Danny Reweghs
Danny Reweghs Journaliste

Digne d’achat

Affirmer que Transocean, leader mondial dans la location d’installations de forage pétrolier, souffre de la baisse des cours du pétrole, revient à enfoncer une porte ouverte. Heureusement, les signaux émis par l’Arabie Saoudite laissent à penser que la baisse du cours est désormais considérée comme suffisante. Les économies d’une ampleur inédite opérées par les producteurs de pétrole, qui se poursuivront d’ailleurs l’an prochain, ont causé d’énormes ravages parmi les prestataires de services pétroliers, avec des baisses de cours atteignant, voire dépassant les 80%. La crise a notamment un fort impact sur la flotte de Transocean. En octobre 2014, elle se composait encore de 79 plateformes, dont 69 actives, 2 inactives et 8 ” stacked ” (avec des frais opérationnels réduits, sans perspective de nouveaux contrats). Son point faible, que nous évoquions déjà à l’époque, était qu’un grand nombre de ces plateformes verraient leur contrat arriver à échéance en 2015 (20) et 2016 (23). Entretemps, la flotte a été réduite à 62 plateformes, dont 41 sont actives, 7 inactives et 14 stacked. Depuis le début de la crise, Transocean a déjà démantelé 22 plateformes sur lesquelles elle a enregistré pour 148 millions USD de dépréciations l’an dernier et pour 664 millions USD cette année. Et le calvaire n’est pas terminé, car le contrat de 24 plateformes actives arrivera à échéance cette année (3) ou en 2016 (21). La direction ne prévoit pas d’amélioration de la situation avant 2017. Le point positif est que le programme de construction de 12 plateformes au total, qui avait été décidé avant le début de la baisse du pétrole, a déjà été adapté à plusieurs reprises. La Thalassa, la première plateforme pour forages en eaux très profondes d’un total de cinq avec contrat, a pourtant été livrée en septembre. La Thalassa dispose d’un contrat de 10 ans avec Shell au tarif attrayant de 519.000 USD par jour. La livraison des 11 autres plateformes (4 avec et 7 sans contrat) s’étalera entre 2016 et 2022. Sur le plan opérationnel, un programme d’économies d’au moins 1 milliard USD, la baisse des charges d’intérêts de 45 millions USD (904 millions USD de remboursement de dettes et 292 millions USD de rachat anticipé de dettes, ce qui a réduit la dette totale à 9 milliards USD) et la suppression du dividende, après qu’il a été réduit de 3 USD à 0,6 USD par action et par an, permettent de limiter les dégâts. Le chiffre d’affaires a baissé de 29,2% à 1,61 milliard USD au 3e trimestre, alors que le recul s’établit à 20,2%, à 5,54 milliards USD sur les 9 premiers mois de l’année. Le taux moyen d’occupation est retombé à 70% au 3e trimestre (76% l’an dernier), et s’élève à 75% après 9 mois (78% en 2014). Le tarif journalier moyen a reculé de 403.100 USD à 385.300 USD sur base trimestrielle, et de 405.800 USD à 394.800 USD après 9 mois. Le bénéfice net s’élevait à 180 millions USD après 9 mois, contre une perte de 1,17 milliard USD l’an dernier, alors que le bénéfice récurrent a baissé de 1,46 milliard USD à 1,12 milliard USD, soit de 4 USD à 3,06 USD par action.

Conclusion

A 0,4 fois la valeur comptable, la valorisation reflète la situation difficile de l’entreprise, mais un redressement structurel de l’action n’est pas envisageable à court terme. Nous relevons le profil de risque en raison des incertitudes croissantes, mais nous voyons Transocean jouer un rôle actif dans la consolidation du secteur qui interviendra inévitablement dans une phase ultérieure de la crise.

Conseil: digne d’achat

Risque: élevé

Rating: 1C

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