Une avalanche de nouvelles émissions
Les temps sont durs, tant pour les investisseurs que pour les banquiers centraux. C’est que la conjoncture ne se redresse pas comme prévu. Personne ne peut donc prédire quelle direction prendra la politique monétaire. Afin d’éviter tout risque, la majorité préfère consolider ses avoirs. Ce qui pousse les taux d’intérêt partout à la hausse. Ceux en dollar ont atteint leur plus haut niveau depuis deux ans !
Le G-20 n’a pas non plus fourni de perspectives. Et les dernières statistiques économiques sont trop mitigées pour qu’on en déduise une tendance. Pire, même après l’introduction de nouveaux modes de calculs, on est toujours obligé de revoir les chiffres précédents à la baisse. Ce qui n’est pas très encourageant. Tout le monde se demande ce que va faire la Fed : osera-t-elle diminuer ses largesses monétaires dès ce mois-ci comme attendu ? En fait elle n’a d’autre choix que de soutenir coûte que coûte son dollar moribond.
Les grandes manoeuvres financières perturbent les banques européennes. Contrairement à leurs homologues américaines, les européennes croulent sous leurs créances diverses, dont beaucoup d’insolvables. Les américaines, en revanche, ont transféré les leurs à des institutions spécialement érigées pour la circonstance, de sorte à ne plus devoir répertorier ces créances sur leurs bilans. Ce qui fait qu’elles se retrouvent en bonne position pour atteindre le fameux rapport de 3% de capital face à leurs engagements. Seule la JPMorgan Chase devrait encore élaguer quelque 12% de ses avoirs pour y parvenir.
La situation des banques européennes est moins glorieuse. Pour atteindre ce fameux rapport, elles devraient réduire leurs bilans de moitié. Elles devraient donc se débarrasser de près de 1.750 milliards d’euros. Les plus affectées d’entre elles sont la BNP Paribas, le Crédit Suisse, la Deutsche Bank, la Société Générale et l’UBS. Si elles ne parviennent pas à réduire substantiellement leur bilan, elles devront lever quelque 55 milliards d’euros pour atteindre le rapport fatidique.
Certaines banques pratiquent la méthode américaine et parquent leurs créances diverses auprès d’institutions hors-bilan. Les directives européennes en la matière requièrent cependant qu’elles incluent ces créances dans leur bilan. Ce qui serait particulièrement fâcheux pour des institutions telles que la HSBC ou la Standard Chartered. On ressent d’ailleurs dès à présent le malaise. Les banques américaines occupent à nouveau les avant-postes dans le domaine des nouvelles émissions. Les grandes manoeuvres de la semaine passée viennent encore renforcer leur position.
Ces affaires consolident aussi la position du dollar sur les places financières. Il avait perdu du terrain depuis l’introduction de l’euro mais est parvenu à renverser cette tendance. Selon les derniers chiffres publiés par la Banque des règlements internationaux, la part de l’euro dans les échanges s’est tassée de 5% environ au profit du dollar et du yen. Le volume quotidien négocié sur le marché des changes fait en moyenne 5.345 milliards de dollars, soit 2.000 milliards de plus qu’à la veille de la crise actuelle. L’expansion monétaire de la Fed n’est pas étrangère à cette évolution.
Le dollar (USD) a dû céder une partie du terrain en fin de semaine. Il clôture cependant en hausse de 0,9% face à l’euro. Le yen (JPY) s’est replié de 0,5%. Les devises chahutées les semaines précédentes ont quasiment toutes repris vigueur. En tête, on retrouve le dollar australien (AUD), gagnant 3,6%, immédiatement suivi de son homonyme néo-zélandais (NZD) +3,25%. Le réal brésilien (BRL) s’est consolidé de 2,4% et le rand sud-africain (ZAR) a récupéré 2,3%. La couronne norvégienne (NOK) a repris 1,1%.
Les entreprises de télécommunications étaient choyées sur le marché des capitaux. Nokia a progressé de 8% en moyenne suite à l’offre de reprise d’une partie de ses activités par Microsoft. Les obligations de cette dernière ont reculé de 2% en moyenne. Hormis Verizon et AT&T qui ont cédé près de 8%, toutes les autres compagnies de télécommunications ont progressé. Sinon, on comptait plus de titres orientés à la baisse qu’inversement, dans un rapport de 7 contre 1. Plus surprenante était la déconfiture des supranationales en JPY.
Le marché primaire a dû faire face à une avalanche de nouvelles émissions. Certaines d’entre elles s’adressaient aux petits porteurs. En EUR, nous trouvons Nestlé (AA) et la Deutsche Bahn (AA) dont les conditions sont correctes. Un nouveau venu est Outotec ou Outokumpu Technology (sans notation), une société finlandaise offrant des services techniques aux entreprises métallurgiques. Son émission s’adresse aux institutionnels. Elle rapporte 1,9% de plus que la moyenne du marché.
On trouve de tout parmi les exotiques. Mercedes (A-) en AUD est chère. Si vous parvenez à contenir les frais de transaction, vous trouverez facilement mieux sur le marché secondaire. BNP Paribas (A) en NZD est de très petite taille et sera donc difficilement négociable par après. Ses conditions sont toutefois correctes. La BEI (AAA, supranationale) en lire turque (TRY) conviendra à quiconque devant récupérer une perte de change. Nous jugeons sa durée néanmoins trop courte pour convenir parfaitement. La TRY a encore cédé 0,6% la semaine passée. La nouvelle tranche du même émetteur en ZAR conviendra mieux à cette tâche. Ces deux nouvelles tranches sont meilleur marché que les existantes disponibles sur le marché secondaire.
Obligations
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