Amende record et bannissement pour Takata et ses airbags défectueux

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L’équipementier japonais Takata a écopé d’une amende civile record de 200 millions de dollars aux Etats-Unis pour la gestion de ses airbags défectueux à l’origine d’au moins huit morts et de plus d’une centaine de blessés. Dans la foulée, Honda a banni les gonfleurs airbags Takata de ses voitures.

Le groupe va tout de suite s’acquitter d’une pénalité de 70 millions de dollars, a précisé l’agence fédérale de la sécurité routière (NHTSA) dans un communiqué. En cas de non-respect de ses engagements, il paierait ensuite le reste, soit 130 millions.

Dans le cadre de cet accord qui porte sur les cinq prochaines années, Takata accepte également d’accélérer la réparation des airbags dans les millions de voitures affectées aux Etats-Unis. Le groupe nippon doit aussi effectuer des rappels de véhicules supplémentaires “à moins de prouver qu’ils sont équipés d’airbags sûrs ou alors s’il peut prouver qu’il a réussi à déterminer pourquoi ses coussins de sécurité sont enclins à éclater subitement”, écrit l’agence. Un surveillant indépendant, sélectionné par la NHTSA, va contrôler l’application des différents points de l’accord et superviser comment le groupe japonais se conforme à la régulation américaine.

Selon la NHTSA, le défaut affecte quelque 23 millions d’airbags aux Etats-Unis qui devront être rappelés pour réparation même si le processus risque de prendre beaucoup de temps. Douze constructeurs automobiles sont concernés. Si cet accord met fin aux tensions avec les régulateurs, Takata reste visé par une enquête pénale du département américain de la Justice.

Manipulations de données

Par ailleurs, le constructeur d’automobiles japonais Honda a annoncé qu’il n’utiliserait plus de gonfleurs d’airbags de son compatriote Takata dans ses nouveaux véhicules, se disant “profondément troublé” par le comportement de l’équipementier, soupçonné d’avoir “maquillé” des données.

L’action Takata accélérait sa chute après cette information: à la mi-journée, le titre tombait à 1.100 yens, soit un plongeon de 19,8% par rapport à son cours de lundi à la clôture (mardi était férié au Japon), avant de revenir autour de 1.180 yens (-14%).

“Aucun nouveau modèle Honda et Acura (la marque de luxe du groupe, NDLR), ne sera équipé avec un gonfleur d’airbag Takata conducteur ou passager”, a déclaré Honda dans un communiqué. Il s’exprimait après l’annonce d’une amende record aux Etats-Unis contre Takata, lequel a admis qu’il était “informé d’un défaut” et qu’il avait manqué à son obligation d’ordonner des rappels “en temps utile”.

“Au cours de ces derniers mois, Honda a examiné des millions de pages de documents internes fournis par Takata” et “nous avons pris connaissance d’éléments de preuve suggérant que Takata avait maquillé et manipulé des données”, explique le troisième constructeur nippon. “Nous attendons de nos fournisseurs qu’ils agissent avec intégrité en toutes circonstances et nous sommes profondément troublés par un tel comportement”, poursuit-il.

Honda, premier client de Takata, a été très fragilisé par le scandale Takata, qui l’a contraint à rappeler à lui seul 24,5 millions de voitures. Il s’est progressivement tourné depuis vers d’autres fabricants. Parmi les rivaux de Takata, qui occupait le deuxième rang mondial avant ce scandale, figurent le suédois Autoliv, l’américain TRW Automotive et le japonais Daicel.

“Dans un avenir proche, nous serons en mesure de remplacer les gonfleurs d’airbags des voitures rappelées uniquement par des pièces venant d’autres fournisseurs” que Takata, a assuré Honda.

Lors d’une conférence de presse, un dirigeant de Takata, Hiroshi Shimizu, a botté en touche, refusant de détailler les conséquences de la décision de Honda, client qui génère plus de 10% de ses ventes. “Cette affaire aura un impact sur la gestion (du groupe), c’est certain”, s’est-il borné à dire alors que d’aucuns évoquent un risque pour la survie de l’entreprise.

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