Quels “cygnes noirs” en 2025 ?

Un cygne noir. Image : Getty Images.

Les “cygnes noirs” sont des  évènements improbables, mais plausibles. Que pourrait-il se passer en 2025, et quel serait l’impact sur le marché ?

Le début d’année est toujours l’occasion pour les analystes de formuler leurs prédictions et d’anticiper les facteurs susceptibles d’influencer les marchés boursiers au cours des douze mois à venir, tout en tentant de réduire l’incertitude. Bien entendu, personne ne possède de boule de cristal, et ces prévisions peuvent souvent être remises en question.

Un facteur susceptible de bouleverser les prévisions réside dans les grandes surprises : ces événements imprévus que personne n’avait anticipés. Cependant, même dans ce cas, certains analystes s’efforcent d’explorer l’inattendu. Quels sont les événements improbables mais plausibles qui pourraient survenir ? Dans le jargon, on les désigne par le terme d’« événements cygne noir ». Voici les cinq cygnes noirs identifiés par BCA Research et leur impact potentiel sur le marché.

« Nous ne prévoyons aucun de ces événements, mais ils pourraient se produire et, dans tous les cas, leurs implications macroéconomiques et/ou financières seraient considérables », peut-on lire dans la note consultée par Insider.

La politique économique chinoise

Les prédictions concernant les événements cygne noir évoquent souvent des facteurs négatifs susceptibles de faire chuter les marchés. Cependant, ce n’est pas toujours le cas. Par exemple, Pékin pourrait surprendre positivement en annonçant un vaste plan de relance économique, comprenant un programme ambitieux d’aides, des baisses de taux d’intérêt, et une ouverture accrue de son marché intérieur à la concurrence étrangère. Des mesures favorables aux entreprises privées pourraient également être mises en place pour les inciter à prendre davantage de risques. Par ailleurs, Pékin pourrait engager des négociations avec Washington afin de relancer le commerce avec les États-Unis et convaincre Trump de revoir ses projets de taxes d’importation élevées visant la Chine.

Un tel scénario entraînerait un “rallye monstre” sur les marchés financiers, selon BCA Research, avec un impact initial sur les actifs chinois. Ce fut déjà le cas fin septembre et début octobre 2024, lorsque des annonces de mesures économiques avaient permis au CSI 300 et au Hang Seng d’enregistrer une hausse de 35 % en seulement trois semaines. Mais cet effet ne se limiterait pas aux actions chinoises : les marchés européens, sensibles à de telles dynamiques en raison de leurs liens commerciaux étroits avec la Chine, bénéficieraient également d’une augmentation significative des cours des entreprises.

Depuis la fin du confinement en décembre 2022, les marchés espèrent un plan de relance massif en Chine. Cependant, ces attentes se sont peu à peu dissipées. Le fait qu’un tel scénario soit désormais perçu comme un événement cygne noir en dit long sur l’état des anticipations économiques.

Un accord nucléaire entre les États-Unis et l’Iran

Là aussi, un scénario positif : si Trump se remet à la table des négociations avec l’Iran et signe un accord pour que la République islamique mette fin à son programme de développement de l’arme nucléaire. Trump s’en était retiré lors de son mandat précédent et a émis de nouvelles sanctions envers Téhéran.

L’impact serait surtout ressenti sur le marché du pétrole. Il craint aujourd’hui que Trump serre davantage la vis. L’offre de pétrole iranien pourrait donc baisser, et avec elle l’offre mondiale, ce qui fait augmenter les prix du baril. Un accord ferait chuter les prix.

Mais attention : dans le scénario sans accord, et donc le moins inattendu, les perspectives sont plutôt sombres. Il y aurait une probabilité de 75% d’escalade militaire entre les deux pays en 2025, selon le cabinet de recherches. Une guerre fait généralement chuter les marchés, à part pour quelques actifs du secteur de la défense.

Trump et l’OTAN

Les États-Unis resteront-ils dans l’OTAN ? La question se pose. Lors de son précédent mandat, Trump indiquait qu’il voulait quitter l’OTAN. Avant de commencer son second mandat, il a déjà émis de nouvelles menaces : si les pays européens ne dépensent pas plus pour assurer leur défense (l’objectif est de 2% du PIB, mais tous les pays, dont la Belgique, n’y sont pas), les États-Unis quitteraient l’OTAN.

Ce cygne noir serait le suivant : la Russie attaquerait un pays d’Europe de l’Est, membre de l’OTAN, et les États-Unis ne viendraient pas à sa rescousse. Alors que cette protection est le principe fondateur de l’OTAN : les pays membres doivent répliquer si l’un d’entre eux est attaqué. Ajoutons que ce ne sont pas les signes publics d’absence d’unité au sein de l’OTAN qui vont aider à dissuader Poutine d’une telle attaque.

Une telle attaque, et l’absence de réponse ce certains membres de l’OTAN, serait un choc pour les actifs et les devises d’Europe de l’Est. L’euro aussi subirait fortement. Mais même avant une attaque russe, les commentaires de Trump contre l’OTAN peuvent donc déjà être une pression sur ces actifs, aujourd’hui.

Le Mexique

Autre cygne noir, autre confrontation militaire et/ou économique. Washington pourrait intervenir militairement contre les gangs de la drogue, au Mexique. “Dans ce cas, les États-Unis violeraient la souveraineté du Mexique et provoqueraient la mort de civils. Les cartels pourraient également chercher à exercer des représailles sur le territoire américain, ce qui provoquerait une crise sécuritaire en chaîne”, estime BCA Research.

Les deux pays pourraient aussi se confronter de manière économique, avec une guerre des taxes d’importation. Elle aurait comme résultat des “hausses de prix significatives”. Cela couperait dans les marges des entreprises, et pourrait mener à des chutes à Wall Street.

Notons que Trump a promis, dans sa campagne électorale, d’augmenter les taxes d’importation du Mexique et du Canada à 25%, malgré un accord de libre échange entre les trois pays.

La contre-attaque sur le marché des devises

Trump veut augmenter les taxes d’importation. Cela devrait nuire à de nombreuses devises. Le cygne noir : les pays concernés pourraient se concerter et organiser une riposte contre les menaces Washington, en prenant des mesures pour faire chuter le dollar et augmenter le pouvoir d’achat de leurs devises. L’impact de la hausse des taxes d’importation serait donc moins important ; ce qui serait une bonne nouvelle pour les entreprises européennes et l’euro.

Quoi qu’il en soit, Donald Trump est cité dans les cinq scénarios “cygne noir”. Ce qui montre que son arrivée au pouvoir plonge le monde dans l’incertitude et qu’il ne faut pas exclure l’inattendu.

Pourquoi un “cygne noir” ?

Pourquoi utilise-t-on le terme de cygne noir pour décrire ces événements ? L’expression se réfère à une ancienne croyance qui voulait que les cygnes noirs n’existent pas, comme la majorité d’entre eux sont blancs. Mais un jour, l’on découvrit qu’ils existent bel et bien.

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