Comment l’engouement pour le van dope le secteur du camping-car

© GettyImages

“Vanlifers” accros aux réseaux sociaux et “camping-caristes” plus traditionnels ne partent pas toujours en vacances ensemble ; mais leur soif commune de liberté et l’engouement dont jouissent les vans profitent à l’ensemble du secteur.

“Comme les meilleurs expressions marketing”, sa signification est “à la fois précise et vague”, écrivait en avril 2017 la revue américaine New Yorker: la “vanlife”, mode de vie nomade et minimaliste à bord d’un véhicule aménagé, fait rêver des amoureux de la nature et des grands espaces.

Elle s’invite même au vénérable salon des véhicules de loisirs, dont la 54e édition se tient jusqu’au 6 octobre au Bourget pour la deuxième année et à l’initiative de la Fédération Française des Campeurs, Caravaniers et Camping-caristes (FFCC).

“On essaie d’apporter un côté animations, de l’échange, avec des voyageurs qui vont parler de leur tour d’Europe en van”, explicite Caroline Matichard, de la FFCC. Et dans un univers où “on part de l’idée que le client traditionnel a 57 ans et plus”, selon le président du salon, François Feuillet, la “vanlife” fait souffler un vent de jeunesse.

– Ventes en forte hausse –

Mardi, c’est une petite entreprise normande, l’Artisan du voyage, qui était invitée pour présenter son activité, l’aménagement de fourgons personnalisés, des vans de plus petit gabarit que les camping-cars souvent massifs. Bois omniprésent, matériaux de récupération, souci du recyclage… Leurs clients ont le plus souvent entre 29 et 35 ans, explique Nathanael Moreau.

Leurs services intéressent notamment “des voyageurs au long cours, soit pour des projets de voyages en particulier, soit pour des projets de vie”, détaille-t-il. Or, “29-35 ans, c’est un peu le moment où on se dit qu’on peut prendre un virage” avant de renouer avec une existence plus “normale”.

Pour autant, “l’équation n’est pas +tu es jeune, tu as un van, tu es vieux, tu prends un camping-car+”, nuance Marion Woirhaye, la directrice générale de Wikicampers, sorte d’Airbnb du véhicule de loisirs. “Les pré-retraités et retraités s’intéressent de plus en plus aux fourgons”, perçus comme plus maniables et plus discrets.

“Ceux pour qui un camping-car devient trop gros” quand la vue baisse se convertissent également, abonde François Feuillet, également directeur général de Trigano, le leader européen du camping-car.

Les ventes s’en ressentent. Le nombre d’immatriculations des vans et fourgons aménagés a bondi de plus de 15% sur la saison 2018-19 (un peu plus de 9.500 unités) pendant que celui des camping-car progressait de 3% (environ 24.000 unités). Sur la même période, le nombre de caravanes neuves s’affichait en légère baisse (-1,8% à quelque 8.000 unités).

Des retraités avides de poster leur “vanlife” sur Instagram? “C’est vrai qu’il y a un public un peu +camping-car+ qui s’oriente vers les vans, mais ça reste autre chose que des gens qui vivent dans leur camion”, observe Camille, Bretonne travaillant à Marseille et détentrice depuis quelques mois d’un camion aménagé.

– Divergences et ressemblances –

“Les camping-caristes aiment souvent la gastronomie, visiter des lieux touristiques ou voyager à plusieurs équipages, alors que les “vanlifers” sont plutôt des gens en mouvance, qui travaillent dans leur van, vont profiter des activités locales, consommer local…”, observe Caroline Matichard. Le distingo ne se fait pas tant sur l’âge que sur “l’état d’esprit”.

En outre, les vans aménagés proposés par les gros constructeurs sont vendus quasiment aussi cher que les camping-cars, environ 50.000 euros. Une somme pas à la portée de tous.

Pamela Fontaine et Paul Bienaimé – “pam_et_paul” sur Instagram – “vanlifers” originaires du nord de la France, “voulaient quelque chose de discret, qui passe partout, pas cher”, explique la jeune femme, qui travaille dans la restauration. Véhicule d’occasion, aménagement spartiate: facture globale d’environ 20.000 euros, le même niveau d’investissement consenti par Camille.

“Vanlifers” et “camping-caristes” utilisent néanmoins les mêmes services, comme les aires d’accueil, ou l’application “Park4Night” qui recense les endroits où passer la nuit. “Le dénominateur commun, c’est qu’ils veulent la liberté et se sentir bien dans leur véhicule”, note Caroline Matichard (FFCC). Qu’ils le partagent ou non sur les réseaux sociaux.

Retrouvez l’ensemble des articles de notre dossier Vacances d’été 2023

Partner Content