En quête d’une juste liberté

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Le dernier texte de Maggie Nelson brasse avec contemporanéité les notions, parfois opposées, de liberté et de responsabilité.

Maggie Nelson est une écrivaine américaine devenue en quelques livres une penseuse à l’échelle internationale d’une grande contemporanéité. De la liberté ne fera qu’asseoir ce statut. Essai au sens plus classique du terme car moins poétique et travaillé sur la forme que de précédents textes comme Les Argonautes ou Une partie rouge, ce livre de 400 pages se découpe en quatre parties (“chants”) traitant de la notion de liberté dans les domaines de l’art, de la sexualité, des drogues et du changement climatique. C’est cette dernière qui nous a le plus marqué. Même si les autres offrent de nombreux éléments d’une réflexion anti-manichéenne, sincère et originale invitant à “habiter le trouble”, c’est ce dernier chant qui, selon nous, porte le mieux son nom. Quels sont les récits dont nous avons besoin pour parler de “l’irréversibilité de l’extinction humaine”, s’interroge Maggie Nelson. “Bien sûr personne ne voudrait se retrouver parmi les dupes (…), ivres de la conviction niaise, historiquement ignarde (sic), que notre époque a une signification particulière. Néanmoins, il semble tout aussi imbécile (voire génocidaire, géocidaire) d’ignorer les circonstances extraordinaires de cet instant.” Comme le comprend l’individu à un moment donné de l’existence, il n’y a aucun commencement “qui ne porte en lui les germes de sa propre fin”. Point de catastrophisme, néanmoins, chez Maggie Nelson qui cite la philosophe belge Isabelle Stengers ou le sociologue américain récemment disparu David Graeber pour nous inviter à mettre en place des “pratiques modestes par lesquelles acquérir une plus grande tolérance pour l’indétermination, ainsi que pour les joies et les peines de notre inéluctable emmêlement”. Là se trouve peut-être notre plus profonde liberté et notre grande responsabilité collective.

Maggie Nelson, “De la liberté”, Editions du sous-sol, 416 pages, 23 euros.

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