Comment la scale-up Qover compte devenir un leader européen

Quentin Colmant et Jean-Charles Velge, deux fondateurs aux ambitions affichées. © PG
Christophe Charlot
Christophe Charlot Journaliste

Associée depuis peu à Revolut, leader européen des banques digitales, la scale-up bruxelloise Qover entre dans la cour des grands et confirme son positionnement très original: fournir des solutions d’assurance innovantes aux entreprises qui développent des produits numériques.

Annoncé deux jours avant la Noël 2020, le partenariat entre la néo-banque européenne Revolut et la scale-up bruxelloise Qover n’a pas tout à fait eu le retentissement qu’il méritait. Car pour la jeune pousse belge, c’est un sacré deal qui va lui permettre de toucher quelque 700.000 personnes supplémentaires avec ses produits. Rien que cela!

Il faut dire que Revolut, la banque dématérialisée d’origine britannique, compte parmi les firmes numériques les plus en vue en Europe pour le moment. Avec bientôt 14 millions d’utilisateurs répartis dans 33 pays, elle propose des services financiers de plus en plus poussés et prend une direction bien connue dans le monde bancaire: celui du bancassureur mais en version numérique et innovante. Pour y parvenir, c’est donc bien Qover qui a été choisie comme partenaire unique.

15 millions : en euros, le montant déjà levé par la start-up fondée en 2016.

Toute l’opération s’est organisée en période de confinement, sans rencontre physique entre les deux parties, ce qui a permis à Qover de démontrer sa flexibilité et… d’être choisie au nez et à la barbe de grands acteurs traditionnels de l’assurance.

Trois garanties pour les clients Revolut

Concrètement, ce partenariat débouche sur trois produits d’assurance intégrés dans l’application Revolut. En effet, ses comptes payants proposent, d’office, certaines assurances: couvertures des achats payés avec la carte Revolut sur une durée d’un an, remboursement des achats (droit de rétractation) dans les 90 jours ainsi qu’une assurance annulation, notamment pour les tickets de concerts ou d’événements auxquels le client n’a pas pu assister en raison d’une force majeure.

Pour parvenir à proposer ces produits sur la plateforme de Revolut, Qover (qui ne possède pas le statut d’assureur et ne peut prendre les risques) a travaillé avec deux assureurs partenaires, ouverts à ce type de nouveaux risques et qui disposent de licences sur les différents marchés où Revolut est active.

“Nous jouons un rôle de super-courtier, en quelque sorte, détaille Quentin Colmant, CEO de Qover, nous co-construisons les produits pour et avec les clients, nous gérons leur intégration dans les plateformes ainsi que les sinistres. On fait le métier mais comme nous ne sommes pas réglementés, nous nous adossons à un ou plusieurs assureurs.” Avec la spécificité forte de jouer la carte paneuropéenne et de pouvoir proposer des produits applicables à une large série de marchés. C’est comme cela que depuis quatre ans, Qover parvient à réaliser sa “mission”: fournir aux entreprises qui développent des produits digitaux les produits d’assurance adaptés à leur business. Forcément, la firme de Quentin Colmant et Jean-Charles Velge, les deux fondateurs, séduit surtout des scale-up de la tech. Mais pas que… Dans sa liste de clients, Qover compte des acteurs comme Deliveroo (sur tous les gros marchés: Royaume-Uni, France, Belgique, Espagne…) et son concurrent nordique Wolt, les start-up de vélo Cowboy et Angell (firme lancée par le fondateur de Meetic, Marc Simoncini), le système de voitures partagées Poppy, Immoweb, mais aussi… Decathlon.

La jeune entreprise d’insuretech n’est pas qu’un simple courtier qui construit des produits d’assurance.

Gros focus sur le vélo et la “gig economy”

Qover s’est pour l’instant spécialisée dans quelques domaines d’activités bien définis. Tout d’abord la mobilité douce: c’est en effet grâce à Qover que Cowboy, par exemple, propose Easy Rider, un système d’assurance contre le vol et les dommages au vélo. Les propriétaires du vélo peuvent, en quelques clics, assurer leur engin depuis le site internet de Cowboy, le tout sous la marque de la bicyclette. Tout est parfaitement intégré et le client reste dans l’environnement du site des vélos électriques. Sur ce même créneau, le deal avec Deliveroo démontre toute l’originalité et la spécificité de ce que propose Qover: ce partenariat a pour objectif d’assurer l’ensemble des coursiers de la start-up de livraison de repas. Et cela de manière automatique, dès qu’ils se connectent dans l’appli, durant la durée de leur prestation – soit quelques heures – et même une heure après.

Autre pilier d’activité: la proptech, c’est-à-dire l’univers immobilier en mode digital. Depuis quelques temps, la scale-up bruxelloise collabore avec Immoweb pour proposer, notamment, une assurance contre les loyers impayés activable directement sur le site de petites annonces immobilières. Enfin, l’assurance voyage, un créneau qui, sans surprise, a pas mal souffert avec la crise du coronavirus.

Bien sûr, la jeune entreprise d’insuretech n’est pas qu’un simple courtier qui construit des produits d’assurance: “Nous sommes avant tout une boîte tech qui délivre ces produits, insistent Quentin Colmant et Jean-Charles Velge. Nous avons développé des produits qui s’intègrent directement en mode plug-in chez nos clients”. Un avantage dont les grands assureurs traditionnels, parfois éloignés du digital, ne disposent pas souvent et qui les intéresse. “Jusqu’ici, nous allions frapper à la porte de grands acteurs pour leur demander d’être les assureurs derrière nos produits, précise Quentin Colmant. Mais depuis quelques temps, on commence à recevoir des demandes d’assureurs qui doivent répondre à des appels d’offres mais ne se sentent pas capables d’y arriver seuls.”

Ambition paneuropéenne

Si les fondateurs de Qover se montrent avares sur les chiffres de leur business, la firme enregistre de toute évidence une belle croissance. Après trois levées de fonds pour un total de 15 millions d’euros (auprès de Belcube, Alven ou Portag3 Ventures, notamment), la start-up lancée en 2016 est devenue une scale-up qui atteindra bientôt une soixantaine de personnes. “Nous ne dévoilons pas notre chiffre d’affaires mais il permet de faire tourner une telle équipe, se contente de préciser Quentin Colmant, le sourire aux lèvres. Et si l’on n’atteint pas la rentabilité comptable, nous savons qu’opérationnellement, on l’est.” En toute logique, si Qover suit le trajet habituel d’une start-up de la tech, une prochaine levée de fonds pourrait avoir lieu pour s’installer sur plus de marchés en Europe, l’ambition qu’affichent clairement Jean-Charles Velge et Quentin Colmant. Sera-t-elle nécessaire? “Nous discutons en permanence avec tous les investisseurs mais nous n’avons pas encore enclenché le processus d’une nouvelle levée”, tempèrent les entrepreneurs. Reste qu’ils comptent bien aller proposer leurs produits un peu partout en Europe et à toute une série d’acteurs différents. Car en général, Qover ne s’emprisonne pas dans des deals exclusifs. Ainsi, ce n’est pas parce qu’elle vient de nouer un partenariat avec Revolut que Qover ne pourrait pas trouver d’autres clients dans les fintechs. En choeur, les deux fondateurs de Qover se réjouissent: “Nous pensons évidemment que d’autres fintechs viendront nous solliciter et c’est un domaine dans lequel nous comptons nous développer”…

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