Les fournisseurs d’énergie tirent la sonnette d’alarme

Energie éolienne: "On devrait plutôt mettre un prix sur la disponibilité d'énergie" © © Guntmar Fritz/Westend61/Corbi

Les fournisseurs d’énergie désirent une solution à leur situation financière alarmante. Seulement, les consommateurs ne sont pas prêts à payer plus pour leurs services. C’est ce qui est apparu lors du Febeliec Energy Forum, ce mardi.

“Nous devons oser soumettre notre modèle de marché à la discussion”, trouve Frank Brichau. Le CEO d’Essent tirait la sonnette d’alarme pour les fournisseurs d’énergie au cours d’un débat concernant les vingt ans de libéralisation du marché de l’énergie, lors du deuxième Febeliec Energy Forum. “Auparavant, les producteurs avaient le contrôle sur l’offre et ils avaient beaucoup d’impact sur la demande. C’est fini.”

Le professeur Ronnie Belmans, le CEO d’Energyville, a lui aussi du mal avec le marché. La consommation est calculée sur base d’euro par mégawattheure (MWh) pour la facturation aux consommateurs et la rétribution des producteurs. “Quelle est la valeur de cette mesure s’il y a de plus en plus de production dont les coûts marginaux sont nuls, comme le soleil et le vent ? La question est alors plutôt: y a-t-il un équilibre entre la production d’électricité et la demande ? On devrait plutôt mettre un prix sur la disponibilité.”

Tant Marie-Pierre Fauconnier, la présidente du comité de direction de la CREG, le régulateur, que Peter Claes, le directeur général de la Febeliec, la fédération des consommateurs industriels, remettent en cause ce modèle. Car il n’y a pas de clarté par rapport à qui l’organise et qui paie. Claes: “Maintenant, je paie un certain prix pour l’énergie. Si les fournisseurs désirent plus d’argent, cela me fait me poser des questions à ce sujet”.

Selon Brichau, la redevance sur la capacité réservée doit être comparée à l’assurance incendie d’une maison. “S’il ne vous arrive rien, vous auriez mieux fait de ne pas en prendre. Mais si vous désirez être indemnisé au cas où il vous arrive quelque chose, vous la prenez tout de même. Selon nos calculs, elle entraînerait 0,2% de coûts supplémentaires.”

Risques financiers

Brichau a énuméré les problèmes des fournisseurs d’énergie. Les entreprises actives dans les trois parties du pays sont confrontées à une nouvelle règlementation quasi chaque mois. Bien que l’énergie représente encore à peine un quart du montant à facturer, le risque financier repose entièrement sur eux. Concrètement: si un mauvais payeur ne paie pas une facture de 100 euros, le fournisseur ne reçoit non seulement pas ses propres 25 euros, mais il doit aussi payer la partie des sociétés de transport et de distribution d’énergie comme s’il avait effectivement reçu le montant. “Nous devons diminuer les coûts du système. Pourquoi pas un système où les modifications de lois sont mises en oeuvre deux fois par an? A tout le moins, les risques doivent être redistribués sur l’ensemble de la chaîne de valeur.”

La rentabilité a en outre fort diminué. Les cinq plus grands acteurs du marché ont encore fait 114 millions d’euros de bénéfice en 2012. Un an plus tard, ce n’était plus que 66 millions et en 2014, ils ont même subi 14 millions d’euros de pertes. Beaucoup de fournisseurs sont donc à la recherche de solutions.

Depuis longtemps déjà, Lampiris est candidat pour un agrandissement d’échelle. Et l’italien Eni a, dans la plupart des pays dont la Belgique, scindé ses activités en deux branches disctinctes : le B2B et le retail. De cette manière, toutes les possibilités sont ouvertes pour la branche retail: une fusion ou une vente partielle ou totale. Les décisions finales ne sont pas encore prises.

Les centrales nucléaires

Le modèle de marché n’était pas le seul point de discussion. On a également débattu de la prolongation de la durée de vie des deux plus vieilles centrales nucléaires. La fédération des industries consommatrices d’électricité Febeliec s’est montrée satisfaite à ce sujet, parce que la prolongation offre une sécurité pour les dix prochaines années. Belmans a calculé que cela entraînait la nécessité de devoir limiter la production d’énergie renouvelable. Alors que Jos Delbeke, l’homme à la tête de la direction générale de l’action pour le Climat de la Commission Européenne, plaide pour une vision de la sécurité d’approvisionnement dans une perspective européenne. “Nous devons nous éloigner de l’approche nationale excessive.”

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