Comment transformer son stress en énergie positive

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Elke Van Hoof est psychologue clinicienne, experte en gestion de stress et dans le bien-être au travail. Elle a développé une méthode qui a pour but de transformer le stress en un élément plus positif. Explications.

Le stress apparaît en période de volatilité, d’ambiguïté, d’incertitude ou de complexité. Dans le milieu du travail, le stress et l’anxiété est un sujet capital. La conjoncture actuelle est propice à cet état déstabilisant chez bon nombre de travailleurs. Le nombre de burn-out a ainsi augmenté de 66 % en quatre ans , ressort-il d’une analyse des Mutualités Libres des chiffres de l’Institut national d’assurance maladie-invalidité (Inami) cet été, tandis que les dépressions, ont connu une augmentation de 12% sur la même période.

Un travailleur en Belgique sur 5 souffre d’un niveau de stress toxique. Au niveau mondial, seulement 13 % des travailleurs ont une haute vitalité. 25% des travailleurs ont un plus grand besoin de récupération et 25% d’entre eux se disent épuisés.

Aujourd’hui, tout va très vite. Nous devons donc activement entraîner nos corps et notre esprit à s’adapter à ce nouveau rythme. Le cerveau fonctionne d’une telle manière que les émotions positives ne ‘fonctionnent’ plus comme elles devraient lorsqu’on est stressé, ce qui permet aux émotions négatives de se propager plus rapidement“, explique à Trends Tendances le Dr Elke Van Hoof, psychologue clinicienne spécialisée dans le stress et le burn-out.

Fatigue mentale et démence

Le stress peut également avoir d’autres effets nocifs sur la santé. Il peut causer de la fatigue mentale. Il est aussi une des principales causes de démence“, ajoute la spécialiste. Selon Elke Van Hoof, la démence sera le plus gros souci de santé que nous connaîtrons dans 20 ans. “La démence est aggravée par le manque de sommeil, le stress, et un manque de variété dans les stimuli que le cerveau reçoit. Le fait de, par exemple, regarder des écrans toute la journée en est un bon exemple“, met-elle en garde.

Notre focalisation sur le négatif fait partie de notre logiciel de survie“, explique encore la psychologue. “Notre cerveau stressé est fait pour voir et se souvenir du négatif. Ce penchant pour le négatif est intégré dans le fonctionnement de notre cerveau. Les expériences négatives vont directement dans la mémoire à long terme, les expériences positives doivent faire diversion.

Vous devez vivre une expérience positive pendant 10 minutes avant qu’elle ne soit stockée dans votre mémoire à long terme“, explique encore Elke Van Hoof. “Il existe une astuce pour aider votre cerveau à stocker davantage d’expériences positives : si vous avez besoin de rire ou si vous vivez une expérience agréable, restez-y un moment, et comptez jusqu’à 10 avant de retourner à autre chose.”

Elke Van Hoof recommande la technique dite
Elke Van Hoof recommande la technique dite “du 4 – 7 – 8″en cas de stress : “Respirez pendant 4 secondes, retenez votre respiration pendant 7 secondes et expirez pendant 8 secondes”. © GETTY

Le stress, aussi un effet positif

Des moments stressants auxquels il est difficile d’échapper jalonnent la journée du travailleur. “Pourtant, le stress peut également avoir un effet positif, car il nous permet de nous dépasser et de nous développer. Arriver à utiliser le stress à son avantage permet d’être plus résilients, et peut avoir des effets fantastiques sur le corps et le cerveau”, commente Elke Van Hoof. Cette méthode neurobiologique se nomme “stresscrafting”. “Le stress peut notamment amener le cerveau humain à utiliser plus de capacités, améliorer la mémoire et l’intelligence, augmenter la productivité, et même accélérer la guérison du corps”, ajoute la spécialiste.

L’activité physique est cruciale

L’activité physique régulière est aussi cruciale pour gérer son stress et se sentir bien dans sa peau et dans sa tête évoque par ailleurs la psychologue. “Faire de l’exercice aide à générer de nouveaux réseaux dans le cerveau, et à accélérer son processus“.

Il n’est pourtant pas toujours facile de bouger au quotidien, surtout quand on occupe une fonction sédentaire de bureau la majorité de la journée. C’est ici que peuvent intervenir les “wearables”, ces montres et bracelets connectés à la technologie de plus en plus avancée.Nous ne sommes pas toujours conscients d’être dans un moment de stress ou d’être affecté par certains stimuli. Et c’est là que les données des wearables peuvent être utiles“, nous explique Jorne Korzelius, Head of Marketing Northern Europe pour Fitbit, société spécialisée en montres connectées. L’entreprise dont la mission est “d’aider chacun dans le monde à avoir une vie plus saine” a été rachetée dernièrement par le géant Google.

Les montres connectées peuvent ainsi jouer un rôle important dans la bonne santé du travailleur en le motivant, via diverses notifications, à davantage bouger sur sa journée. Elles lui rappellent notamment de faire au minimum 250 pas par heure. Certains modèles – dont la Sense 2 de Fitbit – détectent les moments de stress grâce à un capteur continu d’activité électrodermale (EDA) et en mesurant la variabilité de la fréquence cardiaque et la température de la peau de la personne qui le porte. Une notification est alors envoyée à son poignet lorsque du stress est détecté, ce qui lui permet de prendre du recul et de se détendre, en pratiquant une activité ou un exercice de respiration. En moment de stress intense, Elke Van Hoof recommande la technique dite “du 4 – 7 – 8” : “Respirez pendant 4 secondes, retenez votre respiration pendant 7 secondes et expirez pendant 8 secondes”.

Au fil du temps, le travailleur peut repérer les situations qui engendrent le plus souvent du stress afin de mieux les appréhender et poursuivre sa journée de manière plus détendue.

Les bracelets connectés motivent le travailleur sédentaire à bouger tout au long de la journée.
Les bracelets connectés motivent le travailleur sédentaire à bouger tout au long de la journée.© GETTY

Sport et sommeil

La psychologue conseille de ne pas y aller trop fort dans un premier temps quand on se lance dans une activité sportive, et de viser une amélioration physique de 1% par jour, en commençant petit à petit.

“Il est normal d’avoir différentes phases lorsqu’on se met au sport, et d’avoir des moments de baisse de motivation, de baisse d’énergie. Il est important de poursuivre les efforts malgré ces phases, car après la 3e baisse de motivation et d’énergie, notre corps aura créé des microhabitudes dont il ne se défera plus jamais. S’entraîner tous les jours pour arrêter dès la première baisse de motivation n’est donc pas durable si l’on souhaite construire des habitudes sportives“, explique Elke Van Hoof.

Sans oublier non plus de passer de bonnes nuits réparatrices. Chacun devrait en effet avoir 20% de sommeil paradoxal afin de se reposer correctement et de rester en bonne santé. Elke Van Hoof estime que c’est le cas de seulement 10% des adultes. Là aussi, les “wearables” peuvent donner de précieuses informations et conseils en détectant les différentes phases de sommeil de façon personnalisée.

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