Limitation des salaires : la voie royale aux “super consultants”?

© belga

Daniel Dobbeni, l’ex-CEO d’Elia, a touché l’an dernier quelque 400.000 euros de salaire en tant que consultant, révèle aujourd’hui le quotidien ” L’Echo “. Scandaleux ? La consultance ou l’interim management constituent en tout cas des moyens simples de payer grassement – et discrètement – des pointures recrutées tant pour le public que pour le privé.

La limitation du salaire des patrons d’entreprises publiques à 290.000 euros bruts, annoncée début août, avait fait grand bruit. Grand bruit pour finalement pas grand-chose : non seulement le nombre des entreprises publiques effectivement sous la tutelle du ministre des Entreprises publiques Jean-Pascal Labille (PS) est réduit (SNCB, Infrabel, Loterie nationale, Belgocontrol, SFPI et FSMA), mais en plus les problèmes que soulèvent la mesure et surtout les contournements possibles sont nombreux. Quid des autres membres du comité exécutif et du top management ? Des indemnités de rupture ? Des stock options ? Les semaines passant, ponctuées par les ” affaires ” Tecteo et Elia (deux entreprises qui n’entrent pas dans le champ de la nouvelle mesure, mais néanmoins publiques ou en partie publiques), mettent en évidence une autre manière de payer allègrement ses dirigeants et surtout, de le faire en toute discrétion : engager des ” super consultants “, payés à la mission ou à la journée (on parle de 2.400 euros par jour presté en ce qui concerne Dobbeni), sans que cela pose question.

Certes, Jean-Pierre Hansen, appelé comme ” manager de transition ” à la SNCB, mènera à bien sa mission de fusion entre la holding et l’opérateur à titre gratuit. Mais sera-ce la généralité ou l’exception ? Bien sûr, ces contrats de consultance ou d’interim management sont parfaitement légaux et dans la majeure partie des cas tout à fait justifiés et justifiables. Mais que l’on ne vienne crier au scandale ensuite ! Restons sérieux : le plafonnement des salaires est une mesure avant tout symbolique. La réalité est déjà, et sera – au regard des multiples finasseries qui existent en termes de statut des travailleurs et de contrat de travail – bien plus complexe. Trop ou pas assez payé, la question est, dans l’absolu, impossible à trancher. Les paramètres annexes – conditions de marché, compétences, objectifs à atteindre – sont les seuls à pouvoir justifier une rémunération, quelle qu’elle soit et quiconque elle peut bien concerner.

Camille van Vyve

Vous avez repéré une erreur ou disposez de plus d’infos? Signalez-le ici

Partner Content