Le bien-être au travail: une priorité pour toute PME

Depuis le coronoavirus, les travailleurs sont aussi plus susceptibles de rester à la maison lorsqu'ils se sentent moins bien. © GETTY IMAGES

Il n’y a jamais eu autant de malades au travail qu’en 2022 et une enquête récente menée par Mensura pointe un malaise physique ou mental pour 84% des travailleurs en PME. Autant dire qu’il est urgent de se pencher sur le bien-être de ses collaborateurs, au boulot et en dehors.

La crise sanitaire n’a pas seulement éprouvé les entreprises mais également les travailleurs. Les chiffres indiquent clairement un impact encore perceptible aujourd’hui. A cet égard, le dernier rapport annuel du prestataire de services RH Acerta sur l’absentéisme pour maladies de courte durée est éloquent.

En 2022, le travailleur s’est absenté en moyenne 7,5 jours pour maladie de courte durée, soit un jour de plus qu’en 2019 et 2021 (6,3) et presque deux par rapport à 2020 (5,9), année marquée par l’apparition du covid. Un travailleur sur sept a été malade au moins un jour l’an dernier contre un sur 10 en 2019.

Stress et charge de travail

“L’analyse des chiffres de 260.000 travailleurs dans plus de 40.000 entreprises privées fin septembre avait déjà sonné comme une alarme, souligne Laura Couchard, experte en bien-être chez Acerta Consult. Nous avions alors averti que l’automne serait corsé et cela s’est vérifié. La saison de la grippe est arrivée plus tôt que les autres années, le coronavirus est toujours là et le VRS (virus respiratoire syncytial, Ndlr) a également fait son retour en décembre.”

Ces taux élevés exigent toute l’attention des entreprises belges.”

“Depuis le coronavirus, les gens sont aussi plus susceptibles de rester à la maison lorsqu’ils se sentent moins bien. Si le télétravail permet de maintenir au travail les personnes présentant des symptômes légers, nous constatons qu’il a un peu reculé l’année dernière. De plus, en 2022, nous avons enchaîné les crises. Les périodes de stress et la charge de travail élevée pèsent sur le bien-être mental des travailleurs et cela aura aussi son effet sur les taux d’absentéisme pour maladie. Ces taux élevés exigent toute l’attention des entreprises belges.”

Cette augmentation de l’absentéisme pour maladie de courte durée est perceptible dans tous les secteurs, toutes catégories d’âge confondues, chez les ouvriers et les employés, et dans les grandes comme dans les petites entreprises. Toutefois, elle ne présente pas la même intensité dans tous les groupes. Ainsi, on constate que l’absentéisme pour maladie de courte durée est le plus important chez les collaborateurs âgés de 30 à 35 ans. En c’est le non-marchand qui est le secteur le plus impacté avec plus de neuf jours de maladie par travailleur.

Repérer les signes

L’absentéisme est la face immergée du malaise que ressentent de plus en plus de travailleurs ces dernières années. Le mal-être au travail est une réalité qui peut prendre différentes formes dont certaines peuvent déboucher sur le burn-out. Avant d’en arriver à cette extrémité, il est crucial d’être attentif à tous les signes qui peuvent se manifester dans le chef de l’employé et qui doivent alerter l’employeur, tels que la perte de motivation, l’irritabilité, la fatigue, des soucis de santé physique et/ou mentale, etc.

Les résultats de l’enquête effectuée en juin et juillet de l’année dernière par le service externe de prévention et de protection au travail de Mensura, auprès de PME de 20 à 250 employés, et qui ont été annoncés fin de l’année dernière sont révélateurs de la situation de tension existant chez les travailleurs. Une tension qui impacte directement les entreprises. Mensura a interrogé près de 1.200 personnes – patrons, responsables RH de PME et leurs collaborateurs – afin d’évaluer l’attention accordée au bien-être et à la prévention sur le lieu de travail ainsi qu’à la santé à domicile.

Pas moins de 84% des travailleurs interrogés ont répondu ressentir régulièrement une ou plusieurs gênes physiques ou mentales.

Les résultats interpellent. Ainsi, pas moins de 84% des travailleurs interrogés ont répondu ressentir régulièrement une ou plusieurs gênes physiques ou mentales, principalement des douleurs au niveau de la nuque et des épaules (47%), une fatigue persistante (42%) ou des difficultés à trouver le sommeil (35%). La nervosité et les problèmes de concentration complètent le tableau.

L’enquête s’est aussi attachée à voir quelle était l’activité physique des travailleurs en dehors des heures de travail. Il en ressort que seulement la moitié des personnes interrogées (50%) ont indiqué pratiquer une activité physique régulière. Outre le sport, ce sont la marche, le vélo ou encore le jardinage qui ont été cités. Beaucoup (41%) le font occasionnellement et d’autres moins nombreux (9%) ne pratiquent tout simplement aucune activité physique.

