Keyrock, cette start-up crypto joue dans la cour des grands

L'équipe fondatrice de Keyrock. La start-up occupe des collaborateurs aux quatre coins de la planète. © Danny Gys (Isopix)

Créée en 2018, la jeune pousse bruxelloise Keyrock emploie déjà plus de 50 personnes. Elle travaille avec les plus grands acteurs mondiaux du secteur des cryptomonnaies.

C’est la start-up qui monte dans le microcosme belge des cryptomonnaies. En trois ans d’existence, elle a connu une croissance impressionnante dans un secteur encore en pleine construction. Plus de 50 collaborateurs travaillent aujourd’hui chez Keyrock. Depuis son siège situé avenue Louise à Bruxelles, son CEO Kevin de Patoul ne cache pas sa satisfaction: “Chaque année, nous multiplions notre chiffre d’affaires par quatre ou cinq. Et ça va encore s’accélérer en 2021”, indique cet ancien consultant qui a lâché son job chez Roland Berger pour lancer sa boîte.

Aujourd’hui, le marché des cryptos est beaucoup plus mature qu’en 2017. Et nous y jouons un rôle crucial.”

Kevin de Patoul, CEO de Keyrock

En 2018, Kevin de Patoul s’associe avec Juan David Mendieta, en charge de la stratégie, et Jeremy De Groodt, le directeur technique, pour créer Keyrock. A l’époque, le cours du bitcoin sort d’une période d’euphorie et plonge dans les limbes. Le marché instable des cryptomonnaies montre toute sa volatilité. Certains craignent que le bitcoin et les autres cryptos ne soient qu’un feu de paille. Mais du côté de Keyrock, on croit dur comme fer à l’avenir de ce secteur à la réputation encore sulfureuse: “Notre idée a toujours été de créer une entreprise solide, avec des activités inscrites sur long terme. Notre progression constante montre que nous avions raison d’y croire. Aujourd’hui, le marché des cryptos est beaucoup plus mature qu’en 2017. Et nous y jouons un rôle crucial”, affirme Kevin de Patoul.

De l’huile dans les rouages

Keyrock développe des algorithmes visant à fluidifier les échanges sur le marché. La technologie de la jeune pousse bruxelloise fait en sorte qu’acheteurs et vendeurs de monnaies virtuelles se rencontrent et procèdent à des transactions de manière rapide et efficace. Keyrock joue donc un rôle d’intermédiaire: la start-up s’occupe d’achats et de ventes sur des périodes de temps très courtes. L’idée est de mettre des liquidités à disposition du marché. Il s’agit en quelque sorte de mettre de l’huile dans les rouages: “Si vous voulez acheter ou vendre du bitcoin, vous avez besoin de trouver un vendeur ou un acheteur. Mais vous ne les trouverez peut-être pas tout de suite. De notre côté, nous sommes toujours disponibles, que ce soit pour acheter ou vendre. En quelque sorte, nous nous occupons de combler ce décalage de temps en étant toujours actifs et présents sur le marché”, explique Kevin de Patoul.

La start-up évolue dans un environnement B to B. Elle vend ses services aux plus grands acteurs du marché des cryptomonnaies: les plateformes d’échange. Ces dernières sont les portes d’entrée les plus utilisées par les investisseurs en monnaies virtuelles. Elles proposent à leurs utilisateurs des portefeuilles en ligne via lesquels les traders débutants ou plus expérimentés peuvent acheter et vendre des cryptomonnaies. Il faut savoir qu’à côté du célèbre bitcoin, plus de 11.000 autres cryptomonnaies sont actuellement en circulation, d’après le site spécialisé Coinmarketcap. Parmi les plus connues, citons l’ethereum, le litecoin, le ripple, le dogecoin… “Nous travaillons avec les 80 plus grandes plateformes d’échange au niveau mondial”, annonce Kevin de Patoul. Dans la liste, on retrouve Binance, Bitstamp, Kraken, Bitpanda… Pour ces acteurs incontournables, Keyrock couvre 150 types d’opérations d’achat-vente, soit de monnaie traditionnelle à crypto (euro-bitcoin, par exemple), soit de crypto à crypto (bitcoin-ethereum, par exemple). La start-up travaille également pour d’autres types de clients: des émetteurs de cryptomonnaie ou de tokens, ces jetons numériques représentant virtuellement un actif.

