Orange: Les nouveaux tarifs de gros auront des conséquences pour le consommateur
La décision finale rendue mercredi quant aux nouveaux tarifs de gros pour l’accès aux réseaux câblés de Telenet, Brutélé et Voo “aura nécessairement des conséquences” pour le consommateur, a prévenu jeudi Orange.
Orange est le seul opérateur télécom alternatif à “louer” les infrastructures de ses concurrents pour proposer ses offres. L’entreprise ne peut dès lors plus exclure des augmentations de prix en 2021, alors que ceux-ci n’ont plus été revus à la hausse depuis plusieurs années.
La Conférence des régulateurs des communications électroniques (CRC), constituée de l’Institut belge des postes et des télécommunications (IBPT) et des trois régulateurs médias communautaires CSA, Medienrat et VRM, a publié ses décisions quant aux nouveaux tarifs de gros mercredi soir.
Ceux-ci entreront en vigueur le 1er juillet. Ils sont globalement revus à la baisse, ce qui doit permettre aux opérateurs alternatifs un accès “à un tarif équitable qui permet de développer la concurrence sur le marché de détail au profit des utilisateurs tout en rémunérant correctement les opérateurs réseau”, estiment les quatre organisations. Les prix évoluent néanmoins à la hausse entre 2020 et 2023 compte tenu de la croissance attendue de l’usage, qui nécessite de continuer à investir pour augmenter la capacité des réseaux, justifient-elles.
Pour Michaël Trabbia, patron d’Orange, ce n’est toutefois pas avec l’arbitrage rendu qu’il y aura d’autres opérateurs alternatifs. “Il y a deux gagnants, Telenet et Voo, et un perdant, le consommateur belge”, résume-t-il. L’impact sur ce dernier sera très concret, prédit-il. La décision des régulateurs est “un arbitrage en faveur d’une rente de monopole au profit des câblo-opérateurs et au détriment des consommateurs”, insiste l’administrateur délégué. Il déplore que les commentaires de la Commission européenne, à qui a été soumis en avril le projet de décision, n’ont induit que des modifications “marginales”.
Le consommateur belge est perdant
L’opérateur considère que les tarifs de gros, particulièrement dans le cas des services d’accès à internet en ultra haut débit, resteront “significativement supérieurs à des ‘coûts équitables’, au détriment des consommateurs”. La hausse significative des coûts au fil du temps (jusqu’à 25% d’ici 2023) donneront lieu à des hausses régulières et injustifiées des prix pour les consommateurs belges, met-il en garde. “Et ce pour l’ensemble du marché”, souligne Michaël Trabbia. La hausse des prix n’a “pas de sens”, dit-il encore. Selon lui, la hausse des coûts pour les câblo-opérateurs est gérable via les gains d’efficacité et de productivité et les progrès technologiques.
Le patron constate en outre que, sur le marché du mobile, les opérateurs offrent davantage de données à leurs clients, sans pour autant augmenter les prix. Depuis son entrée sur le marché du fixe en 2016, Orange a enregistré une perte de 200 millions d’euros sur ce segment. L’entreprise ne se réjouit donc pas de la décision. “On a toujours combattu les hausses de prix. Mais, à un moment donné, les décisions ont des conséquences”, constate son patron. L’entreprise va adapter sa politique marketing et ne peut dès lors plus exclure d’augmentation de ses prix à partir de 2021.
“Quand on doit faire face à une augmentation de 25% des tarifs de gros à court terme, c’est compliqué…”, pointe Michaël Trabbia, qui estime cette hausse injustifiée. “Nous ne sommes pas l’ASBL de défense des intérêts de Telenet”, fustige-t-il encore. L’opérateur ambitionnait en outre de lancer une offre ‘internet only’ depuis plusieurs mois mais expliquait qu’avec les tarifs de gros actuels, cela ne serait pas rentable. Un projet “compromis aujourd’hui”, commente l’administrateur délégué, sans préciser s’il sera ou non abandonné. Orange n’a pas précisé jeudi s’il ferait appel de la décision. Il demande en tous les cas à ce que les régulateurs suivent de près ses effets sur l’évolution des prix pour les consommateurs belges.