“Aucun site d’e-commerce n’a su tirer parti de Facebook en Europe”

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A rebours du buzz actuel pour le f-commerce, Julien Codorniou, responsable des partenariats chez Facebook France, encourage plutôt les marchands à intégrer Facebook sur leur site.

C’est en France que Facebook a choisi d’établir la tête de pont de son activité de business development européen. Julien Codorniou, ancien directeur du programme BizSpark et des partenariats avec les développeurs chez Microsoft France, a été nommé voici deux mois responsable des partenariats pour la France et le Benelux chez Facebook.

Sa mission ? Accompagner et faire fructifier la communauté de développeurs et de partenaires dans les quatre grands secteurs identifiés comme des cibles-clés : les jeux, l’e-commerce, les médias, et le mobile. Il revient sur ce que peut apporter le réseau social aux sites d’e-commerce, et sur l’intérêt d’Open Graph pour les internautes.

Quelle est votre mission exactement ?

Nous voulons aider les grosses entreprises à devenir plus sociales, et les petites qui le sont déjà à grandir. Je passe 80% de mon temps avec les grands comptes. Un des indicateurs les plus importants, pour évaluer les résultats de notre travail, c’est le trafic renvoyé vers les sites de nos partenaires. Notre objectif, c’est d’être leur premier apporteur de trafic. Nous nous demandons constamment comment créer la rupture, grâce au social. Cette rupture a déjà eu lieu dans le jeu. Mark Zuckerberg l’a dit, le prochain secteur qui vivra cette révolution, c’est l’e-commerce. Dans ce secteur, personne en Europe n’a encore réussi à tirer vraiment parti de Facebook.

Quels sont les exemples à suivre aux Etats-Unis ?

Ticketmaster : un “like” leur rapporte 5 dollars en moyenne. Amazon : si on se connecte sur Amazon.com avec son identifiant Facebook, on peut voir les dates d’anniversaire de ses amis, et leur acheter un cadeau sur Amazon en choisissant parmi les produits qu’ils ont “liké” sur Facebook… Tripadvisor a mis en place une personnalisation sur le même principe qu’Amazon. En France, cela n’existe pas. Il n’est pas normal qu’aujourd’hui encore, on ait tous la même page d’accueil sur Fnac.com, ou la même mosaïque TV chez notre fournisseur d’accès internet.

Il y a quand même des marchands français qui tentent des choses sur Facebook, en mettant leur catalogue en ligne ou en ouvrant carrément une boutique sur le site. Vous ne les encouragez pas à poursuivre leurs efforts ?

Je les encourage à faire à la fois des applications Facebook, une page fan, et à brancher Facebook Connect et des boutons “J’aime” sur leur site. Car aujourd’hui, la seule façon d’écrire dans le “graph social”, c’est de faire un “J’aime”. Il faut arrêter de se focaliser sur les boutiques Facebook. A la place, il faut réfléchir à la meilleure manière de créer du trafic sur son propre site, où l’expérience utilisateur est meilleure. Avoir un site transactionnel sur Facebook, c’est seulement un tiers de la stratégie sociale. En tout cas, si on lance une boutique sur Facebook, le mieux est de personnaliser son catalogue et de faire des offres exceptionnelles.

Vous n’allez donc pas pousser le f-commerce, par exemple en lançant un équivalent des Facebook Credits pour l’e-commerce, en augmentant le nombre de moyens de paiement acceptés sur Facebook, ou en proposant votre propre solution de création de boutique en marque blanche ?

Ce n’est pas à l’ordre du jour. Nous, nous sommes un apporteur de trafic, gratuit ou payant (via la publicité, ndlr). Notre métier, c’est de distribuer du trafic. C’est pour cela que nous avons lancé Facebook Deals. Contrairement à Groupon, c’est une plateforme de distribution en self-service pour les marchands. Le but, c’est de faire venir chez le marchand les amis des gens qui achètent ses produits, et d’inciter les internautes à acheter à plusieurs. Deals a été lancé aux Etats-Unis, il n’y a pas encore de date prévue pour la France.

Pour les commerces qui sont déjà présents sur Facebook, une question se pose : faut-il obliger les internautes à donner accès aux données de leur profil ? Personne ne l’impose aujourd’hui…

La question n’est pas de savoir s’il faut le faire, mais comment le faire. Si on ne le fait pas, on passe à côté du social shopping.

Vous encouragez les marchands et les marques en général à créer des pages fans. Mais avez-vous des statistiques sur ce que rapporte un fan ?

Non, il n’y a pas de statistiques sur la rentabilité d’un fan. Mais créer une communauté autour de sa marque est un moyen privilégié de communiquer auprès de sa cible.

Encore faut-il que ce message soit lu par ses “fans” : une information en chasse une autre sur les “murs” des utilisateurs, et ces messages ne s’affichent pas seulement dans l’ordre de leur publication…

Effectivement, le référencement dépend de la proximité avec l’utilisateur dans le “graph social” (plus on “aime” la marque, et plus ses amis l’aiment aussi, meilleur est le référencement, ndlr).

Quelles sont vos priorités dans le secteur du jeu ?

Stimuler l’écosystème des développeurs de jeux en France – pays qui est le champion européen du jeu sur Facebook -, en leur expliquant les évolutions de la plateforme Facebook. Nous allons essayer d’améliorer la viralité des jeux, et leur monétisation. Les Facebook Credits vont devenir obligatoires – mais on pourra proposer d’autres moyens de paiement – à partir du 1er juillet. Des cartes prépayées de Facebook Credits devraient bientôt être vendues dans le circuit de la grande distribution, dans les prochains mois (Ndlr, ce type de carte prépayée a déjà été lancé aux Etats-Unis ).

Raphaële Karayan, L’Expansion.com

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