La FEB veut regarder au-delà de l’entreprise

Pieter Timmermans (CEO de la FEB), le roi Philippe et Bart de Smet (CEO d'Ageas). © belgaimage

La fédération patronale fête ses 125 ans. A cette occasion, elle décline un plan en dix points destiné à renforcer l’implication sociétale des entreprises.

“Le profit reste évidemment fondamental. Mais ‘comment’ on réalise ce profit est désormais au moins aussi important.” Cette déclaration du CEO Pieter Timmermans à l’occasion des 125 ans de la fédération patronale résume la nouvelle philosophie d’action de la FEB. Elle continuera bien entendu à défendre et représenter les entreprises belges mais veut en parallèle “renforcer sa pertinence sociétale”. Ce souci de regarder au-delà du compte de résultats se traduira notamment par la création, au sein de l’organisme, d’un centre de compétence “Durabilité et Economie circulaire”, histoire de bien montrer qu’on ne s’occupe pas que de la conjoncture, de la sécurité sociale ou de la fiscalité et que les thématiques nouvelles sont bien prises en compte (un centre de compétence “Entrepreneuriat numérique et innovant” est aussi créé).

A l’extérieur, l’ambition sociétale prend la forme d’une main tendue à la société civile et aux ONG. La FEB ouvrira ponctuellement son conseil d’administration à des organismes extérieurs pour plancher sur des thèmes sociétaux, comme les migrations, la mobilité ou l’enseignement. “C’est un défi car cela demande d’écouter le banc d’en face et de ne pas chercher à imposer “sa” solution, précise Pieter Timmermans. Le dialogue avec l’ensemble de parties prenantes est un élément essentiel pour réussir. Seul le dialogue avec d’autres acteurs sociétaux mène au progrès.” Il rêve de voir la FEB opérer comme “une plateforme de concertation sociétale interfédérale”, capable de générer un plan d’action novateur chaque année. “L’expertise de l’entreprise permet de créer de la valeur pour la société, poursuit le CEO de la FEB. Les entreprises fournissent des solutions face aux défis sociétaux, elles sont les moteurs d’un progrès durable.”

Cette conviction s’appuie notamment sur le travail fourni lors de la législature écoulée afin de définir une stratégie énergétique pour la Belgique. Cela a nécessité 96 réunions avec un large panel d’acteurs du secteur mais cela a abouti à une proposition commune sur le mix énergétique, transmise aux différents ministres responsables. Coincés dans leurs jeux politiques, ceux-ci n’en ont pas fait grand-chose mais manifestement il en faut plus pour décourager Pieter Timmermans. Qui sait, l’actuel blocage fédéral ouvre peut-être la porte à une meilleure prise en compte des propositions construites au sein de la société civile, et plus encore à celles qui émanent des partenaires sociaux qui demeurent parmi les dernières structures résolument fédérales.

Le nouveau président de la FEB, Bart De Smet (CEO d’Ageas), abonde dans le même sens, en lançant un appel à des réflexions de long terme (horizon 2030) sur l’amélioration du cadre de vie et de l’économie belge. “Apportons des solutions au lieu de nous enliser dans d’éternels débats, insiste-t-il. Cessons de réfléchir en termes de véto mais cherchons ce qui nous unit. La Belgique regorge de talents mais ces talents ne pourront jamais s’épanouir pleinement dans une atmosphère de polarisation constante. Personne ne rendra ce pays plus prospère à lui seul.”

Dans sa main tendue à la société civile, la FEB n’oublie pas les syndicats. Elle espère faire évoluer les relations sociales “d’un modèle de confrontation vers un modèle de partenariat”. Le patronat présentera une dizaine de suggestions aux syndicats dans cette optique. “Nous ferons cela dans l’ombre, pas sur la place publique, précise Pieter Timmermans. Les idées que l’on annonce dans les journaux sont aussitôt brûlées, comme chacun a pu le voir lors des missions d’information royale successives.”. L’objectif est de maintenir le modèle social (la FEB insiste sur ce point) mais de l’adapter à un monde qui est bien différent de celui des années 60 quand l’actuel mode de concertation sociale s’est construit. Pieter Timmermans ne parle d’ailleurs pas de concertation sociale mais plutôt de concertation socio-économique car les discussions englobent de plus en plus des thématiques sociétales (on y revient…) comme la mobilité ou la conciliation des vies professionnelle et privée.

Enfin, l’évolution stratégique de la FEB concerne aussi la sphère patronale proprement dite. Elle entend y jouer un rôle de “boussole” pour l’ensemble des entreprises, quelle que soit leur taille. “90% de nos membres sont des PME, nulle part au monde les liens entre les grandes entreprises et les PME ne sont aussi forts qu’en Belgique”, assure le CEO de la FEB, en plaidant pour de franches collaborations avec l’UCM et l’Unizo, les représentants plus spécifiques des classes moyennes. La collaboration devrait aussi s’intensifier avec les secteurs (la FEB est une constellation de fédérations sectorielles) dans un souci d’efficacité. Il devenait en effet parfois un peu cocasse de voir le monde patronal dénoncer les doublons dans les organismes publics alors que, lui-même, n’en est pas exempt. Désormais, il y aura une cellule économique pour l’ensemble des secteurs. “Nous réunissons les expertises afin de porter d’une même voix des messages forts, coordonnés et efficaces”, résume Pieter Timmermans. A priori, on ne devrait plus voir des études de la FEB, d’Agoria, d’Essenscia ou de toute autre fédération se succéder sur les mêmes sujets. D’autres pôles de collaboration pourraient voir le jour plus tard entre les fédérations patronales.

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