Les banques françaises sont-elles enfin tirées d’affaire ?

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De nombreuses banques françaises ont publié leurs résultats la semaine dernière. Très bons dans l’ensemble, ils attestent de la reprise de l’activité économique… mais ne garantissent pas pour autant une sortie de crise définitive.

Les banques françaises sont en excellente forme. Comme si la crise financière, qui fête ses trois ans, était déjà de l’histoire ancienne. BNP Paribas, Société Générale, Crédit Mutuel et Natixis ont affiché un bénéfice en hausse au deuxième trimestre. Et meilleur qu’attendu. De quoi déclencher un concert de louanges de la part des analystes et la détente des marchés.

Seul Dexia, dont les résultats sont en baisse par rapport à l’année dernière, fait grise mine. Malgré des bénéfices supérieurs aux prévisions, les analystes retiennent surtout que les profits de la banque franco-belge sont le fruit d’éléments exceptionnels plus que de l’activité elle-même.

Malgré des résultats encore incomplets, certaines tendances se dessinent quant à la santé des banques françaises. Déjà, elles sont de moins en moins pénalisées par leurs actifs à risque, pour lesquels elles avaient été obligées de constituer d’importantes provisions pendant la crise. Même Natixis, qui était de loin la banque la plus affectée par les crédits subprime, a dévoilé pour la première fois un bilan lavé des provisions pour pertes de crédits. Grâce à la baisse des provisions, la Société Générale a publié un produit net bancaire en hausse de 17 %.

“Pour la première fois, on a l’impression que le risque associé aux actifs toxiques est derrière nous”, estime Benoit de Broissia, analyste du secteur chez KBL Richelieu Finances.

Baisse du coût du risque

Ensuite, le deuxième trimestre de 2010 a assurément signé le retour en forme de la banque de détail, boostée par d’importants volumes de crédits et les bas taux d’intérêt de la Banque centrale européenne. Dans le détail, les crédits immobiliers et les crédits de trésorerie des entreprises ont connu les plus fortes progressions. Le crédit à la consommation et le crédit aux entreprises pâtissent toujours de la faible activité économique.

Ajoutée à la qualité des revenus de la banque de détail, la baisse du coût du risque, c’est-à-dire des provisions et dépréciations pour créances douteuses, est certainement l’autre élément marquant de ces résultats. BNP Paribas, par exemple, a divisé le sien par deux. Avec la sortie progressive de récession, les banques sont de moins en moins obligées de provisionner pour faire face aux défauts éventuels de leurs clients. Signe que les grandes entreprises vont bien, le coût du risque a été quasi nul sur la banque de financement.

“Tous ces éléments ont de quoi enthousiasmer les banques, qui peuvent enfin compter sur une reprise plus solide que l’année dernière”, estime Benoit de Broissia. Car, en 2009, les banques avaient aussi affiché d’excellents résultats, mais grâce, exclusivement ou presque, à leurs activités de marché. Ce qui faisait penser aux analystes que les banques n’étaient pas encore sorties d’affaires.

Aujourd’hui, au contraire, la BFI a confirmé son déclin. En cause, justement : des conditions de marché très difficiles au second trimestre, en raison notamment des tensions sur la dette des Etats européens. “Mais il n’y a pas de raison que cette tendance perdure dans le temps : nous observons déjà une accalmie sur les marchés”, prévient Benoit de Broissia.

L’avenir n’est pas si rose

Quoi qu’il en soit, l’heure est à l’optimisme dans le secteur. Après avoir passé haut la main les stress tests européens et obtenu un assouplissement de certaines dispositions du nouveau cadre réglementaire de Bâle III, les patrons de banque affichent une parfaite sérénité pour l’avenir. Baudouin Prot (BNP Paribas) comme Frédéric Oudéa (Société Générale) veulent croire au retour de la croissance. Ils estiment tous deux que les plans de rigueur mis en place un peu partout en Europe, loin de l’handicaper, favoriseront même l’activité.

Les économistes, eux, semblent beaucoup plus prudents. Certains considèrent en effet que les perspectives des banques françaises sont un brin trop optimistes. En effet, la crise n’est pas terminée, la croissance des pays développés reste très faible, et ce, pour quelques années encore. Quant aux conditions de financement du système bancaire, il n’est pas sûr que la méthode Coué – par laquelle les banques assurent leur solidité – suffise à rassurer les marchés. Malgré une solide réputation, elles continuent à rencontrer, comme leurs homologues européennes, des conditions de financement difficiles.

Julie de la Brosse, L’Expansion.com

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