Tempête boursière : les plus proches alliés de Donald Trump commencent à se désolidariser

Il y a quatre mois, Wall Street applaudissait la victoire de Donald Trump, tablant sur davantage de baisses d’impôt et sur la mise en place d’un programme économique très profitable aux entreprises. © BELGAIMAGE
Baptiste Lambert

Une troisième correction boursière consécutive se dessine, ce lundi. À l’ouverture de Wall Street, le S&P500 était officiellement en bear market : plus de 6.000 milliards de dollars évaporés en quelques jours. Des proches alliés du président américain commencent à remettre en cause la méthode Trump.

“Ne soyez pas faibles ! Ne soyez pas stupides ! (…) Soyez forts, courageux et patients et la GRANDEUR sera au rendez-vous”, écrivait le chef de l’État sur sa plateforme Truth Social, peu avant l’ouverture de Wall Street. Cela n’a pas empêché le principal indice boursier, le S&P 500, de lâcher à nouveau 3%, à l’ouverture, faisant entrer l’indice en bear market : -21% depuis son pic du 19 février dernier.

Entretemps, l’indice des 500 plus grandes entreprises américaines était retourné en territoire positif, mais c’était suite à la publication d’une fake news selon laquelle les tariffs étaient suspendus pour 90 jours. Une information que Donald Trump a démentie en personne.

Wall Street voit bel et bien rouge à l’heure d’écrire ces mots. :-2% pour le S&P500, -1,75% pour le Nasdaq et -2% pour le Dow Jones. La tempête boursière se poursuit pour une troisième journée consécutive, après les chutes de jeudi et vendredi, y compris sur les places boursières européennes.

“Nous détruisons la confiance”

Cette tempête boursière inquiète les proches alliés de Donald Trump. Imposer des droits de douane pour négocier et rapatrier des industries aux États-Unis est une chose, le faire tous azimuts et dans de telles proportions en est une autre. Ainsi, Bill Ackman, fondateur du fonds spéculatif Pershing Square Capital Management et fervent défenseur de la candidature de Donald Trump, s’est fendu d’un long post très critique et très partagé sur X.

Le milliardaire indiquait que “le pays soutenait à 100% le président dans sa tentative de corriger un système mondial de droits de douane qui l’a désavantagé”,”mais les affaires sont un jeu de confiance”, prévenait-il. “En imposant des tarifs douaniers massifs et disproportionnés à nos amis comme à nos ennemis, déclenchant ainsi une guerre économique contre le monde entier, nous sommes en train de détruire la confiance dans notre pays en tant que partenaire commercial, lieu d’activité et marché d’investissement.”

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Bill Ackman a plaidé pour un nouveau “délai de 90 jours” pour “résoudre les problèmes commerciaux par le biais de négociations”, sans quoi la baisse de confiance des consommateurs américains se poursuivra encore et les investissements des entreprises s’estomperont, faute de lisibilité.

Rappelons que la consommation des ménages représente près de 65% du PIB des États-Unis. Ce qui fait dire à certains, comme Dan Ives, analyste très suivi aux États-Unis, ou encore JP Morgan, qu’une récession pend au nez de l’État américain. D’autres songent à une stagflation dans un scénario pas beaucoup plus optimiste : une croissance nulle et de l’inflation.

“Au bout du compte, il faut une zone de libre-échange entre l’Europe et l’Amérique du Nord”

Malgré la bromance qu’ils peuvent afficher, il y a de l’eau dans le gaz entre Donald Trump et Elon Musk. Le premier songerait même à débarquer le second le mois prochain, avance Politico. C’est ce que le président aurait annoncé à son cercle fermé. En tout cas, le CEO de Tesla ne voit pas les droits de douane d’un bon œil, lui dont l’entreprise a déjà cédé près de 40% de sa valeur depuis le début de l’année.

Ce weekend, Elon Musk déclarait espérer “qu’un accord soit trouvé, au bout du compte, pour que l’Europe et les États-Unis puissent, idéalement, à mes yeux, aller vers une situation avec zéro droit de douane, créant dans les faits une zone de libre-échange entre l’Europe et l’Amérique du Nord”.

Il est vrai que cette déclaration a été faite dans un contexte particulier. C’était samedi, par visioconférence, lors d’un congrès de la Ligue, parti d’extrême droite allié au gouvernement italien de Giorgia Meloni. Mais le milliardaire s’en était déjà pris jeudi dernier à l’architecte des droits de douane, Peter Navarro, conseiller économique de Donald Trump.

Avoir un doctorat en économie à Harvard est une mauvaise chose, pas une bonne chose“, a écrit Musk. “Le ratio égo/cerveau devient alors trop élevé”. Plus tard, répondant à un utilisateur de la plateforme qui citait Thomas Sowell – “Dans chaque catastrophe de l’Histoire américaine, on retrouve toujours un homme sorti de Harvard” — le patron de Tesla validait, ajoutant que Navarro n’avait “jamais rien construit”.

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“L’économie mondiale est en train de s’effondrer à cause de mauvais calculs”

Ce lundi, plus tard dans la journée, Bill Ackman s’en est pris à son tour à l’équipe qui conseille Donald Trump : “La formule utilisée par l’administration pour calculer les droits de douane fait apparaître des droits de douanes quatre fois plus importants qu’ils ne le sont en réalité. Le président Donald Trump n’est pas un économiste et compte donc sur ses conseillers pour effectuer ces calculs afin qu’il puisse déterminer sa politique.”

Un sursaut est plus que nécessaire, lançait-il : “L’économie mondiale est en train de s’effondrer à cause de mauvais calculs. Les conseillers du président doivent reconnaître leur erreur avant le 9 avril et opérer un changement de cap avant que le président ne commette une grave erreur basée sur de mauvais calculs.”

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