Dali-Magritte, sacrés concubins

" Fantaisies diurnes " de Dali. © PG

Marqués par le surréalisme, les deux peintres voisinent aux Musées Royaux des Beaux-Arts de Belgique dans une fraternité volontiers cosmique.

Quatre mille visiteurs lors du week-end d’ouverture du 11-12 octobre : l’expo a démarré sur les chapeaux de roues. Surréaliste, le mouvement qui unit le Catalan Salvador Dali (1904-1989) et le Belge René Magritte (1898-1967) est tout aussi psychologique qu’artistique. Une vision fantasque du monde que les deux partagèrent lors d’une première rencontre à Paris au printemps 1929. Entre le théâtral du sud et le prestidigitateur métaphysique du nord, le courant pictural passe de suite. A tel point que Dali invite le Lessinois chez lui à Cadaquès dans les semaines qui suivent.

Un peu moins d’un siècle après ces rencontres fraternelles, les MRBAB en proposent un autre : la confrontation mutuelle d’une centaine d’oeuvres des deux géants, surtout des peintures. Et la consanguinité esthétique s’y révèle évidente. Notamment quand les toiles comme un Sans titre (Série des catastrophes) de Dali et Le conquérant de Magritte posent côte à côte. Leurs convergences ? Un amour des tonalités bleues et boisées, des formes volontiers absurdes, des déformations n’ayant aucune crainte du grotesque et un sens aigu de la mise en scène soucieuse de l’improbable détail. Comme si la matière de ces tableaux s’était échappée directement du rêve, du songe et de l’onirisme, pour imprimer la toile sans intermédiaire.

” Le brise-lumière ” de Magritte.© PG

Si Dali et Magritte ont en commun l’exploration plastique du mystère, la production du second garde peut-être une énigme d’avance, un grain poétique supplémentaire. A l’opposé, la gestuelle des personnages et décors de Dali voit grand et large, comme si la vie n’était qu’un vaste opéra dantesque. De quoi confirmer que l’échappatoire au réel, où plutôt la traduction imaginative de ce dernier, dépasse à la fois modes picturales et époques.

Dans un contexte où l’on fête les trois millions de visiteurs du Musée Magritte bruxellois en 10 ans, voilà un autre indéniable succès commercial qui se profile. Un double bémol à tout cela : 16 euros le prix standard de visite de l’expo, c’est (trop) cher. Et le fait qu’en semaine, le musée ferme toujours ses portes à 17 heures – une heure plus tard le week-end – reste en deçà de ses ambitions internationales.

Jusqu’au 9 février aux Musées royaux des Beaux-Arts de Belgique, www.fine-arts-museum.be

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