Crise énergétique: voici comment la France pourra passer l’hiver sans subir de “black-out”
La France pourra passer l’hiver et faire face à la demande de gaz et d’électricité à condition d’économiser l’énergie, ont martelé mercredi les gestionnaires des réseaux, avant les annonces du gouvernement sur d’éventuelles hausses de tarifs.
Sous l’effet de la guerre en Ukraine, les flux de gaz russe se sont taris vers l’Europe, ce qui fait craindre des pénuries dans l’hiver et provoque une envolée des prix sur les marchés. Or ce sont les prix du gaz qui entraînent ceux de l’électricité. Dans ce contexte, le gestionnaire du réseau français de gaz GRTgaz a tenu à rassurer mercredi sur les capacités de la France à “faire face” à la demande de gaz lors d’un “hiver moyen”, et ce tout en développant ses exportations vers l’Allemagne dès la mi-octobre.
La France, dont les réserves sont bien remplies, devra toutefois faire un effort et économiser “dès maintenant” pour le cas d’un hiver très froid. Auparavant, dans la matinée mercredi, le gestionnaire du réseau français de transport d’électricité RTE avait lui aussi sonné la “mobilisation” en appelant les Français à faire un effort de sobriété, face à une situation qualifiée d'”exceptionnelle”.
Un “risque de coupure ne peut pas être totalement exclu”
Selon RTE, un “risque de coupure ne peut pas être totalement exclu”, mais “il pourrait être évité en baissant la consommation nationale de 1 à 5% dans la majorité des cas, et jusqu’à 15% dans les situations météorologiques les plus extrêmes”. Concrètement, pour les entreprises, collectivités et particuliers, il s’agit de baisser ou reporter la consommation de chauffage, d’éclairage ou de cuisson, notamment lors des pics de consommation, le matin entre 8H00 et 13H00 et le soir entre 18H00 et 20H00.
“En aucun cas, la France ne court un risque de ‘black-out'”, c’est-à-dire “la perte de contrôle totale du système électrique”, a tenu aussi à rassurer RTE, alors que la France est touchée comme le reste de l’Europe par une crise énergétique inédite.
La situation de la France se retrouve fragilisée en raison d’une production électrique nucléaire au plus bas, liée à des travaux ou des problèmes de corrosion sur la moitié de ses 56 réacteurs. Même si EDF et ses dirigeants ont redit mercredi que les réacteurs à l’arrêt rouvriraient au cours de l’hiver, une fois les opérations de maintenance terminées.
Les centrales nucléaires à l’arrêt rouvriront cet hiver, promet EDF
Les 26 réacteurs nucléaires français aujourd’hui à l’arrêt devraient avoir redémarré leur production d’électricité au cours de l’hiver, a annoncé mercredi la direction d’EDF, sous pression à l’approche d’une saison tendue sur le front de la sécurité énergétique.
La France fait face à une indisponibilité exceptionnelle de son parc de 56 réacteurs: la tenue “effective” de ce calendrier de retour au réseau jouera un rôle essentiel dans la gestion électrique cet hiver, a prévenu mercredi RTE, le gestionnaire du réseau.
A l’origine de cette situation, le retard des maintenances décennales, dû au Covid, et la découverte l’hiver dernier de problèmes de corrosion, contraignant EDF à entreprendre un contrôle quasi général. Mercredi devant les députés, le PDG d’EDF Jean-Bernard Lévy a indiqué que “les chantiers liés à la corrosion avançaient à un bon rythme”. Concernant le redémarrage des 26 réacteurs aujourd’hui à l’arrêt, cinq doivent repartir en septembre, cinq en octobre, suivis de sept supplémentaires en novembre, trois en décembre, trois en janvier puis deux en février, a expliqué Cédric Lewandowski, directeur exécutif d’EDF. Un 26e aujourd’hui en arrêt “fortuit” devrait redémarrer incessamment.
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“A ce jour, 27 réacteurs sont connectés au réseau et trois sont en économie de combustible afin de pouvoir produire l’hiver prochain,” selon M. Lévy. Ce dernier a toutefois souligné l'”absence de marge de manoeuvre de la filière pour absorber (plus rapidement) cette hausse de charge inattendue”, notamment dans les opérations les plus pointues.
“Nos équipes et celles de nos partenaires industriels sont pleinement mobilisées pour remettre sur le réseau le maximum de réacteurs possible pour le prochain hiver”, a-t-il dit, ajoutant que le groupe avait désormais “un moyen de contrôle non destructif” pour poursuivre les diagnostics de corrosion. Mais “nous faisons face à un cumul inattendu d’activités, qui mobilise des compétences pointues et rares, de tuyauteurs, soudeurs, robinetiers, chaudronniers… Ce déficit de compétences affecte notre capacité à réparer au rythme que nous souhaiterions”, a-t-il dit.
La hausse des prix du gaz et de l’électricité limitée à 15% en 2023
Le gouvernement a annoncé qu’il limiterait “les hausses de prix à 15% pour le gaz en janvier 2023 et à 15% pour l’électricité en février 2023” pour “tous les ménages, les copropriétés, les logements sociaux, les petites entreprises et les plus petites communes”. Un “accompagnement spécifique” sera mis en place pour “aider les plus modestes“, avec des “chèques énergie exceptionnels” de 100 ou 200 euros qui seront “versés d’ici la fin de l’année” à destination de 12 millions de foyers.
La Première ministre française Elisabeth Borne a annoncé mercredi que la hausse des tarifs de gaz et d’électricité serait limitée à 15% en 2023 pour les ménages, tout en précisant que “des chèques énergie exceptionnels seront versés” pour “les plus modestes”.