Les PME bougent et les salariés aussi

Les entreprises sont bien conscientes de la situation et des problèmes physiques et/ou mentaux que peuvent rencontrer leurs collaborateurs. Et elles savent également qu’un travailleur en bonne santé est plus motivé et plus productif.

L’enquête révèle ainsi que 60% des travailleurs interrogés déclarent que leur employeur prend déjà des initiatives pour promouvoir le bien-être et l’adoption d’un mode de vie sain. L’activité physique est le principal levier utilisé (59% des entreprises concernées). Les mesures les plus populaires pour encourager les travailleurs à faire de l’exercice sont l’indemnité vélo (63%) et les défis sportifs collectifs (45%). “Nous avons délibérément défini l’activité physique de manière large, détaille Violaine Thonnard, experte en vitalité chez Mensura. Bouger suffisamment présente de nombreux avantages pour notre santé, comme la diminution des douleurs musculaires et articulaires, l’amélioration de la tension et l’équilibre du taux de cholestérol. Etre plus actif nous aide à mieux gérer le stress et à passer des nuits réparatrices.”

Se renseigner sur les attentes

“Les activités en extérieur sont à privilégier, poursuit-elle, car tant l’exercice que la lumière du jour conditionnent la qualité de notre sommeil. Consacrer une partie de son temps libre à bouger est donc essentiel, aussi pour les personnes qui exercent déjà un métier physique. Reste à savoir si ces initiatives touchent également le groupe de travailleurs qui en a le plus besoin. Les activités sportives, aussi louables soient-elles, n’intéresseront souvent que les sportifs qui pratiquent déjà de l’exercice régulièrement. Dans l’idéal, les employeurs se renseigneront d’abord sur les attentes et intérêts de leurs travailleurs pour organiser des activités physiques accessibles à un large public.”

Des collaborateurs en forme physique et mentale sont plus présents, plus impliqués, plus fidèles et plus productifs.
Des collaborateurs en forme physique et mentale sont plus présents, plus impliqués, plus fidèles et plus productifs.© GETTY IMAGES

Si les activités physiques sont essentielles à la santé des travailleurs dont la majorité évolue aujourd’hui dans le tertiaire, elles ne constituent nullement l’alpha et l’oméga du bien-être au travail. Ce dernier, selon le SPF Emploi, est défini comme l’ensemble des facteurs relatifs aux conditions de travail dans lesquelles le travail est exécuté: sécurité au travail, protection de la santé du travailleur, aspects psychosociaux du travail, ergonomie, hygiène et embellissement des locaux. Un bien-être contribuant à la santé et au…bonheur.

Le professeur Lieven Annemans (UGent), qui a mené l’Enquête nationale du bonheur en 2018, évoquait l’influence de notre travail sur notre bien-être: “Nous savions déjà depuis longtemps qu’être satisfait de son travail avait une influence importante sur notre bonheur général. Mais à présent, nous sommes en mesure de donner un chiffre précis: en moyenne, notre job représente près d’un cinquième (18%) de notre niveau de bonheur. On remarque des différences nettes entre indépendants, employés, ouvriers et fonctionnaires. Ainsi, cette part est trois fois plus importante chez les indépendants (32%) que chez les fonctionnaires (9%). Quand on sait qu’une part d’environ 30 à 50% de notre bonheur s’explique par des facteurs génétiques et qu’il reste environ 60% pour tous les autres facteurs, nous pouvons affirmer qu’une part de 32% dans notre bonheur, c’est relativement élevé”.

Depuis le 1er janvier, les travailleurs bénéficient d’un droit à la déconnexion.

Se sentir bien au travail est d’abord essentiel pour soi, mais cela impacte également l’entreprise. Des collaborateurs en forme physique et mentale sont plus présents, plus impliqués, plus fidèles et plus productifs. Il est donc primordial que les patrons et responsables RH soient soucieux du bien-être des salariés.

Pour terminer, pointons cinq conseils susceptibles de favoriser le bien-être dans l’entreprise dispensés par Sodexo: miser sur la reconnaissance en valorisant les travailleurs ; redonner du sens au travail afin qu’ils s’investissent dans des actions porteuses de sens ; offrir la possibilité se développer et s’épanouir sur le plan personnel ; créer un climat sain et serein ; créer une atmosphère de travail dynamique et enthousiasmante.

Halte à la culpabilité

Last but not least, à l’heure numérique où les sphères professionnelle et privée se confondent chaque jour davantage, pensez à vous déconnecter. Et faites-le sans complexe ni culpabilité car depuis le 1er janvier, un droit du travailleur à la déconnexion existe pour les travailleurs (lire “Trends- Tendances” du 8 décembre 2022). Une précision importante: cela n’est obligatoire que pour les entreprises qui comptent plus de 20 travailleurs mais rien ne vous empêche de le faire à titre personnel. Le bien-être et la santé n’ont pas de prix.

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