Kevin de Patoul, CEO de Keyrock
Kevin de Patoul, CEO de Keyrock© Danny Gys (Isopix)

Ces services assurant la liquidité des échanges ne sont pas une invention de Keyrock. La start-up a en fait transposé aux cryptos un système existant sur les marchés financiers traditionnels. “C’est la même dynamique”, souligne Kevin de Patoul. Des sociétés peu connues comme Virtu Financial (basée à New York) ou Flow Traders (Amsterdam) proposent le même type de services de market making pour des actifs négociés en Bourse. “Ces acteurs commencent d’ailleurs à s’intéresser au marché des cryptos”, remarque le CEO de Keyrock. C’est une nouvelle concurrence qui s’annonce pour la start-up bruxelloise. Mais Kevin de Patoul n’est pas inquiet: “Ce n’est pas une menace. Le marché des cryptos pèse des centaines de milliards de dollars. Il y a de la place. Pour nous, la concurrence est surtout un facteur de motivation, qui nous aide à nous remettre en question.”

Des investisseurs solides

Keyrock se rémunère sur le spread, c’est-à-dire sur l’écart entre le prix de vente et le prix d’achat de la crypto. Ce business est-il du coup soumis aux fluctuations incessantes des cryptomonnaies? Il y a quelques mois, le cours du bitcoin a connu une flambée spectaculaire et atteint un nouveau record (plus de 63.000 dollars l’unité) avant d’entrer dans une phase de recul. Mauvaise nouvelle pour Keyrock? “Non. Nous ne sommes pas dépendants du cours du bitcoin. Le mois de mai dernier a été très mauvais sur le marché mais de notre côté, c’était notre meilleur mois!”, souligne Kevin de Patoul.

Sur le mois en question, la jeune pousse a réussi à dégager des bénéfices, mais ce n’est pas encore le cas sur l’ensemble d’un exercice comptable. Cependant, les signes sont encourageants, souligne le cofondateur et CEO. “Notre prochaine levée de fonds se fera sur une boîte rentable. Ce ne sera plus pour assurer la pérennité de la société mais pour accélérer sa croissance”, avance Kevin de Patoul. Depuis ses débuts, la start-up bruxelloise, qui a profité du programme d’incubation Start It @KBC, a déjà réalisé trois tours de table, pour un montant total supérieur à 6 million d’euros. Sa dernière levée de fonds date d’octobre dernier et portait sur 4,3 millions d’euros. La jeune pousse compte des investisseurs solides: le fonds Volta Ventures (Frank Maene), le VC (venture capital) bruxellois Seeder Fund, le fonds suisse Six Fintech Venture, le fonds luxembourgeois MiddleGame Ventures, ainsi que le family office luxembourgeois TNN Capital.

Ces investisseurs venant de différents pays correspondent bien à l’activité de Keyrock, résolument tournée vers l’international. La start-up bruxelloise, qui continue à se structurer, occupe d’ailleurs des collaborateurs d’une vingtaine de nationalités, dont la moitié travaillent entièrement à distance. “Nous avons des collègues aux Etats-Unis, en Espagne, à Singapour, en Thaïlande…, explique le CEO. C’est parfois compliqué à gérer: je ne connais certains collaborateurs que via Teams. Mais c’est aussi un atout d’avoir des employés aux quatre coins de la planète, parce que le marché des cryptos ne s’arrête jamais, il fonctionne 24 heures sur 24.”

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