La famille Vandermarliere: “Pourquoi devrions-nous prendre notre retraite?”
La famille Vandermarliere a bâti sa fortune principalement dans le tabac. Mais elle gère aussi des biens immobiliers et produit des biscuits. Il n’est pas question de s’arrêter pour le moment.
Katrien Vandermarliere, CFO de Debal Coatings, est une descendante de la troisième génération de la célèbre famille d’entrepreneurs de Flandre- Occidentale. Même après presque un siècle, l’esprit d’entreprise coule toujours dans le sang de la famille. Sa soeur Sofie et son frère Frederik sont également actifs en tant qu’entrepreneurs. L’ensemble est regroupé sous le holding familial SRL GT & Co, une société dont le bilan s’élève à 295 millions d’euros pour l’exercice 2020 (et dont les dettes bancaires ne s’élèvent qu’à 5 millions d’euros).
G pour Guido, T pour sa femme Marie-Thérèse Malysse, décédée l’année dernière. Et Co pour compagnie, c’est-à-dire les enfants et les petits-enfants. Selon les statuts, Guido Vandermarliere garde un contrôle étroit sur le holding familial. Il est le gérant statutaire “pour la durée de sa vie”. Ses trois enfants sont devenus des administrateurs non statutaires de GT & Co en 2020.
La base de la fortune familiale provient du tabac. L’ancêtre, Maurits Vandermarliere, était originaire de Moen, en Flandre- Occidentale. Il ouvre en 1924 un magasin de cigares et une fabrique de cigares deux ans plus tard. A partir de la deuxième génération, tous les frères rejoignent l’entreprise ( voir arbre généalogique). “De 1 à 500 millions de cigares en 90 ans”, annonce le site web de J. Cortes, la marque la plus connue du groupe. Guido, le fils cadet, arrive à bord en 1965. En charge de l’exportation, il permet rapidement à l’entreprise de se hisser à un niveau supérieur. Au cours des années suivantes, les parts des autres descendants de la deuxième génération seront rachetées.
Ce ne sont pas tant les cigares que le tabac à rouler de Gryson qui expliquent la fortune des Vandermarlière.
Au demeurant, ce ne sont pas tant les cigares que le tabac à rouler de Gryson qui expliquent la fortune de la famille. Cette société a été rachetée en 2012 par le géant du tabac coté en Bourse Japan Tobacco International. Au cours de cet exercice, le bilan du holding familial GT & Co contenait plus d’un demi-milliard d’euros de liquidités.
Troisième génération
Au sein de la troisieme génération, Frederik – Fred – Vandermarliere, est aujourd’hui propriétaire de l’entreprise de cigares, par l’intermédiaire de son holding personnel SRL Le Fumoir. La production s’effectue au Sri Lanka (2.400 employés). A Handzame (68 employés), le tabac du Sri Lanka est transformé en cigares, et à Zwevegem (95 personnes) se trouve un centre logistique qui distribue 2,5 millions de paquets de cigares par an dans le monde entier. Guido Vandermarliere est administrateur du Fumoir, mais pas actionnaire. “Guido n’est cependant jamais loin pour aider Fred avec de bons conseils”, rapporte le site web.
Au sein de la troisième génération, Sofie gère quant à elle le portefeuille immobilier. Depuis des décennies, GT& Co a des projets sur la côte belge. Le groupe est également actif en Roumanie et en République tchèque. Ces dernières années, elle a été sous les feux de la rampe, principalement avec l’immobilier à Tenerife. Associée à d’autres familles de Flandre-Occidentale, elle a investi dans de grands projets de luxe.
Le cas Destrooper
Pourtant, tout ce que la famille touche ne se transforme pas forcément en or. En 2015, le holding familial a racheté le fabricant de biscuits Jules Destrooper. “Le roi du cigare devient empereur du biscuit”, titraient les médias à l’époque. Mais l’ancienne marque emblématique de la région du Westhoek n’arrive pas vraiment à s’imposer. Au cours des derniers exercices, le chiffre d’affaires a diminué et en 2020, la NV Biscuiterie Jules Destrooper a enregistré une perte reportée de 3,6 millions d’euros. A la fin du mois de mars, l’administrateur délégué non familial Ives Depoortere déplorait “un énorme impact sur [leurs] prix” dû à l’inflation résultant de la guerre en Ukraine.
Fonds d’investissement
La famille est également active dans des fonds d’investissement, qui sont gérés par des tiers. Basé à Rhode-Saint-Genèse, Top Tier Access investit dans d’autres fonds par le biais de divers actifs familiaux. Katrien Vandermarliere est également actionnaire de Vectis Private Equity. Ce fonds investit entre autres dans diverses PME pilotées en Flandre.
La famille pourrait tout aussi bien prendre sa retraite. Mais Katrien n’est pas seulement CFO de Debal Coatings, elle est aussi directrice financière du holding familial. “Pourquoi devrais-je prendre ma retraite? , répond-elle. Que ferais-je alors? Nos enfants apprécient que nous restions actifs. Nous sommes des travailleurs acharnés, c’est une tradition familiale. Au départ, nos enfants n’étaient pas très heureux de la vente de Debal Coatings ( à la société française Blanchon, Ndlr). Ils y ont exercé des jobs de vacances et ont grandi avec l’entreprise. Lorsque nous avons installé les nouveaux bureaux, ils sont venus les voir avec nous. Ils ont toujours été intéressés par l’entreprise.
Le gendre de la quatrième génération, Julien van den Donk, a de son côté, dirigé la branche de Shanghai de 2018 à 2021. Son épouse Anne-Charlotte Devaere a déjà accumulé diverses expériences financières et est aujourd’hui analyste financière au sein du cabinet de conseil Deloitte.
Les fortunes flamandes cachées
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