La néo-banque, NiCKEL, accélère son développement international avec son entrée en Belgique en 2022
Grâce à son offre de services ultra-simplifiés, la filiale de BNP Paribas compte séduire 300.000 clients belges en cinq ans.
Dans un an, la Belgique devrait compter une nouvelle enseigne bancaire: NiCKEL. La néo-banque française rachetée en 2017 par BNP Paribas vient d’annoncer qu’elle accélérait son développement international. Un développement qui passe déjà par l’Espagne, où NiCKEL a ouvert une succursale en décembre de l’an dernier, mais comprendra bientôt le Portugal et la Belgique, pays dans lesquels la banque prépare son entrée pour le premier trimestre de l’an prochain. Et elle y a de grandes ambitions: “d’ici cinq ans, nous visons 300.000 ouvertures de comptes en Belgique et 450.000 au Portugal”, souligne Marie Degrand-Guillaud, la directrice déléguée de NiCKEL.
L’entreprise a été créée en 2013 par l’ancien directeur de la communication de la Société Générale et ancien patron de Boursorama, Hugues Le Bret, et par Ryad Boulanouar, un ingénieur qui a travaillé sur le pass Navigo (la carte d’accès au réseau de la RATP, la Stib parisienne) et sur le portefeuille électronique Moneo (l’équivalent en France de notre ancien Proton). Elle a depuis connu une explosion impressionnante et attire aujourd’hui 1,9 million de clients en France, employant environ 500 salariés: 470 en France et 30 en Espagne.
Sérénité dans la crise
Cette banque n’a toutefois rien de classique. Elle n’offre que des services de paiement et son réseau est constitué en France à partir des réseaux de magasins de tabac. NiCKEL est un compte courant ouvert à tous, sans condition de revenus, de dépôts ou de patrimoine, et sans possibilité de découvert ni de crédit. Cela suppose donc une plateforme numérique qui comptabilise toute opération en temps réel, en vérifiant le solde du compte pour chaque opération. Pour 20 euros par an, NiCKEL fournit, outre un numéro IBAN, une Mastercard et des outils pour suivre ses opérations en temps réel (Web, mobile, SMS). Il suffit d’aller dans un bureau de tabac avec un numéro de téléphone et une pièce d’identité et le client ressort quelques minutes plus tard avec une boîte contenant son RIB (relevé d’identité bancaire) et une carte de paiement.
Le produit, qui avait d’abord ciblé les exclus bancaires, a finalement intéressé une clientèle diversifiée, comprenant tous ceux qui ont besoin d’un deuxième compte “de proximité” pour effectuer des paiements à l’étranger, pour gérer les factures d’eau et d’électricité de sa résidence secondaire, pour doter son enfant d’un compte personnel (NiCKEL est accessible en France dès 12 ans), pour gérer ses paiements sur des plateformes en lignes, etc.
“Nous avons un très large public, car nous répondons à un besoin simple et universel, explique Thomas Courtois, président de NiCKEL. Nous permettons à nos clients d’ouvrir un compte en cinq minutes pour payer et être payé le plus simplement du monde à un prix maîtrisé. Notre grille tarifaire tient sur 17 lignes et n’a jamais été changée depuis notre lancement. Tous nos clients sont servis de la même façon, et paient le même prix.”
Un business model qui s’est révélé plus que résistant en cette époque chahutée. La crise sanitaire a même donné un coup de fouet: “dès la sortie du premier confinement, nous avons battu tous nos records en termes d’ouverture de comptes, se réjouit Thomas Courtois. Sur les derniers mois de l’an dernier, nous avons ouvert 40.000 comptes par mois en France, soit 30% de plus qu’en 2019”.
Un terreau fertile
Une dynamique que NiCKEL compte bien retrouver en dehors de l’Hexagone. “Le sous-jacent du succès de notre banque en France existe ailleurs en Europe, observe Thomas Courtois. L’accès au secteur bancaire n’est pas toujours facile pour tous, et les gens sont à la recherche d’une offre très simple et proche d’eux.” Et pourquoi viser particulièrement le marché belge? “Parce qu’il y a des tendances de fonds qui nous sont favorables, répond le président de NiCKEL. Le réseau des agences bancaires traditionnelles rétrécit (leur nombre a diminué de 45% en six ans), les banques ont des marges sous pression, et ont donc tendance à augmenter leurs commissions. Et nous faisons partie du groupe BNP Paribas. Nous pouvons bénéficier en Belgique du soutien, très précieux, de BNP Paribas Fortis.”
Le président de NiCKEL est en outre convaincu que sa banque ne phagocytera pas la clientèle des autres réseaux du groupe BNP: BNP Paribas Fortis, Hello bank! , bpost banque. “Au contraire, nous avons la conviction que nous serons très complémentaires, comme nous le sommes en France où il existe aussi le réseau BNP Paribas et Hello bank! , dit-il. D’ailleurs, nous travaillons en étroite collaboration avec les équipes de BNP Paribas Fortis pour préparer le lancement.”
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Offre belge
Le compte à rebours a commencé: des contacts ont déjà été noués avec la Banque nationale et la demande de licence bancaire, dans le cadre du passeport européen, pour la succursale belge est partie vers le régulateur. L’équipe d’une dizaine de personnes est en voie de constitution. Il reste encore, dans la to do list, à trouver un partenaire pour la distribution et à adapter la plateforme aux spécificités du marché belge. Et donc, entre autres, présenter une offre bilingue…
Car l’offre en Belgique sera “une offre belge, avec un IBAN belge, avec des équipes locales, avec un réseau de distribution, un service client local”, souligne Thomas Courtois. La tarification sera similaire à celle pratiquée en France: un abonnement au compte bancaire de 20 euros par an, majoré des frais pour les opérations physiques (dépôt ou retrait d’espèces, remplacement de carte), avec les mêmes options, comme par exemple la carte “Chrome”, carte premium qui offre des garanties supplémentaires et une tarification compétitive – pas de frais bancaire, pas de frais de change – pour les paiements à l’étranger.
Pour savoir qui sera le réseau partenaire, il faudra toutefois encore attendre un peu. Les libraires? Thomas Courtois reste évasif. “Nous discutons avec plusieurs partenaires. Nous sommes assez avancés avec certains d’entre eux, mais il est un peu trop tôt pour les annoncer aujourd’hui. Ce que je peux dire, c’est que nous recherchons en Belgique, comme en France, des réseaux de distribution à très fort maillage, à fort ancrage local, constitués de points de vente très fréquentés et si possible gérés par des indépendants qui ont à coeur de diversifier leur clientèle.”
Il ne faut toutefois pas être un grand clerc pour deviner que le rachat total par BNP Fortis de bpost banque, fort d’une présence dans 660 bureaux de poste, pourrait aussi s’intégrer dans la stratégie de la banque en Belgique, même si Thomas Courtois ne désire pas commenter cette hypothèse. “Il est évident que plus BNP Paribas Fortis se renforce, plus il se crée d’opportunités pour nous. Mais, ajoute-t-il, nous avons d’autres partenaires potentiels que les bureaux de poste et notre annonce aujourd’hui est décorrélée de cette opération.”
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