sont moins fréquents “.
Reste que des adaptations éventuelles de primes se font sur la base de données historiques portant sur de plus longues périodes que la crise sanitaire actuelle. Et que si beaucoup de voitures sont restées au garage durant ces dernières semaines, les choses pourraient rapidement changer. ” Ainsi, les entreprises ont redémarré leurs activités depuis le début de ce mois de mai, rappelle-t-on chez Assuralia. Pour des raisons de sécurité, nombreux seront les travailleurs à préférer leur voiture aux transports en commun. Et pendant les mois d’été, il faudra sans doute renoncer aussi aux voyages en avion à l’étranger pour privilégier des vacances en voiture et des excursions d’une journée à l’intérieur du pays… Un ajustement de la politique tarifaire ne pourra par conséquent être évalué qu’après que les assureurs auront digéré cette crise du coronavirus et qu’ils connaîtront les chiffres définitifs pour cette année. ”
5. Mon voyage est annulé : et maintenant ?
Les personnes qui ne peuvent pas partir parce qu’elles sont atteintes par le Covid-19 sont couvertes par la garantie standard de leur assurance annulation (exactement comme si elles souffraient d’autre chose). La situation est tout à fait différente pour celles qui ne sont pas malades mais dont le déplacement est tout simplement annulé du fait du contexte. On sait que les voyages non essentiels à l’étranger resteront interdits jusqu’au 7 juin inclus, et on ignore toujours ce qu’il en sera des vacances d’été. En tout état de cause, les voyages et les vacances annulés du fait de la pandémie ne seront généralement pas couverts par l’assurance annulation. ” Les polices annulation n’interviennent pas en cas d’épidémie ou de pandémie “, confirme Danny Smagghe, porte-parole de Touring. Cet événement est considéré comme une forme de force majeure, que la quasi- intégralité des assureurs excluent de leur couverture. Selon l’organisation de défense des consommateurs Test-Achats, seuls Allianz Partners (contrat Royal Service), Mapfre Assistance (Go Safe) et Test Achats Assurances (Globo) font exception à la règle. Il est cependant inutile de se précipiter : ces compagnies n’interviendront que si le voyage était réservé et la police souscrite avant le début de l’épidémie.
Pour les personnes qui se sont elles-mêmes chargées de la réservation de leur transport ou de leur séjour, le remboursement éventuel dépend donc entièrement de la politique de la compagnie. Les clients ayant acheté un voyage à forfait peuvent s’adresser à leur tour-opérateur. Dans des circonstances normales, l’organisateur du voyage annulé doit proposer une solution équivalente ou un remboursement. Pour éviter d’accabler davantage encore le secteur, la Belgique a décidé d’autoriser exceptionnellement les tour-opérateurs à ne pas accorder de remboursement mais à émettre un avoir d’une durée d’un an au moins, dont la valeur doit être identique à la somme payée.
6. Que se passerait-il si un assuré ne pouvait s’acquitter de sa prime d’assurance ?
Beaucoup de Belges connaissent des difficultés financières du fait de la crise sanitaire. A l’instar de celui des banques, le secteur de l’assurance fait tout ce qu’il peut pour les atténuer. Les compagnies promettent ainsi d'” agir avec souplesse pour les clients en détresse ” au cours des mois qui viennent. Pour les particuliers, tant le paiement des intérêts que le remboursement du capital du crédit hypothécaire sont gelés jusqu’au 30 septembre, pour autant que l’assuré puisse démontrer la réalité de ses difficultés financières. Le paiement des primes de l’assurance solde restant dû peut être suspendu jusqu’à cette date également. Il en va de même de celui de la prime de la police incendie, mais uniquement au profit des personnes mises au chômage. Pour toutes les autres assurances, les clients ayant des difficultés de paiement doivent prendre contact avec leur compagnie ou leur courtier pour savoir si une solution peut leur être proposée.
7. Que devient le reliquat de l’assurance obsèques, après une cérémonie désormais réduite à sa plus simple expression ?
L’assurance obsèques a pour objet d’éviter aux proches les risques financiers d’un décès. Il s’agit généralement d’une assurance vie branche 21 qui, en cas de décès, paie un certain montant au bénéficiaire désigné (un membre de la famille, voire l’entreprise de pompes funèbres elle-même).
Les risques de contagion ont contraint le gouvernement à d’abord réduire à 15, puis à 30, le nombre de personnes autorisées, depuis le 18 mai, à assister à des funérailles. Cela rend-il la cérémonie moins chère ? ” Cela arrive en effet, mais tout dépend de la manière dont se déroulent les obsèques et des choix posés “, résume Marysia Kluppels, porte-parole de Dela, compagnie spécialisée dans l’organisation et l’assurance d’obsèques. Car, qu’elle accueille 150 personnes ou 15, la salle de recueillement doit être nettoyée, préparée et, de surcroît, entièrement désinfectée. ” En revanche, les familles dépensent généralement moins en impressions, faire-part et fleurs, confirme Marysia Kluppels. Certaines n’organisent même plus de service et réclament une dispersion immédiate des cendres sur la pelouse du crématorium, ou le dépôt de l’urne dans le champ d’urnes ou le colombarium. D’autres souhaitent que l’urne soit conservée pour pouvoir organiser une cérémonie dans quelques mois. ”
Il est donc tout à fait possible, dans ces circonstances, qu’un reliquat demeure. ” Le reliquat éventuel est de toute façon toujours payé au bénéficiaire désigné par le preneur d’assurance, conclut notre interlocutrice. Il peut également être réservé pour une deuxième cérémonie. ” Certaines compagnies d’assurances obsèques accepteront de le mettre de côté si le but est d’organiser un nouvel hommage ultérieurement.
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